Somalie, Yémen, Jordanie… en quelques années, la famille ne cesse de se déplacer pour fuir la guerre dans un premier temps puis pour offrir une vie meilleure à leurs enfants. Un jour, le père décide de partir seul en Egypte. Il disparait. Hasan raconte cette épopée et ses épreuves.

Lorsque la famille décide de fuir la Somalie, déchirée par la guerre, Hasan n’a que 8 ans. Les deux parents, accompagnés de leurs trois enfants trouvent refuge au Yémen. Les mois se transforment peu à peu en années et la famille s’agrandit avec l’arrivée de nouveaux enfants. Au fil des années, leurs conditions de vie se détériorent et l’espoir d’un retour prochain s’éloigne.

En 2012, la famille décide de s’exiler en Jordanie pour permettre aux enfants de grandir dans un environnement plus sûr. Bien que ce déménagement et ce nouveau départ n’aient pas été simples, Hassan l’affirme : « pendant deux ans, nous nous en sommes bien sortis ».

Mais un jour, au début de l’année 2015, le père d’Hasan, qui a toujours eu à l’esprit que quelque chose de mieux attendait sa famille, décide de partir en Egypte, à la recherche de nouvelles opportunités. « C’est la dernière fois que je l’ai vu. Ensuite il a complètement disparu » se désole Hassan.

Après le départ du père d’Hasan, la mère de famille se retrouve seule, à s’occuper de sept enfants et avec toutes les responsabilités qui incombent aux chefs de famille. La famille dépend alors entièrement de l’aide et des dons d’organisations et des épiceries voisines. Au total, ils reçoivent environ 400 dollars par mois, dont la moitié part directement dans le loyer de la maison.

« Ma mère gérait tout à la maison, nos dépenses, nos vies. Malgré nos faibles rentrées d’argent, elle a pu envoyer mes plus jeunes frères et sœurs à l’école » avant de poursuivre « de mon côté, j’ai choisi de rester à la maison pour la soutenir ».

Aîné de la fratrie, le jeune Hasan tente de combler l’absence du père pour ses frères et sœurs, mais pas un seul jour ne passe sans qu’il espère un miracle pour que leur vie s’améliore.

Cinq années après la séparation, la famille reçoit un appel inattendu… d’Italie. Il s’agit du père de famille qui a enfin réussi à retrouver la trace de sa famille restée en Jordanie. Les vœux d’Hasan sont enfin exaucés, son père est bien vivant.

Dès lors, Hasan et sa mère contactent le CICR pour être soutenus dans leurs démarches de réunification. Dans le cadre du programme de rétablissement des liens familiaux (RLF), le CICR assure le suivi de leur cas et aide la famille à organiser et à gérer tous les documents nécessaires pour qu’ils puissent enfin retrouver ce père qui leur manque tant en Italie.

Le CICR leur a fourni un « document de voyage d’urgence », appelé aussi l’Emergency Travel Document (ETD). Ce document est fourni à des fins humanitaires aux demandeurs d’asile, réfugiés, migrants vulnérables ou apatrides qui ne possèdent ni passeport ni aucun autre document de voyage reconnu et qui ne peuvent retourner dans leur pays d’origine ou de résidence, ni se rendre dans un pays offrant l’asile permanent ou temporaire. Vous l’aurez compris, ce document n’est délivré qu’en dernier recours lorsque les autorités ne peuvent fournir d’autres documents de voyage.

Un peu d’histoire sur l’Emergency Travel Document :
En 1945, de nombreux prisonniers de guerre et internés – libérés sans papiers d’identité – se tournent vers le CICR pour obtenir de l’aide. Ils cherchent à obtenir un document à présenter aux autorités en vue de leur rapatriement. C’est alors que l’Emergency Travel Document voit le jour. Depuis 1945, environ 600 000 réfugiés, déplacés et apatrides ont pu rejoindre leur pays de destination grâce à ce document et grâce à la collaboration et la compréhension des autorités gouvernementales concernées.

« Pour nous, l’année 2020 c’est l’année où nos vies ont changé à jamais. J’ai tellement hâte du jour où l’on pourra retrouver notre père. Grâce au CICR, je peux désormais espérer une vie meilleure pour mes frères et sœurs et pour ma mère aussi. » explique Hasan les larmes aux yeux. « La première chose que je souhaite, c’est obtenir des diplômes scolaires et ensuite devenir footballeur professionnel célèbre. »