Trois mois s’achèvent d’un impitoyable conflit au Soudan, particulièrement dans la capitale, Khartoum, et au Darfour dans l’ouest du pays. Le bilan est lourd avec des milliers de victimes directes des hostilités. Les conséquences humanitaires de la violence continuent également à se traduire par des déplacements massifs de population.

Plus de deux millions de personnes ont été forcées à fuir, abandonnant tout derrière elle, pour échapper aux combats et se presser aux frontières de l’Egypte, au Nord, du Tchad, à l’Est et du Soudan du Sud. Le besoins humanitaires, déjà énormes, continuent d’aller grandissant.

Respecter la population civile et les infrastructures vitales

Le CICR, intermédiaire neutre dans les conflits armés mène un dialogue confidentiel avec les deux parties. Pour Martin Thalmann, chef des opérations du CICR au Soudan, « Les civils et les infrastructures essentielles ne doivent pas être pris pour cible et doivent être protégés en tout temps. Le personnel humanitaire doit obtenir des garanties de toutes les parties au conflit pour accéder aux zones concernées et y apporter une assistance vitale. Il s’agit là d’une condition indispensable pour pouvoir distribuer des fournitures essentielles aux hôpitaux, acheminer de l’eau potable et rétablir l’électricité. »

Système de santé exsangue

Autre conséquence dramatique du conflit, l’effondrement du système de santé dans les zones de combat. 80% des structures de santé, de l’hôpital au simple dispensaire ne sont plus en mesure de fonctionner. Outre la prise en charge des blessés, il est devenu impossible de traiter les patients, notamment ceux traités pour des maladies chroniques.

Bilan des opérations CICR

CICR et Croix-Rouge soudanaise poursuivent depuis le 15 avril dernier leurs opérations de part et d’autres des lignes de front. Voici un bilan montrant tout la palette des activités d’assistance et de protection actuellement mises en œuvre.

Depuis que les combats ont éclaté le 15 avril dernier, le CICR a :

  • évacué 301 enfants et 72 employés de l’orphelinat Mygoma, à Khartoum, pour les mettre en sécurité à Wad Madani ;
  • distribué du matériel chirurgical pour soigner plusieurs centaines de blessés graves à 10 hôpitaux de Khartoum et de ses environs, ainsi qu’à 4 hôpitaux du Darfour et à 6 d’autres régions du Soudan ;
  • déployé une équipe chirurgicale à Abéché, dans l’est du Tchad, pour prendre en charge les personnes blessées par balle arrivant du Soudan voisin en quête de sécurité et de soins médicaux ;
  • fourni à plusieurs centres médicaux des médicaments permettant de couvrir les besoins en soins de santé primaires de quelque 10 000 personnes ;
  • distribué, en collaboration avec le Croissant-Rouge soudanais, des assortiments de produits d’hygiène à plus de 400 familles déplacées à Wad Madani ;
  • facilité quelques 2600 appels téléphoniques entre membres de familles dispersées ;
  • facilité, en sa qualité d’intermédiaire neutre et à la demande des parties au conflit, la libération de 125 détenus, dont 44 blessés, et leur transfert du centre de Khartoum vers Wad Madani, ainsi que la libération de 14 autres détenus à El Fasher ;
  • fait don de neuf tonnes de chlore au service des eaux de Khartoum pour traiter l’eau et la rendre potable ;
    fourni des sacs mortuaires, des équipements de protection individuelle (gants, masques, blouses, combinaisons), du désinfectant et du carburant au Croissant-Rouge soudanais à Khartoum afin que ses volontaires puissent continuer à se charger de la récupération et de l’identification des dépouilles des victimes dans la capitale ;
  • remis 33 trousses de premiers secours à la section de Khartoum du Croissant-Rouge soudanais pour permettre à ses volontaires de soigner des personnes souffrant de blessures légères.

Présent au Soudan depuis 1978, le CICR vient en aide aux personnes touchées par le conflit dans les régions du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan Sud. Les activités qu’il mène actuellement à travers le pays, seul ou en coopération avec le Croissant-Rouge soudanais, consistent entre autres à fournir aux hôpitaux et autres structures de santé du matériel et des articles médicaux, à améliorer l’accès de la population à l’eau potable en collaboration avec les services des eaux locaux, et à aider les autorités à répondre aux besoins en réadaptation physique des personnes handicapées. À l’heure actuelle, des équipes du CICR sont présentes à Khartoum, à Wad Madani, au Darfour, à Port-Soudan, à Kassala et à Damazine.