Ainsi, ceci porte à 12 le nombre de fois où les Nations-Unies ont reçu, en 75 ans d’existence, le Prix Nobel de la Paix. C’est bien le moins pour une organisation dont la charte interdit la guerre ! Il est illégal de menacer de recourir, ou de recourir, à la force contre d’autres États. Depuis 1945, la guerre ne constitue plus une façon acceptable de régler les différends qui surgissent entre les États. 75 ans plus tard, on se dit qu’il serait temps que les Etats membres des Nations unies s’essayent à la paix… Ces mêmes Etats qui se sont engagés (à partir de 1949) à respecter et à faire respecter en toute circonstance les Conventions de Genève (art.1 commun aux Conventions de Genève).
Mais revenons aux 12 Prix Nobel de la Paix attribués aux Nations unies à divers titres, personnalités et organisations. Qu’on en juge : deux secrétaires généraux, Dag Hammarskjöld en 1961 puis quarante ans plus tard, Kofi Annan, mais aussi quatre institutions liées à l’organisation. Quant à ses agences humanitaires, par six fois elles furent honorées ; le HCR à deux reprises. Au Programme alimentaire mondiale (PAM) d’être récompensé cette année. Qu’il en soit félicité. Un Nobel qui tombe à point nommé pour valoriser le 16 octobre prochain la Journée Mondiale de l’alimentation organisée par une autre agence des Nations unies, la FAO.
Les 12 Prix Nobel de la Paix des Nations unies
2020 – Programme alimentaire mondial (PAM) – 2013 – Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) – 2007 – Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et Albert Arnold (Al) Gore Jr. ex vice-president des Etats unis – 2005 – Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et son Directeur général, Mohamed ElBaradei – 2001 – Organisation des Nations Unies et Kofi Annan, secrétaire général – 1988 – Forces de maintien de la paix des Nations Unies – 1981 – Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) – 1969 – Organisation internationale du Travail (OIT) – 1965 – Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) – 1961 – Dag Hammarskjöld, secrétaire général – 1954 – Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) -1950 – Ralph Bunche, médiateur UN en Palestine.
Deux utopies : Humaniser la guerre ou l’interdire
La chronologie des Prix Nobel de la Paix raconte souvent l’époque dans laquelle ils ont été décernés. Par exemple, ceux obtenus par le CICR (*) en 1917 et 1944 (après interruption durant les années de guerres mondiales) préfigurent le retour à la paix, l’espèrent, l’encouragent. Le CICR, par essence, n’est pas pacifiste, il cherche à « humaniser la guerre », le moindre mal, en attendant mieux… Sur la base des Conventions de Genève signées par tous les Etats (également membres des Nations unies), il veille à ce que la guerre demeure soumise à des règles contraignantes, toujours au profit des plus faibles. Une utopie peut-être plus accessible que celle de la Charte des Nations unies qui vise à l’interdiction pure et simple des conflits armés.
La famine planétaire éclairée par le « Nobel »
Cette année, le Comité d’Oslo (de tous les Nobel, seul celui de la Paix est Norvégien et non Suédois) a honoré le PAM. Une façon de rappeler que l’un des principaux fléaux affectant l’humanité, parfois utilisé comme arme de guerre, est la famine. Celle-ci risque de métastaser encore plus, avec toute la violence promise ; conséquence économique et sociale de la pandémie Covid-19.
Le PAM reste l’un des piliers inter agence de l’action humanitaire partout dans le monde. Sans lui, nombre d’organisations ne pourraient mener à bien leurs opérations d’assistance, particulièrement dans les situation d’urgence.
Les deux premiers lauréats restent visionnaires
En 1901, le premier Nobel de la Paix fut co-décerné ad hominem à Henry Dunant, précurseur visionnaire de l’action et du droit international humanitaires et à Frédéric Passy, député français, fervent pacifiste et précurseur visionnaire des Nations unies. L’un avait pour étendard « La charité entre les armes, Inter Arma Caritas » et pour volonté d’humaniser la guerre, d’y mettre des règles. L’autre était convaincu de trouver autre chose que la violence pour arbitrer les différents entre les nations et donc interdire la guerre… Les deux, comme premiers récipiendaires du Prix, cadraient parfaitement aux volontés testamentaires d’Alfred Nobel, l’ingénieur effrayé par les conséquences de son invention : la dynamite…
A lire aussi : Bertha Von Suttner, baronne et militante pacifiste qui fit de Dunant le premier Prix Nobel de la Paix
(*) Le CICR co partagera le Nobel 1963 avec la Fédération internationale des Croix-Rouge et des Croissant-Rouge.
Commentaires