Plus de 25 ans après les accords de Dayton qui mirent fin aux combats en ex-Yougoslavie, plus de 7 000 Bosniaques demeurent portés disparus.

En 2020, malgré toutes les difficultés et contraintes imposées par le Covid-19, 70 dépouilles ont été exhumées et 52 identifiées. Tout au long de l’année, le CICR en Bosnie-Herzégovine a continué d’apporter son soutien à la fois aux familles dans l’attente de nouvelles depuis un quart de siècle, et aux personnes engagées dans les recherches.

Cette action dont la stratégie est revue tous les cinq ans prévoit l’exploration de toutes les voies possibles pour trouver indices et convergences permettant de rendre une identité, un nom, à une dépouille mortelle.

Soutenir les autorités

En octobre 2018, le CICR a signé un accord avec le Mécanisme international résiduel pour les tribunaux pénaux (IRMCT) basé à La Haye aux Pays-Bas où siège la Cour pénale internationale. Les archives de l’IRMCT sont la principale source d’information sur le conflit des Balkans. Le CICR, sur la base de ces documents, a pu réunir des informations concernant plus de 3 700 personnes disparues. Ces travaux ont ainsi facilité la localisation de micro-sites renfermant des dépouilles et contribué aux exhumations.

Au total, le CICR a remis ces trois dernières années aux autorités de précieux documents concernant 70% des municipalités sur le territoire où sont suspectées l’existence de tombes individuelles ou collectives.

Soutenir les associations de familles

En 2020, le CICR a contribué au financement de onze projets de soutien psychosocial. 5 000 proches de personnes toujours portées disparues sont suivis à travers ces initiatives d’accompagnement.

Depuis plus de vingt ans, l’Institution collabore étroitement avec une quarantaine d’associations de familles dans tout le pays. L’objectif est de les aider à renforcer leurs capacités comme, par exemple, à travers l’organisation d’ateliers liés à la santé mentale.

Encourager l’innovation

En outre, le CICR a accordé l’an passé des bourses universitaires de troisième cycle ainsi qu’à deux projets de recherche interdisciplinaire sur la méthodologie, les enquêtes, les conséquences médico-légales, psychologiques, sociales et juridiques des disparitions.

Au total, au cours des trois dernières années, 17 projets de recherche ont reçu un soutien financier et technique du CICR.

Collaboration avec l’IMP et les institutions de médecine légale

Afin de renforcer les capacités de l’Institute of Missing Persons (IMP) dans le traitement des données de recherches transmises par le CICR et de leur emploi sur le terrain, l’Institution a organisé deux séminaires axés sur les méthodes et techniques d’analyse.

Au total, plus de 20 enquêteurs du IMP ont participé à cette formation ainsi que des magistrats du parquet de Bosnie-Herzégovine et le bureau de l’IRMCT à Sarajevo (Mécanisme international pour les tribunaux pénaux).

Cette année, Covid oblige…

En plus de sa coopération traditionnelle notamment avec les associations de familles, le CICR a lors du confinement apporté une assistance aux proches de personnes portées disparues qui sont parmi les plus vulnérables . Ainsi, plus de 1 700 personnes de plus 65 ans ont reçu une aide du CICR pour pallier les conséquences économiques de la pandémie sur leur quotidien.

Journée internationale des disparus

«Les familles des disparus ont le droit de savoir ce qui est arrivé à leurs proches» tel était le message du CICR le 30 août dernier lors de la Journée internationale des disparus.

« Gdje je? » (Où sont-ils?) est devenu au fil des ans le slogan et le symbole de la recherche des personnes portées disparues dans tout le pays. Si beaucoup d’évènements publics ont été annulés pour raisons sanitaires, « Gdje je ? » a connu en ligne un succès notable. La question a même été floquée sur des masques de prévention.

Cette campagne, désormais traditionnelle en Bosnie-Herzégovine, rappelle au public et aux autorités que le droit de savoir est une obligation. Tout doit être mis en œuvre, par exemple, par l’Etat pour apporter des réponses aux familles.

Photo : Nick Danziger

A lire, l’histoire de Dzidza, cette épouse et mère qui attendit des années la preuve que son mari et ses deux fils étaient bien morts dans les massacres de Srebrenica en 1995. Dzidza finira par récupérer les dépouilles. Les inhumations auront lieu au cimetière mémorial de Potocari, 16 après les faits. Dzidza est décédée en 2018.