Dans l’État du Darfour Nord, au Soudan, des distributions de repas chauds s’organisent tandis que les hostilités s’intensifient et que les pénuries de nourriture s’aggravent.

Huit cuisines communautaires fournissent deux repas chauds par jour à près de 10 000 personnes déplacées récemment arrivées dans le camp de Zam Zam, au sud d’El Fasher. Depuis plusieurs mois, la ville est le théâtre de violents combats qui entravent l’acheminement de produits de première nécessité et ont déjà obligé des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs foyers.

« Certains résidents du camp nous ont expliqué qu’ils avaient le plus grand mal à trouver de quoi manger ne serait-ce qu’une fois par jour et qu’ils manquaient cruellement de protéines, de fruits et de légumes », déclare Daniel O’Malley, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan.

« De nombreuses familles dépendent entièrement des cuisines communautaires pour se nourrir, mais celles-ci ne suffiront pas face à l’aggravation de la crise humanitaire. »

Les cuisines communautaires sont une vieille tradition au Soudan, où il est d’usage de se réunir pour cuisiner et manger ensemble. Le projet est soutenu par le CICR et le Croissant-Rouge soudanais.

« Pour la première fois depuis longtemps, je me sens rassasiée. Le dernier vrai repas que nous avons mangé ici, dans le camp de Zam Zam, c’était il y a sept mois », témoigne Malak Abdalla Ali, une résidente du camp qui a fui El Fasher, où elle vivait, à l’approche des combats.

Créé en 2004, le camp de Zam Zam abrite aujourd’hui près de 500 000 personnes. Il est considéré par les communautés locales comme le dernier endroit sûr au Darfour Nord. Les conditions de vie y sont néanmoins de plus en plus rudes. La crise alimentaire va encore s’aggraver, de nouvelles familles continuant d’arriver, chassées d’El Fasher par les combats. Environ un tiers des points d’approvisionnement en eau du camp sont hors d’usage, et les fournitures médicales commencent à manquer.

« La situation à l’intérieur ainsi qu’aux alentours d’El Fasher demeure dramatique ; prise dans l’étau des affrontements, la population civile n’a quasiment aucune marge de manœuvre, indique M. O’Malley. Nous appelons les parties au conflit à ménager sans délai un espace humanitaire, car il est de leur responsabilité de faire en sorte que les civils reçoivent toute l’aide humanitaire dont ils ont besoin. »