La troisième semaine du festival international du photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’Image, est traditionnellement consacrée aux scolaires. Cette année, quelque 20 000 élèves, des classes primaires aux BTS Photo, se croisent dans le Couvent des Minimes ou s’organisent visites d’expos commentées et débats avec les photographes.
La plupart des élèves sont de la région mais certains viennent de beaucoup plus loin ; Cambrai par exemple – à peine 14 heures d’autocar ! Ce groupe nordiste était déjà cet été aux Rencontres de la photographie de Arles. Ils m’ont confirmé avoir visité la grande expo du Musée international de la Croix-Rouge, « Un monde à guérir ». C’est à ce genre de parcours estival que l’on mesure la passion tant des étudiants que des enseignants !
Mais pour l’heure, dans le Couvent des Minimes, ahuri de semaines de records de chaleur, l’ambiance est autant bruyante et joyeuse que studieuse. Une façon de réussir la rentrée des classes…
La nécessaire éducation à l’image
« La semaine des scolaires », coordonnée par le Centre International du Photojournalisme, demeure une belle opportunité pour l’éducation à l’image pour des gamins noyés dans un flot continu et profus d’images et d’informations de tout ordre.
Ici, dans le déambulatoire du Couvent de Minimes, j’essaye de commenter l’exposition lauréate 2022 du Visa d’Or du CICR de Sameer Al-Doumy, « les Routes de la mort ». Je suis le seul des sept intervenants à ne pas être l’auteur de l’exposition proposée. Je n’en suis que l’organisateur. Pour autant, cet exercice de commentaire invite les élèves à réfléchir et réintroduire le temps comme facteur nécessaire pour la lecture d’une image ou la compréhension d’une histoire.
Le parcours singulier Sameer Al-Doumy
Le remarquable reportage de Sameer Al-Doumy – deux ans de travail pour 30 images exposées – suggère beaucoup de questions de la part des élèves mais aussi de leurs enseignants tant pour les « Routes de la mort » que par celles empruntées par le jeune photojournaliste syrien devenu français. Sameer est aujourd’hui correspondant pour les Hauts de France de l’AFP. Quel parcours ! Lors du moment consacré au débat fusent les questions tant sur le photojournalisme que sur l’humanitaire, l’action et le droit.
Empathie, indignation, impuissance mais aussi responsabilité…
La « semaine des scolaires » et l’intérêt des élèves, parfois très jeunes, montrent à quel point est importante l’éducation à l’image. Au-delà de ce qui lie le public à une victime via la photo – l’empathie, l’indignation, la colère, le dégoût ou l’impuissance – il est un sentiment souvent oublié : celui de responsabilité. Il est presque autant de photos de guerre que de violation du droit international humanitaire. On ne tire pas sur l’ambulance, on ne bombarde pas des zones densément peuplées, on n’attaque pas la population civile, etc…
Alors oui, ces images montrent des violations et interpellent la responsabilité. Celle-ci puise sa racine dans l’article premier commun aux quatre Conventions de Genève protégeant les plus vulnérables dans les conflits armés : « Les hautes parties contractantes s’engagent à respecter et à faire respecter en toute circonstance le droit international humanitaire ». Encore faut-il le savoir.
Sensibiliser le plus grand nombre au droit international humanitaire
Une introduction au Droit international humanitaire et aux principes fondamentaux des règles de la guerre devrait être proposée dans les collèges et lycées mais aussi dans les écoles de journalisme. A l’aune des nombreuses rencontres faites à Visa pour l’Image et des questions des scolaires, la demande de sens apparaît de plus en plus importante pour absorber la violence du monde qui nous parvient en un flot incessant, tant par les médias que les réseaux sociaux.
Tenter de mettre du sens
Le Droit international humanitaire peut aider à mettre du sens, à donner une direction. Quant au sentiment de responsabilité, il rappelle à chacun d’entre nous, qu’en nos noms, finalement, les Etats ont signé des textes dans lesquels « ils s’engagent à respecter et à faire respecter, en toute circonstance », etc, etc.
Les photographes participant à la semaine des scolaires :
Jean-Claude Coutausse, Lucas Barioulet, Valério Bispuri, Elena Chernychova, Maéva Bardy, Tamara Saade.
En guest non photographe, ma pomme ; le tout sous les auspices de Jean-François Leroy, directeur fondateur de Visa pour l’Image qui, depuis 34 éditions, porte haut et avec passion le photojournalisme.
Jai une vision de VISA qui me fait dire, pour le public venue au soirée, venu voir les expos, les photographes du Monde Entier venu, les scolaires, et bien sur l’homme qui a sur ces bras l’historique de VISA J F Leroy, tout cela fait l’histoire du Monde de la vie, de la peur, un vrai travail de fond.
merci a Tous
Jean-Marie Artozoul
( bravo a tous les scolaires qui aurons vue le Monde tel qu’il est)