La médicalisation de l’avant est née sur les champs de bataille comme la Croix-Rouge, mais soixante-dix ans auparavant. Elle reste l’oeuvre de deux illustres chirurgiens militaires français, Percy et Larrey, tous deux au service de Bonaparte puis de Napoléon 1er.

On connait le baron du Münchausen chevauchant un boulet pour atteindre la lune. On connait moins les médecins de l’avant chevauchant une « saucisse » pour relever les blessés sur le champ de bataille. Et pourtant, c’est bien ainsi que commence la saga des évacuations sanitaires d’urgence.

Percy, aller simple

Celle-ci commence en 1799. Le baron Pierre-François Percy, chirurgien en chef des armées révolutionnaires, a l’idée de reconvertir de longs caissons à munition tractés par des chevaux en un coffre à pharmacie et matériel d’amputation. Le premier « Würtz » sanitaire, « saucisse » en allemand, est né. Médecins et chirurgiens se tiennent à califourchon, direction, la prise en charge des blessés à même l’endroit où ils sont tombés. La médicalisation de l’avant, doctrine de secours très française, est née. Le Würtz est bien l’ancêtre du SAMU !

Larrey, aller ET retour !

Techniquer des blessés lourds est une chose, les évacuer en est une autre. Les chances de survie d’un polytraumatisé à califourchon sur un würtz étant égales à zero, il fallut régler le problème du retour. C’est à un autre Baron, chirurgien en chef de Napoléon 1er, Dominique-Jean Larrey, que nous devons les premières ambulances volantes, susceptibles d’évacuer 2 blessés couchés à la fois vers un hôpital de l’avant, au plus près des lignes. Larrey était un chirurgien talentueux et novateur, expert de l’amputation rapide qui offrait plus de chances de survie. Les amputations qu’il a mises au point sont toujours enseignées, comme celle « des trois découpes » circulaires rapides qui forment un moignon en cône inversé s’adaptant bien aux jambes de bois et limitant les risques d’infection et de gangrène.

La Croix-Rouge en complément

Il faudra attendre plus de 60 ans pour que les ambulances se distinguent sur le champ de bataille comme inviolable en arborant une croix rouge sur fond blanc. La France adopta cette protection pour son service de santé des armées dès 1864, en adhérant à la première Convention de Genève sur le sort du soldat blessés en campagne. La deuxième moitié du XIXème siècle vit alors fleurir pléthore d’inventions, parfois comiques, sensées améliorer secours d’urgence et transport sanitaire. Comme cet OSNI, Objet de Secours Non Identifié, sensé faciliter le ramassage des blessés en 1914. Le projet ne vit jamais le jour.