Profitons de cette Journée internationale des droits des femmes pour rendre hommage à celles qui tracent la voie de la Croix-Rouge depuis plus d’un siècle et demi.

Que se serait-il passé sur le champ de bataille de Solférino si Dunant avait crié pour mobiliser les habitants de Castiglione Tutti Sorelli, toutes sœurs plutôt que Tutti Fratelli, tous frères ? Probablement rien car le Fratelli en question, bien que masculin, englobe évidemment tout le genre humain. Indistinctement, femmes et hommes du petit village de Castiglione portèrent secours aux soldats blessés français, sardes et autrichiens abandonnés sans soin.

Le féminisme Croix-Rouge

Certes, la Croix-Rouge est une histoire d’hommes si l’on considère les cinq fondateurs du CICR : Henry Dunant, Gustave Moynier, Guillaume-Henri Dufour, Louis Appia et Théodore Maunoire. Mais c’est aussi et depuis les tous débuts, une histoire de femmes empreinte d’émancipation. Dans les sphères aristocrates et bourgeoises, la Croix-Rouge est vite devenu le fleuron laïc de ce que l’on nommait charité.

Côté peuple, les femmes sont apparues comme un vecteur révolutionnaire d’émancipation et ce, notamment grâce à l’invention du métier d’infirmière. Le premier diplôme en France date de 1879. Pour devenir infirmière, il fallait alors s’engager, quitter la ferme ou l’usine pour devenir l’indispensable maillon du bon fonctionnement des ambulances de l’avant et des hôpitaux de l’arrière. Il fallait prendre des risques, s’exposer, soigner, réconforter, consoler malades et blessés mais aussi organiser et moderniser les soins. La Première Guerre mondiale a su, si l’on puit dire consacrer le rôle de l’infirmière. Sur les trois organisations qui constituaient à l’époque la Croix-Rouge française, deux étaient quasiment exclusivement féminines : l’Union des Dames de France et l’Association des Femmes françaises.

La parité sans trop se presser

Certes, la marche fut longue. Il aura par exemple fallu pas moins d’un siècle pour que le CICR confie enfin les rênes opérationnels à une femme. Première déléguée terrain : Jeanne Egger dans le Zaïre des années 60. Aujourd’hui, le CICR annonce tutoyer la parité parmi son personnel… Bravo !

Depuis longtemps, les « clins d’oeil » historiques du blog s’intéressent aux grandes figures féminines qui firent la Croix-Rouge. Toutes, pour la plupart, sont passées à la trappe de l’oubli. Pourtant leurs parcours méritent le détour… Toutes militantes.

Quelques portraits d’engagement

La liste suivante, éclectique, est évidemment non-exhaustive tant il y aurait d’héroïnes à re-découvrir… Qui se souvient de Jeanne Macherez, « première mairesse de France » ? De Marie Marvingt, la fiancée du danger ? De l’artiste-peintre Romaine Brooks et de son modèle Ida Rubinstein pour la « France Croisée » ? De Sarah Bernhardt et de son ambulance ? De Florence Nightingale, statisticienne et infirmière ? De Joséphine Baker, du Music hall aux droits civiques, de la Croix-Rouge à la résistance ? De Bertha Von Suttner, baronne, militante pacifiste et faiseuse de Nobel ?