Chaque 18 juillet, la Journée internationale Nelson Mandela est l’occasion de rendre hommage à une figure emblématique de la lutte pour l’égalité et la justice. Mais c’est aussi un moment pour rappeler l’action discrète mais essentielle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) auprès de ceux que l’on ne voit pas : les personnes détenues. Parmi elles, Nelson Mandela, emprisonné durant 27 ans, fut à plusieurs reprises visité par le CICR.
Derrière les barreaux de l’apartheid : les visites du CICR à Mandela et aux détenus politiques
Sous le régime de l’apartheid en Afrique du Sud, des milliers de personnes furent emprisonnées pour avoir défié l’ordre racial imposé par l’État. Dès 1963, le CICR obtient un droit d’accès auprès des autorités pour visiter ces détenus politiques. C’est à partir de 1967 que ses délégués sont autorisés à rencontrer Mandela, condamné à la réclusion à perpétuité et détenu pendant 18 ans sur l’île de Robben Island, ainsi que ses codétenus.
Jacques Moreillon, l’un des délégués lui ayant rendu visite de 1973 à 1975, en garde un souvenir poignant. Dans une interview, il évoque un homme à la dignité remarquable, lucide sur son sort mais profondément tourné vers les autres : « Il se préoccupait plus des autres détenus que de lui-même. »
À travers les années, le CICR a régulièrement plaidé auprès des autorités sud-africaines pour l’amélioration des conditions de détention sur Robben Island : accès aux soins, régime alimentaire, correspondance avec les familles, mise en lumière des traitements différenciés selon la race.
L’année de sa libération, en 1990, Nelson Mandela rencontre Cornelio Sommaruga, alors président du CICR. Lors de cet échange, Mandela tient à remercier chaleureusement l’Institution pour son travail « persévérant » en faveur des détenus et déclare : « Il est impossible de se rendre compte de ce que représente pour un détenu une visite du CICR à moins d’en avoir fait soi-même l’expérience. »
L’action du CICR dans les lieux de détention aujourd’hui
Fort d’un engagement ancien en faveur des personnes privées de liberté, le CICR poursuit aujourd’hui encore son action auprès des détenus dans le monde entier. En 2024, ses équipes ont mené 1 800 visites dans 661 lieux de détention répartis dans 67 pays, conduisant près de 9 300 entretiens avec des détenus.
Ces échanges, toujours menés en toute confidentialité, permettent de documenter les conditions de détention, de plaider pour un traitement humain, de favoriser le maintien des liens familiaux et d’améliorer l’accès aux soins, à l’eau et à la nourriture. Depuis sa première visite à des prisonniers de guerre en 1915, et avec un mandat formellement inscrit dans les Conventions de Genève de 1949, le CICR s’efforce de préserver la dignité humaine, même derrière les murs des prisons.

Commentaires