La postérité est parfois cruelle. Comment peut-on tomber dans l’oubli lorsque l’on aligne tant de médailles, d’aventures, de surnoms, d’éloges, d’actes héroïques ? Marie Marvingt est morte en 1963 à Nancy, seule et pauvre à 88 ans…
Surnommée avant-guerre « la fiancée du danger », Marie Marvingt, née à Aurillac en 1875, est une aventurière toutes disciplines confondues ! Elle est alpiniste, acrobate, championne de tir sportif, boxeuse, nageuse, skieuse, patineuse, etc. En 1908, elle boucle le Tour de France cycliste. Les organisateurs refusent d’homologuer l’exploit puisque femme… Très vite, elle se passionne pour l’aéronautique balbutiante, devient aéronaute puis aviatrice. Quelques semaines après la traversée de la Manche en aéroplane par Louis Blériot, elle relie en 1909 à bord de son ballon, l’Etoile Filante, Nancy à Southwood, au sud-est de l’Angleterre. Le voyage dure 14.00 ! Un an plus tard, elle établit le premier record en avion de la coupe Femina. S’ensuivra une litanie d’exploits et de victoires, 17 au total, aux commandes d’engins Antoinette, Sommer, Hanriot et Déperdussin…
Infirmière Croix-Rouge mais pas que…
Dès septembre 1914, elle s’engage comme infirmière volontaire Croix-Rouge, assistante en chirurgie. L’aviatrice a alors près de 40 ans et travaille à l’essor de l’aviation sanitaire. Elle se voit, aux commandes de son monoplan Déperdussin Gnome, brancarder par les airs les poilus blessés (!).
Héroïne combattante, Marie Marvingt l’est aussi ! Ne se déguise-t-elle pas en fantassin bleu horizon pour monter en ligne, fusil Lebel en main, défendre la patrie ?
Au bout de trois semaines, Marie est confondue par ses camarades de tranchée… Le général Foch, qu’elle connaît bien (très bien, murmure-t-on) lui fait quelque gros yeux, et, pour la punir, envoie, avec toute son affection, la championne d’alpinisme dans les Dolomites italiennes s’occuper de l’évacuation des soldats blessés.
La femme la plus décorée au monde…
Après quelques mois en terrain escarpé, Marie renoue avec la tenue qu’elle affectionne tant, celle de fille de l’air. Elle va désormais se consacrer à l’aviation sanitaire. On lui atttribue néanmoins un des premiers bombardements de l’histoire… une caserne de Metz occupée par les Allemands. Après de tels exploits, la gloire de Marie Marvingt atteint des sommets. La fiancée du danger devient la femme la plus extraordinaire depuis Jeanne d’Arc ou encore la femme la plus décorée au monde.
Il est vrai qu’en 1918, Ferdinand Foch, tout juste élevé à la dignité de Maréchal de France accroche la Croix de Guerre avec Palmes à la poitrine de l’héroïne. Marie recevra par la suite les Palmes académiques, la Médaille de l’aéronautique, la Médaille d’Or de l’Académie des sports et bien entendu la Légion d’Honneur. On lui décernera même la Médaille de la Paix du Maroc, pays qu’elle connait bien pour y avoir vécu dans les années trente. Au total, Mademoiselle Marvingt sera décorée à 34 reprises !
« J’ai le mal des hauteurs et n’en veux point guérir » Marie Marvingt
Devient pilote d’hélico à 80 ans !
Journaliste, écrivain, conférencière, Mademoiselle Marvingt consacre sa vie au développement des ambulances aériennes. En 1929, elle fonde la Société des amis de l’aviation sanitaire, 10 ans plus tard, elle crée un centre d’accueil pour aviateurs blessés. A 80 ans passés elle obtient son brevet de pilote d’hélicoptère, autre ambulance !
Ses dernières années se feront pourtant dans l’oubli, à Laxou dans la banlieue de Nancy. Jusqu’à la fin, elle sera infirmière, au chevet des plus pauvres. Elle-même, sans retraite ni famille, vit un quotidien proche du dénuement.
Marie Marvingt restera pour toujours la fiancée du danger, pionnière des évacuations sanitaires aériennes à laquelle se réfèrent encore les IPSA de la Croix-Rouge Française, les fameuses Infirmières Parachutistes Secouristes de l’Air.
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