Elsie Knocker et Mairi Chisholm ont probablement été les femmes les plus photographiées de la Première Guerre mondiale. Des infirmières de choc britanniques opérant sur le front belge, qui sauvèrent la vie à des milliers de soldats.

Dès août 1914, Elsie et Mairi sont volontaires pour le front en Belgique. Elles rejoignent le Flying Ambulance Corps du docteur Hector Munro, un neurologue écossais. Ce corps de secours est chargé de prodiguer les premiers soins sur la ligne de front et d’évacuer les blessés vers les hôpitaux de l’arrière.

 

Un chouïa casse-cou et têtes brûlées

A cette époque, Elsie est infirmière et tutoie la trentaine. Mairi, de 12 ans sa cadette, est conductrice. Les deux jeunes femmes partagent une même passion pour la mécanique et la moto…  Le docteur Murno est fasciné par les talents de pilote de Mairi. A peine sortie de l’adolescence, l’Ecossaise sillonne le front en moto, en side-car et bien sûr en ambulance. Avec Elsie, elles évacuent les blessés vers les hôpitaux de l’arrière dans la région de Gand. Des dizaines de soldats belges et français mais aussi allemands sont ainsi « stabilisés » et pris en charge. Après la chute d’Anvers en octobre 1914, l’ambulance volante se replie vers Ostende.

Le « cottage » de Pervijze

Mais, fortes de leurs premiers exploits, Elsie et Mairi sont autorisées à créer en novembre 1914 un poste sanitaire avancé dans le secteur de Pervijze, sur la voie sacrée à égale distance entre Bruges en Belgique et Dunkerque en France.

Il s’agit d’une cave transformée en avant-poste de secours. La presse vient régulièrement photographier les « Madones de Pervijze » en leur « cottage » sis à quelques centaines de mètres du front.

Poste de secours mobile

Quinze mois durant, les deux infirmières en incessantes norias entre front et hôpitaux font montre d’un courage exceptionnel. On leur attribue des milliers de vies sauvées. Au printemps 1916, sur ordre, elles doivent quitter leur sanctuaire. Femmes têtues, elles contestent, discutent, négocient et finissent par obtenir la création d’un poste de secours mobile. En fait, l’objectif est de retourner à Pervijze ! Ce qu’elles feront dès juillet. Home Sweet Home… Ramassage des blessés, soins de première urgence et évacuations sanitaires reprennent de plus belle.

A leur tour victimes

Mais en mars 1918, Elsie et Mairi sont victimes d’une attaque au gaz moutarde, la terrible ypérite. A leur tour d’être prises en charge par des secours. Elles se retrouvent dans le Grand Hôtel de l’Océan à La Panne en Belgique à 12 kilomètres du front. Le palace a été dès 1914 transformé en hôpital. Il accueillera près de 20 000 blessés durant la guerre. Parmi eux, beaucoup ont été transportés par les Madones… Elsie est la plus gravement atteinte et est renvoyée en Angleterre pour une longue convalescence.

Fin d’une amitié de cinq ans

In fine, les deux héroïnes multi-médaillées se retrouvent le 22 juin 1918 à Londres pour ne plus se revoir, brouillées à jamais. On ignore ce qui mit réellement fin et de façon aussi brutale à cette amitié de combat, à cette sororité dans le courage et l’engagement… Elsie aurait menti à Mairi à propos de son divorce puis de son mariage en seconde noce en 1916 avec le baron Harold de T’Serclaes, pilote de chasse. Mairi n’aurait été mise pas au courant…

La baronne de T’Serclaes a repris du service durant la Deuxième Guerre mondiale au sein du commandement de la Royal Air Force. Elsie, malgré les conséquences d’une septicémie, s’essaya quant à elle à la course automobile dans les années 20 avant de raccrocher et de devenir éleveuse de volailles. Les deux moururent respectivement à 93 et 85 ans.