Si la route des vacances vous rapproche de la Camargue, faites un saut à Arles. « La petite Rome des Gaules » accueille depuis 53 ans les « Rencontres de la photographie », un must pour passionnés. Le Musée international de la Croix-Rouge y propose jusqu’au 25 septembre, une formidable exposition : « Un monde à guérir » ; patchwork de 600 photos tirés de la mémoire de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Arles, c’est une histoire, une longue histoire, romaine et médiévale bien sûr mais Arles, c’est aussi une lumière, celle de Vincent Van Gogh évidemment ; lumière qui sut chavirer bien des artistes,  photographes ou non.

Créées en 1970, les « Rencontres de la photographie de Arles » accueillent cet été quelque 160 artistes et proposent une quarantaine d’exposition à travers la ville.

La guerre mise en abyme

Parmi elle, « Un monde à guérir », l’exposition du Musée international de la Croix-Rouge, créée à Genève l’an passé. 600 images couvrant plus de 160 ans de saga humanitaire ! Cette expo tient plus de la plongée que de la visite. On y  surnage avec le risque de se faire submerger. 160 ans de « gouttes d’humanité dans des océans d’horreur ». La citation est empruntée à Philippe Gaillard qui résumait ainsi l’action de son équipe CICR au Rwanda durant le génocide. Cette « goutte d’eau » là permit de sauver 80 000 personnes.

Fred Joli – CICR

La geste humanitaire

L’histoire a retenu les guerres, moins la geste humanitaire. Elle est contemporaine de la photographie. Toutes deux sont nées au mitan du XIXème siècle. Les inventeurs de l’humanitaire comprirent très vite l’intérêt de documenter leurs actions et de montrer la guerre pour ce qu’elle est. Quant aux photographes, exposer les victimes fut de tout temps perçu comme une nécessité.  La profusion de photos exposées à Arles témoigne de cette relation à travers les décennies.

Fred Joli – CICR

« Guérir », le soin certes mais aussi le droit

« Un monde à guérir » est un hommage aux sauveteurs et donc aux victimes.  Ce titre renvoie au côté ancilaire du secours. Prendre soin. Mais « guérir » évoque également la protection des victimes que confère le droit international humanitaire. Le CICR, inventeur, auteur et gardien des Conventions de Genève a offert aux Etats la possibilité de rester humain dans les conflits, « d’humaniser la guerre », selon la formule oxymore. Tous les Etats ont accepté ces Conventions. En les signant, ils « se sont engagés à les respecter et à les faire respecter en toute circonstance ». Dans la plongée en apnée que propose l’exposition « Une monde à guérir » on mesure à quel point les Etats se trouvent hors la loi. Mais tel Sisyphe roulant sa pierre, l’humanitaire poursuivra l’effort que des photographes et autres faiseurs d’images continueront de documenter pour nous indigner et parfois nous submerger.

Découvrez les archives photos et audiovisuelles du CICR. Attention, trésors !

Les questions à se poser en visitant l’expo…

Fred Joli – CICR

 

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