La guerre fait rage au Soudan du Sud depuis 2013. Les civils continuent d’en payer un lourd tribut, malgré la signature en septembre 2018, d’un accord de paix. En dépit des contraintes imposées par la pandémie de Covid-19, la Croix-Rouge du jeune Etat et le CICR assistent les populations parmi les plus vulnérables. Les dernières flambées de violence n’ont fait qu’aggraver la situation. Voici une vue d’ensemble des actions menées par le CICR entre janvier et juillet 2020 dans le pays :

Les dernières statistiques des Nations Unies* indiquaient que 1,76 million de Sud-Soudanais avaient été contraints de fuir leur foyer pour échapper à la violence (sans toutefois traverser les frontières de leur pays). A toutes ces personnes, privées de leurs moyens de subsistance, le CICR tente d’apporter un soutien. Entre janvier et juillet 2020 :

  • 389 404 personnes ont reçu des graines (céréales et légumes) ainsi que des outils agricoles afin de pouvoir cultiver à nouveau des terres et subvenir aux besoins alimentaires de leur famille.
  • 235 291 têtes de bétail ont été vaccinées, appartenant à pas moins de 45 984 agriculteurs. Grâce à la vaccination, les risques d’épidémie diminuent. Cela permet à la communauté pastorale de conserver sa principale source de revenus : son bétail.
  • 28 kits de matériel vétérinaires ont aussi été distribués à des agents communautaires dédiés à la santé animale.
  • 107 964 pêcheurs ont reçu du matériel de pêche pour reprendre ou maintenir une activité professionnelle.

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Rumbek. Maintenir le bétail en vie et en bonne santé est vital au Sud Soudan. Dès qu’ils sont informés, les éleveurs de bétail amènent leurs vaches sur le site de vaccination prévu par le CICR / CICR, Florian Seriex, février 2020

Améliorer l’accès aux soins de santé

Bien qu’en situation de conflit, le Soudan du Sud manque cruellement de personnel soignant, notamment de médecins. Selon les Nations Unies, il y a 1 médecin pour 65 000 habitants. En comparaison, dans un pays en paix comme l’Espagne, on compte 1 médecin pour 250 personnes. Face à cette réalité, le CICR intensifie ses actions pour mener des consultations médicales, notamment dans les endroits reculés, et pour prendre en charge les blessés en lien avec le conflit.

  • 200 159 consultations médicales (organisées dans un hôpital et 22 centres de santé primaires soutenus par le CICR) ont été menées au cours des six derniers mois.
  • 324 blessés par balle ont été pris en charge par les unités chirurgicales soutenues par le CICR.
  • 201 blessés ont été évacués par voie aérienne pour leur permettre d’accéder à des centres de soins.

Rendre l’eau potable accessible

Essentielle à la vie, l’eau bénéficie d’une protection spéciale en droit international humanitaire**. Pour permettre aux populations d’avoir accès à une eau potable et éviter la propagation de maladies :

  • 200 000 personnes ont vu leur accès à l’eau amélioré grâce à la construction de nouveaux points d’eau, à l’amélioration des points existants à la formation de comités de gestion de l’eau et de mécaniciens.

Remettre en contact les membres de familles séparées par le conflit

Lorsque des membres d’une même famille sont séparés par un conflit ou une catastrophe, l’impossible est tenté pour établir où ils se trouvent, rétablir le contact entre eux et, si nécessaire, les réunir. Comme dans les autres conflits, c’est ce que fait le CICR au Soudan du Sud :

  • 55 437 appels téléphoniques ont pu se faire entre des membres d’une même famille séparés par le conflit.
  • 76 personnes vulnérables, incluant des enfants, ont pu être retrouver leur famille après avoir été séparés à cause de la guerre.

Leer. Une bénéficiaire appelle un proche grâce au programme de rétablissement du lien familial du CICR / CICR, août 2018

S’assurer que les détenus sont traités avec dignité

Par les Conventions de Genève, le CICR a reçu le mandat de visiter les prisonniers de guerre et les internés civils en période de conflit. Ces visites ont pour but de garantir que les détenus sont traités avec humanité et de dialoguer avec les autorités pour améliorer les conditions de détention.

  • 5 000 détenus ont reçu la visite du CICR au Soudan du Sud entre janvier et juillet 2020. Par ailleurs, un dialogue avec les autorités a été engagé concernant les conditions de détention. Le CICR a également aidé les autorités détentrices à améliorer les conditions de détention des prisonniers par la distribution de nourriture et autres articles essentiels à la vie, par l’offre de formation et par un meilleur accès aux soins de santé et à l’eau.

Déploiement d’une réponse face à la pandémie de Covid-19

Au-delà de ces actions humanitaires spécifiques à un contexte de conflit, le CICR a dû s’adapter pour se préparer et répondre aux besoins liés à la pandémie de Covid-19. Sur les six premiers mois de l’année :

  • 900 volontaires de la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont été soutenus dans la diffusion des messages de sensibilisation aux mesures sanitaires. Au total, ces 900 volontaires ont atteint 2,8 millions de personnes.
  • Les professionnels de santé de 22 centres de soin, 3 hôpitaux, 3 centres de réadaptation physique et 7 lieux de détention ont reçu des équipements de protection individuelle pour pouvoir continuer à travailler, sans s’exposer au virus.
  • Les morgues et établissements de médecine légale de Juba ont également reçu 1 400 paires de gants, 850 masques, 480 sacs mortuaires ont été fournis
  • 2 établissements de santé ont reçu des téléphones portables pour permettre aux personnes en quarantaine ou atteintes du Covid-19, de maintenir le lien avec leurs proches.

*Statistiques du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies datant d’avril 2018

**Voir le Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes de conflits armés internationaux (Protocole I), 8 juin 1977.

Rumbek. Le CICR, en partenariat avec la Croix-Rouge du Sud Soudan, organise des formations aux premiers secours pour apprendre aux gens à panser une blessure ou à porter une personne blessée. Cette formation a lieu quelques semaines après des affrontements intenses au nord de Rumbek qui ont fait 250 morts et environ 300 blessés.

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