« L’hiver est synonyme de cauchemar. Quand il pleut, la toiture fuit. Je passe la nuit entière à changer les couvertures mouillées pour garder mes enfants au chaud ». Samarat est une mère courage de sept enfants. A Gaza, elle et son mari tentent de construire un avenir meilleur pour leurs enfants, mais difficile quand la précarité et le manque d’accès aux services de base viennent perturber les nuits et les journées de cette famille.

Les maisons et les rues sont régulièrement inondées depuis le début de l’hiver. A Gaza, les infrastructures (réseaux d’égouts et de drainage) ne sont pas en capacité de réguler les  intempéries. Les problèmes d’approvisionnement en électricité exacerbent encore davantage les risques posés par les récentes pluies diluviennes.

Comme de nombreux autres Gazaouis, Samarat n’a que très peu de moyens pour faire face à l’hiver. Cette jeune femme de 29 ans originaire du quartier d’al-Zaitoun vit avec sa famille dans une petite maison délabrée qui leur a été donnée. « Avant, nous louions un appartement mais mon mari ne pouvait plus payer le loyer. Alors le propriétaire nous a mis dehors », explique Samarat.

Baker, le regard vide, avec son fils Siraj, le regard amusé par les flammes, assis autour du feu pour se réchauffer.

Baker, le regard vide, avec son fils Siraj, le regard amusé par les flammes, assis autour du feu pour se réchauffer. Atia Darwish/CICR

Baker, le mari de Samarat, possède une charrette avec laquelle il aide les gens à transporter leurs courses du marché jusqu’à chez eux contre un peu d’argent. Le revenu mensuel de la famille ne dépasse pas les 50 shekels (environ 14 euros). Avec ce faible revenu, ils ne peuvent pas se permettre d’avoir accès à l’électricité ou au gaz. Baker a donc vendu leur réfrigérateur et leur four.

La famille de Samarat assise autour du feu pour se réchauffer durant l’hiver.

La famille de Samarat assise autour du feu pour se réchauffer durant l’hiver. Atia Darwish/CICR

Aujourd’hui, le feu de bois est le seul moyen pour cuisiner, chauffer l’eau pour se laver et garder les enfants au chaud.  Samarat confie toutefois avoir peur que les tisons causent un incendie. Elle en a perdu le sommeil.

A Gaza, 80% des habitants ont en moyenne accès à 10 à 12 heures discontinues d’électricité par jour. Au-delà des besoins du quotidien des familles, de nombreux services de base dépendent de l’électricité comme l’approvisionnement en eau, le traitement des eaux usées et les services de santé. Tous ces systèmes sont interconnectés. L’un ne fonctionne pas, d’autres commencent à arrêter de fonctionner également.

« L’absence d’améliorations et de solutions sur le long terme crée de la frustration et un sentiment d’impuissance. Les Gazaouis ont besoin d’une lueur d’espoir. Ils ont besoin de perspectives d’avenir », explique Mirjam Müller, cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge à Gaza. Elle ajoute : « Le processus pour importer des marchandises à Gaza est souvent long et compliqué, ce qui pose des problèmes au bon fonctionnement des infrastructures essentielles. Nous saluons les récentes mesures prises par les autorités israéliennes pour faciliter ce processus. Nous espérons que cela permettra d’assurer de meilleurs services aux habitants de Gaza. La population doit pouvoir vivre dans la dignité et subvenir à ses besoins essentiels. »

Pour soulager les difficultés des habitants durant l’hiver, le Croissant-Rouge palestinien, avec le soutien des partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a fourni à environ 500 ménages vulnérables des articles de première nécessité, à savoir des bâches, des ustensiles de cuisine, des matelas, des couvertures et des réchauds.

Les enfants du quartier jouant entre les flaques d’eau de pluie dans les rues d’al-Zaitoun.

Les enfants du quartier jouant entre les flaques d’eau de pluie dans les rues d’al-Zaitoun. Atia Darwish/CICR