Après plus de deux semaines de violence intense, l’escalade du conflit se poursuit dans le Haut-Karabakh. Martin Schüepp, directeur régional du CICR pour l’Europe et l’Asie estime que des centaines de milliers de personnes sont aujourd’hui touchées par les hostilités dans toute la région. Voici sa déclaration :

« De nombreux civils sont tués ou gravement blessés. Des habitations et des commerces sont détruits, des quartiers entiers, autrefois animées, ne sont plus qu’amas de décombres. Des familles avec des enfants en bas âge et des personnes âgées se retrouvent contraintes de passer des heures terrées dans des sous-sols d’immeuble sans chauffage ou de fuir de chez elles pour trouver refuge ailleurs.

Respecter les secours

Les structures médicales, les personnels de santé et les services ambulanciers peinent en outre à faire face à la situation et seraient par endroits la cible d’attaques directes. Les communautés de part et d’autre de la ligne de contact subissent des pertes et des bouleversements et vivent dans la peur.

Nous espérons vivement que l’accord de cessez-le-feu humanitaire sera respecté et apportera un répit indispensable à toutes ces personnes.

Le CICR, intermédiaire neutre

Dans ce contexte, le Comité international de la Croix-Rouge se tient prêt à faciliter la restitution des corps des combattants tués ainsi que la libération des personnes détenues dans le cadre du conflit. Les parties doivent convenir entre elles des modalités d’une telle opération.

Nous maintenons un dialogue constant avec elles, transmettant les propositions de l’une à l’autre. Pour que l’opération puisse se faire, il faut cependant que des arrangements opérationnels et logistiques soient conclus et que la sécurité de nos équipes soit garantie.

Nous ne participons pas aux négociations politiques. En tant qu’intermédiaire neutre, notre rôle est strictement humanitaire. Nous possédons une longue expérience dans ce domaine, acquise dans d’innombrables conflits partout dans le monde.

Assistance aux populations

Notre action dans la région vise à alléger les souffrances des personnes qui se retrouvent prises dans les combats.

Nous distribuons des aides en espèces et des articles d’hygiène à des centaines de familles, nous fournissons des kits de secours médicaux aux hôpitaux, nous apportons un soutien aux autorités dans le domaine médico-légal, et nous évaluons les besoins sur le terrain, là où il est possible de le faire.

Nous travaillons aussi en étroite coopération avec la Croix-Rouge arménienne et le Croissant-Rouge d’Azerbaïdjan pour les aider à faire face à cette situation d’urgence.

Selon nos prévisions, des dizaines de milliers de personnes auront besoin d’une assistance au cours des prochains mois dans toute la région.

Appel financier aux Etats

Dans cette perspective, nous avons lancé un appel d’urgence pour récolter 8,5 millions d’euros supplémentaires et avons déjà commencé à recevoir des dons de la part des gouvernements, pour lesquels nous leur sommes particulièrement reconnaissants.

Je termine par le témoignage d’une mère de famille, qui nous a raconté comment, alors qu’elle n’était qu’une enfant, elle avait trouvé refuge dans les sous-sols des habitations et avait passé des nuits cachée dans la forêt pour échapper aux combats. Près de 30 ans plus tard, elle se retrouve à devoir revivre cette même expérience, cette fois en compagnie de sa fille d’à peine 2 ans et de ses parents âgés, qui l’avaient eux-mêmes protégée à l’époque.

Il y a de très nombreuses autres personnes dans cette même situation, et nous nous devons d’être présents à leurs côtés pour les aider et assurer une action humanitaire pertinente et efficace là où nous le pouvons.