Il y a exactement 150 ans, Paris était en barricades. Les insurgés de la Commune bravèrent les troupes versaillaises de Thiers jusqu’aux impitoyables massacres de mai. La jeune Croix-Rouge était représentée dans les deux camps.

Charles Constant Albert Nicolas d’Arnoux de Limoges Saint-Saëns dit Bertall (1820-1882) ne fut pas à proprement parler un Communard ! Le prolifique et talentueux illustrateur serait plutôt à ranger du côté des Versaillais. Pour autant, celui qui signait certains de ses dessins, Tortu-Goth, a livré un témoignage singulier de son expérience de la Commune de Paris.

La quêteuse de la Commune

Le titre de l’ouvrage publié en 1871, « Les Communeux » et qui connut un certains succès l’année suivante à Londres sous le titre « The Communists of Paris » propose une compilation de « types-caractères-costumes » des hommes et femmes de l’insurrection parisienne.

Parmi les communards, croqués sans trop de méchanceté, on trouve « une citoyenne quêteuse pour les blessés de la Commune »… Elle se distingue par deux croix rouges, celle du tronc et celle qu’elle porte sur le cœur. Certes, la croix est pattée et non grecque, mais c’est bien une croix rouge !

La jeune Croix-Rouge déjà populaire

Cette illustration est assez formidable. La Croix-Rouge a à peine sept ans au moment de la Commune de Paris mais son signifiant est déjà populaire, éprouvé : il renvoie à une œuvre de secours et d’entraide.

La guerre franco-prussienne de 1870, suivie de la Commune de Paris, ont vu les premières utilisations de la jeune héraldique Croix-Rouge. Toutes renvoyaient à la protection et à l’assistance aux blessés. Henry Dunant était à Paris en 1871. Quelques légendes urbaines lui attribuent un rôle tant auprès de la Croix-Rouge française, très versaillaise, qu’auprès de Louise Michel, dont il aurait dit qu’elle le fascinait autant qu’elle l’effrayait !

A quelques jours du 8 mai où les volontaires de la Croix-Rouge française tendront à chaque carrefour le tronc traditionnel, ayons une pensée pour cette « quêteuse » anonyme… En mémoire de ce tragique mois de mai 1871, de ce « Temps des cerises » stoppé net par « la semaine sanglante ».

A lire également la note consacrée à ce qui pourrait être la première apparition sur le vif d’une ambulance Croix-Rouge.