La libération hier de Sophie Pétronin et de Soumaila Cissé respectivement kidnappés en 2016 et 2020 a montré, pour une fois avec un heureux dénouement pour les familles, à quel point le nord du Mali demeure une région dangereuse. Voici une autre histoire qui se terminera « presque bien », celle de Aghaly Ag Mossa, 28 ans, chauffeur routier et père de trois enfants.

Le jeune routier fait la ligne entre Tombouctou et la frontière algérienne. Des allers-retours dans une immense zone désertique exposée depuis des années à la violence armée et à la criminalité. Un jour, son camion se fait braquer avec vol d’objets de valeur de la cargaison. Aghaly s’en sort, mais avec une balle dans la jambe.

Evacué par ses parents vers Tombouctou, Aghaly y reçoit les premiers soins. Mais l’état de sa jambe nécessite une prise en charge rapide par des spécialistes. Il est évacué en urgence vers Bamako dans l’avion du CICR. Malheureusement, sa jambe ne pourra être sauvée.

Amputé, Aghaly débute une longue période de convalescence, ressassant les inquiétudes quant à son futur.

« Comment pourrais-je continuer mon métier de chauffeur avec mon handicap ? Que vont devenir ma femme et mes enfants ? »

Dans le centre du Mali, les besoins en services de réadaptation physique sont importants. Hamada Ould Aly / CICR.

La phase de cicatrisation terminée, Aghaly regagne Tombouctou, retrouve famille et parents. L’hôpital de Tombouctou ne disposant pas des ressources nécessaires, une mission de soutien du CICR et du Centre national d’appareillage orthopédique du Mali (CNAOM) a été dépêchée pour équiper en prothèses ou orthèses plusieurs patients, dont Aghaly.

« Entre la prise de mesures et la finition de la prothèse, il peut s’écouler trois semaines. Le processus de fabrication se déroule en plusieurs étapes et fait appel à plusieurs spécialités. » explique Anselme Traoré, physiothérapeute du CICR.

Au centre d’appareillage orthopédique de l’hôpital régional de Tombouctou, Aghaly reçoit gratuitement sa prothèse comme 22 autres patients pris en charge depuis le début de l’année. Il est aussi accompagné dans sa rééducation.

Le futur tant redouté par Aghaly s’éclaircit. Le handicap compensé l’autorise désormais à pouvoir reprendre son métier de chauffeur poids-lourd et subvenir à nouveau aux besoins de sa famille.

« Peut-être qu’ensuite, je me lancerai dans un petit commerce » confie Aghaly avec beaucoup d’assurance.

Dans la région de Tombouctou, les civils continuent d’être pris pour cibles directement et indirectement en étant victimes d’actes de violence, d’attaques, d’engins explosifs improvisés et de banditisme. Les axes routiers qui relient la région de Tombouctou à l’Algérie, à la Mauritanie et aux autres régions du Mali subissent une criminalité grandissante.

Depuis 2015, le soutien du CICR au centre régional d’appareillage orthopédique et de rééducation fonctionnelle de l’hôpital régional de Tombouctou a permis la construction et l’équipement d’une salle de kinésithérapie, la fourniture de matériel et de prothèses à plus de 150 patients. Un appui technique notamment en ressources humaines est aussi apporté.

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Les séances de rééducation permettent la réhabilitation physique des patients. Hamada Ould Aly / CICR.

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(*) La libération hier de Sophie Pétronin et de Soumaila Cissé respectivement kidnappés en 2016 et 2020 en sont la dernière illustration