En cette période de commémoration des 150 ans de l’insurrection de la Commune de Paris, retour sur une barricade célèbre, celle de « la Croix-Rouge » tombée fin mai 1871.

Ne courrez pas, elle tient son nom simplement du carrefour où les communards l’avaient dressée pour tenter de ralentir l’impitoyable rouleau compresseur « versaillais ». Les combats y furent particulièrement rudes comme en témoignent les destructions de ce morceau du quartier latin. Durant la Révolution française, les Sans-culottes avaient rebaptisé l’endroit, le carrefour des Bonnets-Rouges !

Un symbole plus ancien

En fait, la Croix-Rouge dont il est question n’a pas grand-chose à voir avec celle qui nous occupe au quotidien. Non, elle est bien plus ancienne que celle née à Genève en 1864 pour protéger soldats blessés et sauveteurs sur le champ de bataille. Le carrefour de la Croix-Rouge renvoie au XVème siècle, à une importante maladrerie que l’abbé de Saint-Germain des Prés, Dom Guillaume de Briçonnet, avait signalé d’une grande-rouge. L’emblème provenait du porche de la célèbre abbaye. L’hôpital pour contagieux finit par disparaître mais le nom demeura.

La station de métro fantôme

A la verticale du carrefour, sept mètres sous terre existe toujours la station de métro Croix-Rouge ! Si, si. Comment ça elle n’est pas sur le plan ? Normal, elle a été fermée le 2 septembre 1939 et depuis, jamais rouverte (comme cinq autres stations parisiennes). Les accès en surface détruits. La raison ? Elle doublonnait avec une station trop proche, Sèvres-Babylone. Les parisiens usagers de la ligne 10, porte de saint-Cloud- gare d’Austerlitz, la connaissent pourtant, malgré la pénombre et la vitesse de la rame, les faïences blanches, vertes et bleues abandonnées aux tags de générations d’explorateurs urbains.

Les « vraies » Croix-Rouge à Paris

Finalement, si vous voulez voir de la Croix-Rouge qui nous occupe, il faut aller sur les quais de la station Solférino où Dunant en buste vous attend. Vous pouvez aussi filer sous les arcades de la rue de Rivoli, à l’hôtel Regina. Une plaque immortalise le palace où fut créé en 1919, en marge du Traité de Versailles, la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge devenue Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Il y a bien entendu aussi le siège de la Croix-Rouge de Paris, rue Chardin dans le XVIème et ses sections d’arrondissement. La délégation du CICR est quant à elle sise passage d’Enfer. Le siège de la Croix-Rouge Française en revanche a quitté la capitale, franchit le périph’ mais conservé la couleur en s’établissant à Montrouge !

L’oubli pour éviter la confusion

Quant au Carrefour de la Croix-Rouge, sa maladrerie, sa barricade et sa station de métro abandonnée, le voici déjà fort tombé dans l’oubli. Il a été rebaptisé il y a 15 ans « Place Michel Debré » du nom de l’auteur de la constitution de la Vème République de 1958 et ancien premier ministre.