En Amérique latine, avec l’arrivée du mois de novembre, les habitants se mettent au rythme del Dia de los Muertos (jour des morts) pour honorer leurs défunts. Conviviale, cette tradition séculaire, mêlant rituels préhispaniques et modernes est très importante et s’appuie sur la croyance que les morts sont toujours connectés aux vivants et font même partie intégrante de la société.

Cette année, la célébration s’est déroulée dans un silence étrange en raison de la pandémie de Covid-19. D’ordinaire, les cimetières sont envahis par les familles – y compris celles qui ne disposent pas de sépultures sur lesquelles se recueillir. Il s’agit de milliers de familles, dont les proches sont portés disparus en relation avec un conflit.

Pourquoi accordons-nous une telle importance aux défunts ? Pourquoi nous efforçons-nous de leur garantir un lieu de repos digne ? Je pense que l’importance que nous accordons aux morts reflète l’essence même de notre humanité.

Oran Finegan, chef de l’Unité forensique du CICR

A défaut de pouvoir respecter les rites traditionnels, les familles ont malgré tout rendu hommage à leurs défunts, comme elles ont pu. Témoignages au Mexique, au Pérou et au Guatemala avec des familles dont les proches ont disparu au cours de conflits armés passés et présents.

Pendant la guerre civile, l’armée a recruté le père et le mari de Rosalina. À ce jour, elle et sa famille ne savent toujours pas où se trouvent leur corps mais poursuivent leurs recherches. En attendant, elle décore les tombes où reposent les corps de 220 victimes du conflit armé, retrouvés par des anthropologues légistes. Daniele Volpe / CICR

Luis Pedro Domínguez Rosales et Erick Raúl García Quinones sont délégués au CICR. Masqués, ils assistent à la cérémonie d’hommage d’un homme porté disparu en 1982 au Guatemala. Ses restes n’ont été retrouvés que 21 ans plus tard et identifiés grâce à un test ADN que 32 ans après sa disparition. Daniele Volpe / CICR

Carmen et sa petite-fille se recueillent devant la plaque commémorative où sont inscrits les noms des personnes dont les corps ont été retrouvés dans un ancien camp militaire en 2003. La plupart des dépouilles n’ont pas été identifiées. Parmi elles, le mari de Carmen, Felipe Poyón. Daniele Volpe / CICR

Préserver la dignité des personnes, mortes ou vivantes

Dans les régions qui subissent la violence armée ou les conflits, le CICR dialogue avec les gouvernements afin que les dépouilles puissent être inhumées dans la dignité.

Le respect des dépouilles mortelles est inscrit dans le droit international humanitaire et le droit pénal international. Le droit des familles à faire leur deuil, de se rendre sur les lieux de sépulture et, d’une manière générale, de procéder aux inhumations conformément à leurs croyances, a également été reconnu par les cours et tribunaux internationaux des droits de l’homme.

L’Unité forensique du CICR oeuvre à promouvoir une gestion digne des dépouilles. Elle rappelle par ailleurs aux acteurs concernés la nécessité d’identifier les personnes décédées ainsi que de rendre leur dépouille à leur famille.