A la veille de l’ouverture du Festival international de photojournalisme de Perpignan, Visa pour l’Image où le CICR remettra pour la 11ème année consécutive le « Visa d’Or humanitaire », retour sur les 4 plus anciennes photos (connues) de la Croix-Rouge en opération.

L’humanitaire moderne est né en même temps que le reportage photographique… La Croix-Rouge a à peine 6 ans, (le CICR, une année de plus), lorsque elle apparaît pour la première fois, en 1870, sur des photographies. Quatre sont à ce jour connues et se rapportent au même contexte : la guerre franco-prussienne dont découlera la Commune de Paris, écrasée dans le sang en mai 1871.

Impossible reproduction de la photo dans les journaux

Au début des années 1870, les procédés d’impression des journaux ne permettent pas encore la reproduction photographique. Les rares « photos » publiées sont en fait l’œuvre de graveurs interprétant des clichés. Les journaux pourtant friands d’images font alors appel à une multitude d’illustrateurs et dessinateurs de presse. L’impossibilité technique de reproduire de la photo dans les journaux explique pourquoi les premiers photo-reportages ne furent diffusés que bien des années après qu’ils aient été réalisés.

Guerre franco-prussienne, deux clichés

La probable plus ancienne, peut-être septembre 1870. L’Empire français vient de se prendre une déculottée carabinée. Napoléon III et son armée capturés par les Prussiens. Effondrement de l’Empire et avènement de la République, le fameux 4 septembre. La photo montre l’ambulance belge du docteur Félix Edouin à Metz, peut-être après le siège memorable. Le médecin est probablement l’homme portant le brassard Croix-Rouge. L’auteur reste anonyme.

Des Français internés à Lausanne. Il s’agit de l’armée exsangue du général français Charles-Denis Bourbaki. Le cliché, à la composition d’un tableau classique pour laquelle on imagine les contingences techniques de realisation, est probablement l’œuvre du genevois Henri-Antoine Boissonnas, dont le fils, Frédéric, photographe lui aussi, connaîtra une certaine notoriété en Suisse.

Commune de Paris, deux clichés

La première montre une ambulance de la Croix-Rouge armée de nombreux volontaires et bien équipée. Il y a même un curé ! Franck signe ce cliché. Derrière ce pseudonyme, il y a François Gobinot de Villecholle (1816 – 1906), l’un des grands photographes de la Commune de Paris.

Voici enfin la quatrième, la plus extraordinaire peut-être. L’auteur est anonyme. des soldats versaillais au repos devant l’église Saint-Jean de Belleville (pendant la semaine sanglante ?). En arrière-plan, une ambulance hippomobile. On y distingue une croix rouge sur fond blanc avec, dessous, une inscription. Peut-être « Ambulance de la Croix-Rouge »…

Elle pourrait avoir été prise par Bruno Braquehais, auteur d’un extraordinaire travail préfigurant le photojournalisme. Sourd-muet de naissance, originaire de Dieppe, c’est lui qui a livré un travail sur le vif saisissant de la mise à bas de la colonne Vendôme le 16 mai 1871 ordonnée par le grand maître de la peinture et vieil anarchiste, Gustave Courbet !