Malgré les accords de paix de 2016, la Colombie est toujours en proie à la violence armée. Parmi les opérations du CICR dans le pays, trois thématiques humanitaires demeurent prioritaires.

Les attaques à l’encontre des soignants

A travers le pays en 2020, 325 attaques contre des soignants, des établissements de santé et véhicules sanitaires ont été recensées. Il s’agit là du nombre le plus élevé en 24 ans. La moitié de ces actes d’agression ont été commis par les patients ou leurs proches.

Comment expliquer cette situation ? L’inconnu du coronavirus a consolidé certaines fausses informations, comme par exemple que le virus se propageraient au sein des communautés des soignants voire même qu’ils tireraient un profit financier de cette crise.

Outre le lot d’inconnus apportés par la pandémie, la violence et les conflits n’ont fait qu’empirer la situation. En 2020, à travers le pays, des groupes armés ont attaqué des services de santé, en infraction avec le droit international humanitaires. Cela a entrainé le départ précipité et massif de nombre d’agents de santé.

Selon les statistiques officielles, les groupes armés sont responsables d’au moins 88 incidents qui ont ciblé du personnel et des établissements de santé. De par son expérience sur le terrain, le CICR considère cette donnée sous-estimée à cause du manque de signalements et de la peur des représailles.

Ces attaques touchent les agents de santé mais impactent également des communautés entières qui se retrouvent ensuite sans accès aux soins de santé primaires.

Les perspectives pour l’année 2021 ne laissent actuellement entrevoir aucun signe d’amélioration. L’urgence sanitaire se prolonge et est renforcée par la violence et des troubles sociaux.

Voir aussi : Une campagne renversante pour le respect des soins de santé

La question des disparus : 120 000 disparus et autant de raisons d’élucider leur sort

Jesús et Ismael Rodríguez recherchent leur frère Arnulfo, disparu en 1996 dans le département de Norte de Santander. Ils n’ont aucune photo de lui. Laura Aguilera Jiménez / CICR

Entre la signature de l’accord de paix en 2016 et le 31 décembre 2020, 571 nouveaux cas de disparition lié au conflit armé et à la violence ont été enregistrés.

En 2020, une disparition de personne a été recensée tous les trois jours en Colombie. Ces chiffres sont alarmants. Pourtant, il semblerait qu’ils soient encore en deçà de la réalité.

C’est dans les départements d’Arauca, de Norte de Santander, de Nariño, de Cauca, d’Antioquia et de Chocó que l’on a compté en 2021 le plus grand nombre de personnes disparues. Les rapports établis par le CICR confirment que tous les groupes armés continuent d’avoir recours aux disparitions pour entretenir la peur dans la population et ainsi conserver le contrôle sur leur territoire.

La perfidie des engins explosifs

En 2020, 389 personnes ont été victimes d’engins explosifs. C’est un record en quatre ans. La plupart des victimes sont des civils vivant en milieu rural qui tombent sur ces engins explosifs dangereux alors qu’ils vaquent à leurs occupations quotidiennes, vont chercher de l’eau ou marchent le long d’une route.

Parmi les engins explosifs figurent des mines antipersonnel (type d’engin le plus connu), ainsi que des restes explosifs de guerre, des grenades et des engins explosifs improvisés à déclenchement contrôlé, qui font tous de plus en plus de victimes.

Il est difficile de mesurer la contamination par les engins explosifs dangereux en Colombie. Depuis la signature de l’accord de paix entre les FARC-EP et le gouvernement colombien, le déminage humanitaire a largement avancé. Mais dans certaines zones, en particulier celles où le conflit armé et la violence font toujours rage, il reste très difficile de mener des opérations de décontamination et de fournir aux victimes des garanties de sécurité.

Par ailleurs, certaines municipalités n’ont signalé aucune victime ces dernières années… Cela laisse supposer que le problème est réapparu mais reste tu dans des régions où l’on pensait avoir définitivement tourné la page de ce problème.

Les engins explosifs dangereux constituent une menace silencieuse et latente pour les communautés rurales. La localisation des engins explosifs étant inconnue, les habitants n’osent plus se déplacer. Cela compromet également leur capacité à gagner leur vie.