Maxime Du Camp (1822-1894), écrivain, journaliste et photographe est depuis longtemps tombé dans l’oubli. Il fut pourtant l’auteur d’une oeuvre foisonnante dans laquelle on trouve un livre qui ne saurait laisser indifférent tout affidé Croix-Rouge.

A la notoriété ne succède pas nécessairement la postérité. Il en est pour beaucoup ; Maxime Du Camp par exemple. Il  fut  célèbre, très célèbre de son vivant. Pourtant, peu se souviennent aujourd’hui du journaliste, du voyageur, de l’écrivain et du photographe formé, s’il vous plaît, par Gustave Legray, le père du photoreportage.

Du Camp eut plusieurs vies, jeunesse garibaldienne, vieillesse académicienne. Son « Paris, ses organes, ses fonctions et ses mœurs » reste probablement le reportage le plus conséquemment documenté que tout amoureux de Paname se doit de l’avoir lu. Mais là n’est pas le sujet. Du Camp publia aussi des récits de voyage comme son périple en Egypte en compagnie de son très cher ami, alors encore inconnu, Gustave Flaubert. C’était en 1850.

La Croix-Rouge de France

A l’inverse de ses amis Flaubert, Baudelaire et Lamartine, l’homme et son œuvre sont oubliés. Parmi tous les titres de sa bibliographie, on tombe sur un ouvrage encore plus oublié que les autres : « la Croix-Rouge de France – Société de secours aux blessés de Terre et de Mer ». Publié par Hachette en 1889, ce livre paraît pour les 25 ans de la Croix-Rouge française.

Dunant et Du Camp

Sans mauvais jeu de mot, Du Camp honore Dunant en ayant le souci permanent de toujours lier la charité au droit, plaçant ce dernier au cœur de l’action « Croix-Rouge ».

Voici la définition qu’il en donne :

« La Croix-Rouge est le symbole de la Convention de Genève. La Convention de Genève est le contrat international en vertu duquel les blessés, les ambulances, le service sanitaire attaché aux armés sont neutralisés en temps de guerre. Il a fallu des siècles, il a fallu des hécatombes, des cruautés sans nom et des négligences criminelles pour que cette idée si simple s’imposât, trouvât sa formule, fût un corps et apportât quelque soulagement aux maux que la civilisation semble forcer de rendre plus barbare de jour en jour… ».

La tirade pourrait être de Dunant lui-même, issue de l’un de ses pamphlets de vieillesse !

Dans « La Croix-Rouge de France », Maxime Du Camp illustre son décryptage de la grande idée humanitaire en s’appuyant sur des conflits armés de son temps : la guerre de Crimée (1853-1856), celle d’Italie (1859) et, plus proche, les conséquences de 1870 et la déculottée de Napoléon III à Sedan face aux Prussiens qui conduisit d’ailleurs au siège de Paris.

A lire…

Gallica, le site de la Bibliothèque nationale de France, propose « La Croix-Rouge de France » en téléchargement gratuit. Tout affidé se doit de l’avoir lu !

Dernier point : Du Camp était visionnaire puisque le sous-titre de « La Croix-Rouge de France » inclut les « blessés de Mer ». En 1889 pourtant, seule existe la Convention de Genève sur le sort des soldats blessés en campagne (sur Terre donc). Ce n’est qu’en 1907 que seront protégés les marins avec la 2ème Convention de Genève. Mais ça, Du Camp ne le saura jamais puisqu’il est mort en 1894, le 8 février, jour de ses 72 ans.