Tanja Uljonen est responsable des opérations pour le CICR au Cameroun. Depuis 2014, les conséquences humanitaires de l’effroyable violence de la crise du lac Tchad s’étendent à l’extrême nord du pays. Les habitants ont fui par centaines de milliers essentiellement vers l’intérieur du Cameroun.  Les attaques, menaces, intimidations demeurent nombreuses. Quant aux écoles, structures de santé voire organisations humanitaires, peu sont épargnées. Un bilan et des perspectives inquiétantes dressées dans cette interview.

 

On parle au Cameroun d’un million et demi de personnes déracinées par la violence. Quelles sont les conséquences de ces déplacements forcés ?

Tanja Uljonen : C’est vrai, on compte dans tout le pays près d’un million et demi de personnes déplacées, parmi lesquelles 400 000 réfugiés centrafricains et nigérians. Ces déplacements s’expliquent par l’insécurité persistante, mais aussi par le manque d’accès aux services essentiels et aux biens de subsistance. Les aléas climatiques jouent aussi un rôle dans ce phénomène. La majorité de ces personnes sont déplacées depuis longtemps et ont trouvé refuge au sein de communautés d’accueil. Beaucoup sont entièrement dépendantes de leurs hôtes et de l’aide humanitaire pour se nourrir, se loger et accéder aux services de base.

D’autres se trouvent dans les centres urbains et vivent souvent dans une grande précarité en raison du manque d’accès à la terre, à la cherté de la vie, ou en raison des contraintes administratives, linguistiques ou même de la stigmatisation. Ces déplacements exercent une pression supplémentaire sur les ressources locales qui se raréfient ce qui augmente la pauvreté et la vulnérabilité des déplacés et des communautés qui les accueillent. Malgré ces difficultés, nous constatons une solidarité exemplaire entre les communautés… lire la suite