En mai dernier, l’OMS décrétait 2020, année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier. En cette période de pandémie hors norme, il est juste de l’élargir à tous les soignants ainsi qu’aux personnels de soutien qui, au quotidien, assurent dans des conditions très difficiles le fonctionnement des structures sanitaires. Dans ce moment de mise à l’épreuve de l’Humanité entière, voici un regard sur la féminisation du secours, la naissance des infirmières.

Il y a 150 ans, la naissance des infirmières

C’est en effet dans la deuxième moitié du XIXème avec notamment l’essor des Croix-Rouge que va se structurer la profession d’infirmière. Les sociétés de secours nationales balbutiantes, particulièrement en France avec la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM 1864, premier nom de la Croix-Rouge française) vont placer les femmes au cœur de la problématique. Le corps médical, tout entier masculin, a de plus en plus besoin d’un support expérimenté pour être assisté tant sur les champs de bataille que dans les hôpitaux. Le développement du féminisme y jouera pour beaucoup.

La première guerre mondiale, l’essor des infirmières.

Très vite après l’héroïsme pionnier de la Britannique Florence Nightingale pendant la guerre de Crimée (1853-1856) ou encore de celle de l’Américaine Clara Barton durant la guerre de sécession (1861 – 1865) les femmes vont investir le champ des secours médicaux.

Sur les 3 organisations composant la Croix-Rouge française, 2 sont tenues par des femmes

En France, c’est en 1870, après la débâcle de Sedan et le siège de Paris par les Prussiens que, pour la première fois, des femmes participent à la création d’ambulances destinées aux secours des blessés (Sarah Bernhardt par exemple !). Fruit de cette expérience, 7 ans plus tard, est créée la première école d’ambulancières et de gardes malades destinée à appuyer la SSBM.

Elle se dote en 1879 d’une organisation: l’Association des Dames françaises (ADF), la permière organisation féminine de l’histoire du pays. En 1881, une scission en son sein donne naissance à l’Union des Femmes de France (UFF) qui a pour objet : « la préparation et l’organisation des moyens de secours qui, dans toute localité, peuvent être mis à la disposition des blessés ou malades de l’armée française » (*).

Lire l’excellent dossier « Femmes, un combat pour l’engagement » de l’historienne Virginie Alauzet et Géraldine Drot de la Croix-Rouge française.

Il faudra attendre la fin de la Première guerre mondiale pour que soit enfin créé en 1923, le premier diplôme d’Etat d’infirmière.

Aujourd’hui encore, la Croix-Rouge française demeure un acteur de premier plan dans les formations du secteur sanitaire avec 19 instituts régionaux sur tout le territoire.

Clin d’oeil, voici la circulaire décrivant pour la première fois en France le métier d’infirmière.

Circulaire n° 7083 du 28 octobre 1902
« L’infirmière telle qu’on doit la concevoir est absolument différente de la servante employée aux gros ouvrages de cuisine, de nettoyage, etc. Elle est réservée aux soins directs des malades ; c’est la collaboratrice disciplinée, mais intelligente, du médecin et du chirurgien ; en dehors de sa dignité personnelle qu’il est essentiel de sauvegarder, elle doit éprouver une légitime fierté d’un état que relèvent à la fois son caractère philanthropique et son caractère scientifique. »

Et la-dite fierté se doit d’être réciproque.

Pour cette année 2020, penser à prévoir un nombre très important de Médailles Nightingale, la plus haute distinction internationale décernée au personnel infirmier.

(*) Le 7 août 1940, les trois entités répondant au même embème, SSBM, ADF et UFF seront réunies pour former qu’une seul organisation : La Croix-Rouge Française.