Les images d’Epinal ne s’encombrent pas de complexité. Ainsi, Dunant demeure l’inspirateur voire le père de l’action et du droit international humanitaires… Ce n’est pas tout à fait juste.
Qui dit origine de l’action et droit international humanitaires pense forcément à Dunant, à son Souvenir de Solférino et à la création du CICR puis de la Convention de Genève en 1864. Pourtant, d’autres, tout aussi visionnaires n’eurent pas droit à la postérité. On pense au médecin italien Ferdinando Palasciano (1815-1891) et plus encore au pharmacien français, Henri Arraut (1799-1887). Ce dernier, dès 1861 avait proposé un texte de protection des blessés qui valut à Dunant le titre de plagiaire de la part de George Sand ! Allons, allons, « l’Humanitaire » était dans l’air du temps, dans le positivisme des années 60, 1860…
Un diplomate français
Mais, voilà, en chinant dans les étals des brocanteurs de la place d’Aligre à Paris, je tombe sur ce livre : « institutions du droit de la nature et des gens » par Gérard de Rayneval, 1832. Maximilien Gérard, Comte de Rayneval (1778-1836) a épousé, comme son père, la grande carrière diplomatique. Il sera ambassadeur de France en Prusse, en Suisse, en Autriche et en Espagne.
Le principe d’Humanité
Le diplomate, sous la Restauration commence la rédaction d’un traité pour moitié consacré à la guerre, à ses victimes et à sa conduite. Il a lu Hugo Grotius (1583-1645), pour sûr, mais développe des concepts sur la neutralité ou encore sur le principe de l’Humanité, principe faîtier de l’action et du droit international humanitaires, que l’on retrouvera au coeur des réflexions de Dunant et de ceux qui, au nom du tout jeune CICR, préparèrent la Convention de Genève de 1864.
(…) il est évident qu’on ne peut faire autre chose à leur égard que de prendre les mesures nécessaires pour les empêcher de nuire, ou de rejoindre l’ennemi, et qu’on doit se conduire envers eux avec humanité. (…)
« (…) Le droit de faire périr un homme de guerre cesse aussitôt qu’il est désarmé ».
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