Il y a 20 ans, jour pour jour, les 27 et 28 novembre 2001, la toute jeune délégation du CICR en France organisait en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et l’Assemblée nationale les « Premiers Etats-Généraux de l’action et du droit international humanitaires » sur le principe de responsabilité…

Le prétexte avait été le centenaire du premier prix Nobel de la Paix attribué à Henry Dunant en 1901 et partagé avec un député pacifiste français, Frédéric Passy, père de l’Union parlementaire et inspirateur de la Société des Nations… Plusieurs mois furent nécessaires pour organiser cette manifestation… Aux manettes, Ghislaine Doucet, conseillère juridique, Michel Katz, conseiller diplomatique et moi-même, sous l’autorité du chef de délégation du CICR en France de l’époque, Edmond Corthésy !

Le Contexte international de l’époque

Les Etats Généraux portaient sur le « principe de responsabilité », une thématique que le hasard avait inscrite juste après les attentats contre le World Trade Center à New-York. L’Afghanistan et le Kosovo occupaient aussi, en ce mois de novembre, l’essentiel de l’espace médiatique.

Une première, ces deux journées étaient diffusées en direct et en vidéo sur le site du CICR…

Une affiche impressionnante

L’affiche était, comme on peut encore la voir sur le site de l’Assemblée nationale, belle. Quatre ministres, Stéphane Hessel, les dirigeants de la plupart des ONG françaises mais aussi de la Croix-Rouge française, sans compter un aéropage CICR composés de deux présidents du CICR (le sortant et l’entrant), du directeur des opérations et du directeur de la doctrine et du droit. Les Nations unies n’étaient pas non plus en reste. La porte sur le privé avait été aussi entrouverte. Quand on sait le poids de certaines entreprises dans les situations de conflits armés, il était naturel qu’elles se confrontent au « principe de responsabilité ». Un dirigeant pétrolier était donc aussi de la partie ainsi que l’ancien DG du Fonds monétaire international. L’économiste iconoclaste Bernard Maris aussi, mort dans l’attentat contre Charlie Hebdo animait la table ronde.

Synthèses et réactions en vidéo…

Il s’en était dit des choses durant ces deux journées, des choses importantes. Les protagonistes ont vieilli, certains ne sont plus, mais les thèmes qu’ils débattaient demeurent plus que d’actualité à l’heure désespérée du dernier rapport du GIEC, par exemple…

La responsabilité face aux nouveaux visages de la guerre

Les attentats terroristes aux États-Unis du 11 septembre 2001 ont conduit à une prise de position inédite de la communauté internationale et au déclenchement d’une guerre menée par les Etats coalisés contre des entités privées dorénavant reconnues comme représentant une menace majeure et permanente. Dans un tel contexte, le principe de responsabilité de toutes les composantes de la société – politiques, militaires, multinationales, humanitaires, faiseurs d’opinion – se pose avec une intensité accrue.

Abolir la guerre : une responsabilité politique

De quels moyens devrait disposer l’Organisation des Nations Unies pour maintenir la paix et préserver la sécurité internationale ? Outre leur qualité de membres de l’ONU, comment définir la responsabilité des Etats individuellement ou au sein d’alliances régionales, pour prévenir la guerre ? Les grandes sociétés multinationales présentes sur le terrain des conflits armés ont-elles une responsabilité quant à la résolution de ceux-ci ? Les organisations humanitaires ont-elles un rôle à jouer et une responsabilité à l’égard de la restauration de la paix et de la prévention des conflits ? Comment doit s’établir la cohabitation sur le terrain entre les organisations engagées dans l’aide d’urgence et les opérations de maintien ou de rétablissement de la paix ?

Protéger les victimes de la guerre : une responsabilité partagée

Les conflits armés demeurent une terrible réalité et leur poids pèse sur d’innombrables victimes. De graves problèmes de sécurité, liés parfois à la déliquescence de toute autorité, parfois au refus délibéré de respecter des principes pourtant universellement reconnus, rendent souvent l’accès aux victimes très difficile aux humanitaires. En outre, des déficiences dans la coordination ou dans les méthodes d’action des organisations humanitaires sont aussi mises en cause, comme le soutien insuffisant ou trop orienté que reçoivent ces organisations pour accomplir leurs missions. Peut-on faire mieux et comment ? Qui est responsable de quoi par rapport aux lacunes constatées ? Quelle collaboration peut s’instaurer entre les différents acteurs de la société internationale pour que les victimes de conflits puissent recevoir, sans discrimination, une aide adéquate dans toutes les régions du monde ?

 » L’avenir sanglant  » ou le pessimisme de Dunant à l’aube du XXIème siècle

Titre de l’un des pamphlets que Dunant écrivit à la fin de sa vie, « L’avenir sanglant  » prédit de façon troublante la barbarie de la Première guerre mondiale. Au cours du XXème siècle, l’évolution démographique et technologique a connu une accélération sans précédent. De nouveaux types de périls apparaissent. L’affaiblissement des Etats, la fin des certitudes idéologiques, les interrogations sur la mondialisation, les défis causés par l’environnement, la croissance démographique et le développement technologique exigent une vision à long terme. Comment les décideurs politiques appréhendent-ils leurs responsabilités ? Quel rôle les compagnies multinationales se voient-elles jouer et quelles responsabilités sont-elles prêtes à assumer ? Les organisations humanitaires ont-elles à s’immiscer dans ce débat, jusqu’où et comment ? Comment la société civile peut-elle faire entendre sa voix et qui peut prétendre s’exprimer pour elle ?

Les réactions…

Le principe de responsabilité