En 1800, lors des guerres de la Révolution française, un général, Moreau et un chirurgien militaire, Percy, proposent à l’adversaire autrichien une convention sur le sort des soldats blessés… Le brouillon de la première Convention de Genève !

Une modeste rue de Paris dans le XIIème arrondissement porte le nom de Moreau, sans plus d’indication. Non, il ne s’agit pas d’un hommage aux trois frères sculpteurs qui firent les beaux jours de la Belle Epoque. Non, la rue honore un général révolutionnaire français, Jean-Victor Moreau (1763-1813). Il reçut le titre posthume de Maréchal en 1813, mais n’est pas pour autant devenu l’un des boulevards ceinturant Paris !

Moreau et Percy

Jean-Victor Moreau

Pierre-François Percy

Il l’eût pourtant mérité, tant à titre militaire qu’… humanitaire. Figurez-vous, que Moreau est l’auteur, à l’instigation du Baron Percy (1754-1825), chirurgien en chef des armées révolutionnaires puis de l’Empire, d’une convention sur la neutralité des blessés militaires. Celle-ci ressemble beaucoup à celle que le CICR portera bien plus tard devant les Etats.

L’Armée du Rhin bat les Autrichiens

L’histoire se déroule en 1800. La France combat la Deuxième coalition (1798-1801) qui entend contenir la Révolution, abattre la République et restaurer la monarchie. Parmi les Etats coalisés, l’Autriche. A la tête de cette armée, un vieux baron, Pàl Kray de Krajova et Topolya (1735-1804) qui, en mai et juin 1800, se fait étriller à cinq reprises par Jean-Victor Moreau. Moreau, le commandant de l’Armée du Rhin, imposera l’armistice au Baron autrichien le 15 juillet.

La neutralité des blessés

Quelques mois aupravant, en avril 1800, Bonaparte, Premier consul donne l’ordre à Moreau de franchir le Rhin et d’entrer en campagne contre Kray. Le général français propose alors à son adversaire autrichien de signer un engagement sur la neutralité et la prise en charge des blessés sur le champ de bataille.

Kray la refuse.

La « Convention du Rhin » sur le sort du blessé en campagne

La Convention proposée par Moreau et Percy tient en 5 points essentiels qui se retrouvent dans la Première Convention de Genève que le CICR proposera aux Etats en 1864… :

« Voulant diminuer autant que possible les malheurs de la guerre et adoucir le sort des militaires dans les combats », disait le projet, « les deux généraux sont convenus des articles suivants :

  • Les hôpitaux seront considérés comme asiles inviolables.

  • La présence de ces hôpitaux sera indiquée afin que les troupes les connaissent parfaitement.

  • Chaque armée est chargée de l’entretien de ses hôpitaux, même après avoir perdu le pays où ils existent.

  • Les armées favorisent réciproquement le service des hôpitaux militaires dans les pays qu’elles viendront occuper.

  • Les militaires guéris seront renvoyés à leur armée respective, avec escorte et sauvegarde. »