La longue histoire de la relève et du transport du soldat blessé est émaillée de projets d’ambulance plus ou moins farfelus. Parmi eux, la Bédélia.

En 1912, par exemple, malgré tous leurs efforts, les jeunes ingénieurs Bourbeau et Devaux, inventeurs de la Bédélia (Bé pour Bourbeau et Dé pour Devaux, mixés au titre d’une chanson à la mode, Bédélia), ne parvinrent à vendre la version ambulance militaire de leur cyclecar de compétition, pourtant deux fois vainqueur au Mans en 1911 et 1912 !

Pour l’armée, c’est non et c’est tant mieux

Bien que peu coûteux, léger (150 kg) et surtout rapide (70 km/h), le bolide bricolé façon brancard motorisé mobilisait un conducteur pour un blessé. Malgré le drapeau Croix-Rouge flottant au vent, le « non » du service de santé des Armées fut catégorique : « Pas assez rentable ! ».

« Pas assez solide » est-on tenté de compléter. On imagine en effet le confort du blessé sur terrain défoncé, le cyclecar lancé au maximum de sa vitesse. Inutile d’évoquer l’aléatoire visibilité du conducteur…

La sagesse des militaires fut profitable aux blessés et a probablement sauvé quelques vies car Bourbeau et Devaux avaient complètement oublié d’inventer le pare-chocs, le matelas coquille voire les anxyolithiques (histoire de rassurer un peu l’harnaché en souffrance, pieds et jambes dangereusement offerts aux aléas de la conduite tout terrain) !