Le RLF est évoqué à Berlin en 1869…
« La toute première évocation d’une agence de recherches est apparue lors de la deuxième conférence internationale de la Croix-Rouge. Elle se tenait à Berlin en 1869« , explique Daniel Palmiéri, historien du CICR. A cette occasion, les participants ont décidé que « en cas de guerre, le Comité international [CICR] [veille] à ce qu’il se forme, dans une localité convenablement choisie, un bureau de correspondance et de renseignements, qui facilite, de toutes manières, l’échange de communications entre les comités [nationaux des Croix-Rouges] et la transmission des secours. »
La première à avoir conceptualisé et mis en oeuvre le rétablissement des liens familiaux (RLF) est la Croix-Rouge française, grâce au talent organisationnel et militant de l’un de ses éminents membres, le Comte de Madre.
… et réalisé à Paris en 1870
L’invention du service de rétablissement des liens familiaux remonte à la guerre franco-prussienne, il y a tout juste 150 ans. Son auteur, le comte Adolphe de Madre (1813-1894).
Nous sommes en novembre 1870 à Paris. Deux mois auparavant, Napoléon III est défait à Sedan par Guillaume 1er, empereur d’Allemagne à qui il a imprudemment déclaré la guerre en juillet. L’armée française et son chef sont faits prisonniers. L’Empire capitule le 2 septembre. Deux jours plus tard, la République est proclamée.
Pour autant la guerre n’est pas terminée, les Prussiens foncent sur Paris. La capitale se défend vaillamment, résiste, subit un terrible siège puis accepte la défaite. La paix est signée à Versailles, le 18 janvier 1871.
Le Comte de Madre, inventeur du RLF
Mais revenons à l’invention du RLF. Le comte Adolphe de Madre, notaire parisien, pionnier des cités ouvrières dans le Paris remanié du baron Haussmann, est à l’origine du premier bureau de recherches des personnes portées disparues. Membre de la Société de secours aux blessés militaires, en d’autres termes la jeune Croix-Rouge française – elle a 6 ans – il est chargé d’étudier et d’organiser un système permettant aux familles d’avoir des nouvelles de leurs proches portés disparus dans le conflit. Le projet doit aussi permettre aux blessés, français ou allemands, de se signaler à leur famille. L’idée est simple, la mise en oeuvre compliquée. Pour autant, le Comte de Madre, issu la mouvance des catholiques sociaux, va définir les principaux axes du travail de recherches. Ceux-ci prévalent toujours dans le formidable réseau de recherches que constituent le CICR et les 190 sociétés nationales de Croix-Rouge et de Croissant à travers le monde.
Un rapport vieux de 150 ans, toujours d’actualité
Le 16 novembre 1870, le comte de Madre remet au Comité central de la Croix-Rouge française un rapport intitulé : « Organisation du bureau chargé de renseigner sur le sort des militaires blessés, tués ou prisonniers, et d’établir la correspondance avec leurs familles »– Le titre dit tout. Son auteur décrit point-par-point la méthode, les difficultés, l’information aux familles, les recherches infructueuses, etc. Ce rapport est passionnant tant il demeure au centre des problématiques actuelles.
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En voici l’introduction :
Messieurs,
Le 18 août dernier, vous m’avez autorisé, sur ma demande, à me rendre avec sept personnes, dont une parlait la langue allemande, dans les trois hôpitaux militaires de Paris, pour dresser un état nominatif des blessés qui s’y trouveraient, pour m’informer, auprès de chacun d’eux, des nom et demeure du parent ou de l’ami avec lequel il souhaitait être mis en relation, pour savoir quels étaient ses besoins ou désirs particuliers, et, spécialement, s’il demandait d’être envoyé, lors de sa convalescence, dans sa famille ou dans un dépôt militaire rapproché d’elle. Cette visite a été faite le lendemain, et elle a provoqué la joie la plus expansive dans le cœur de nos courageux défenseurs.
Nous n’avons trouvé dans ces hôpitaux aucun Allemand.
Les renseignements, recueillis près de chacun des blessés, ont été relevés sur des fiches de papier-carton, coupées de même grandeur, pour être classées ultérieurement, en vue de la création du bureau de renseignements, dont vous voulez qu’aujourd’hui j’aie l’honneur de vous rendre compte (…).
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