Que nous soyons pro ou anti foot nous sommes tous protégés par le droit international humanitaire (DIH) en cas de conflit armé. « Foot – DIH », sacré grand écart ! Pas tant si l’on considère que tout jeu a ses règles. Le foot les siennes. La guerre, les Conventions de Genève. En 1998, au Libéria déchiré par d’impitoyables conflits armés, le CICR avait tenté avec audace le parallèle.
En 1998, le Libéria connaît une accalmie, année charnière entre deux effroyables guerres civiles, impitoyables. Plus de 200 000 morts.
Le CICR y déploie depuis 1990 sa palette opérationnelle, de l’assistance aux populations à la visite aux détenus, du soutien aux infrastructures de santé à la diffusion auprès des combattants des principes les plus élémentaires du droit international humanitaire. C’est de ce chapitre dont il est ici question : La sensibilisation aux règles de comportement de tout combattant.
Guerre et pieds
« Le football est le sport le plus pratiqué au monde. Nous avons fait un parallèle entre les règles qui organisent le jeu et celles qui organisent toute société y compris en temps de guerre », expliquait en mai 1998, Roland Sidler. « Si les règles de base ne sont pas respectées, c’est le chaos total ! Pour qu’elles soient respectées, il faut pouvoir toucher le public le plus large possible ».
De cette idée simple va naître l’un des plus singuliers matchs de football… Une sorte de mini coupe de l’Humanité jouée le 31 mai 1998 alors que la planète football se prépare à un mois de « Ola » qui verra la France consacrée le 12 juillet 1998.
Au foot comme à la guerre
Imaginez le stade de Monrovia malgré la guerre civile, imaginez la rencontre. L’arbitre se saisit du ballon et court marquer un but. Imaginez le public interloqué. Et puis George Weah, le plus célèbre des Libériens qui entre sur la pelouse…
Star internationale du football, Ballon d’or 1995, l’attaquant, à l’époque, du Milan AC s’est laissé convaincre par Roland Sidler de participer à ce match. La tête d’affiche est à la hauteur du désarroi des 15 000 spectateurs médusés.
Le message de George Weah
Alors, après une vingtaine de minutes d’un jeu aussi incompréhensible que burlesque, George Weah prend la parole. En substance : « Au foot comme à la guerre, des règles sont nécessaires. On ne peut faire n’importe quoi. Respectez civils et blessés, soignants et humanitaires font parties de ces règles ». Le message est passé, simple, clair, évident. Le match reprend, ce coup-ci dans l’orthodoxie des règles du jeu. George Weah – qui ignore sûrement qu’il deviendra vingt ans plus tard président du Libéria – quitte la tribune, entre sur le terrain, joue et marque. Le public n’est que clameur.
CICR & foot
« J’espère que ce projet-là puisse être repris ailleurs » commentait à l’issue du match, Roland Siedler ».
A notre connaissance non et c’est dommage. Le Match de Monrovia demeure unique dans les annales. Pour autant, le CICR a continué à s’intéresser au monde du football comme vecteur d’influence. En atteste la campagne actuelle avec le footballeur français, champion du monde en 2018, Blaise Matuidi pour promouvoir le respect de la mission médicale en période de conflit armé.
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