La Croix-Rouge a contribué, en professionnalisant le métier d’infirmière dès la fin du XIXème siècle, à l’essor du féminisme. Au-delà des héroïnes qui jalonnent quelque 160 ans d’existence de la Croix-Rouge, c’est de conquête de droits particuliers dont il s’agit, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix.
Quelques héroïnes
De la Baronne à la communarde, de l’infirmière des tranchées aux IPSA, les femmes ont fait la Croix-Rouge. En voici quelques portraits : Jeanne Macherez, « première maire de France », la quêteuse anonyme de la Commune de Paris, Marguerite Frick-Cramer, pionnière du CICR, Jeanne Egger première déléguée sur le terrain, Marie Marvingt, la fiancée du danger, Romaine Brooks et son modèle Ida Rubinstein pour la « France Croisée », Elsi et Mairi, les secouristes casse-cou de la Première Guerre mondiale, Sarah Bernhardt et son ambulance parisienne en 1870, Monowara Sarker, pionnière du Croissant-Rouge du Bangladesh en 1971, Florence Nightingale, statisticienne, infirmière la « dame à la lampe » durant la guerre de Crimée, Joséphine Baker, panthéonisée, du Music hall aux droits civiques, de la Croix-Rouge à la résistance, Bertha Von Suttner, baronne, militante pacifiste et faiseuse de prix Nobel et nobelisée elle-même ?
Féminisme sauce Croix-Rouge
Certes, la Croix-Rouge est une histoire d’hommes si l’on considère les cinq fondateurs du CICR : Henry Dunant, Gustave Moynier, Guillaume-Henri Dufour, Louis Appia et Théodore Maunoir. Mais c’est aussi et depuis les débuts, une histoire de femmes empreintes d’émancipation. Dans les sphères aristocrate et de la grande bourgeoisie, la Croix-Rouge est vite apparue comme le fleuron laïc de ce que l’on nommait charité.
Pas uniquement « la haute », le peuple aussi et surtout
Pour le pendant « côté peuple », la Croix-Rouge est apparue comme un vecteur d’émancipation -quitter la ferme ou l’usine pour devenir infirmière-. Le premier diplôme d’infirmière en France date de 1879. Dès lors, des dizaines de milliers de femmes vont se succéder pour soigner et consoler les malades et blessés mais aussi organiser et moderniser les soins et organisations des secours. La Première Guerre mondiale consacrera l’infirmière mais dès la fin du XIXème sur les trois organisations qui constituent à l’époque « la Croix-Rouge française », deux sont quasiment exclusivement féminines : l’Union des Dames de France et l’Association des femmes françaises.
La parité sans trop se presser
Certes, côté parité dans la « gouvernance » des sociétés nationales de Croix-Rouge et même du CICR, la marche fut longue. Il aura fallu, par exemple, pas moins d’un siècle pour que le CICR confie enfin les rênes opérationnelles à une femme, la première déléguée terrain, Jeanne Egger dans le Zaïre des années 60. Aujourd’hui, le CICR annonce tutoyer la parité dans son personnel… Bravo ! Il était temps. Pour ses 160 ans, l’organisation a à sa tête, une femme. Depuis octobre 2022, le 15ème président du CICR se nomme Mirjana Spoljaric.
Les IPSA ne sont pas à oublier
Les mythiques conductrices ambulancières ou encore les infirmières parachutistes secouristes de l’air (IPSA) ont marqué plusieurs générations de volontaires de la Croix-Rouge française. Voici le portrait de l’une d’elle réalisée il y a une dizaine d’années pour l’Humanitaire dans tous ses Etats, feu Rosemay de La Besse.
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