Bien que réformé pour raisons médicales, à l’instar de Maurice Ravel, Jean Cocteau a tenu à faire sa guerre. Celle de 14-18.

Comme le compositeur du Boléro, Cocteau s’engage comme ambulancier civil de la Croix-Rouge. Il passe plusieurs mois au sein du 4ème régiment de Zouaves, tirailleurs en majorité sénégalais. Le poète et dessinateur voit ainsi la guerre au plus près. Il en gardera toute sa vie un grand traumatisme et une profonde abjection.

En 1915, malade, il doit quitter le service ambulancier. Il rentre à Paris. Son combat, il va le poursuivre avec une plume en prenant la rédaction en chef d’une revue aussi patriotique qu’éphémère, « Le Mot ».

Paul Iribe est le fondateur de cette feuille élégante et provocante. Caricaturiste, dessinateur de mode, pionnier de l’Art Déco, Iribe signe cette couverture iconoclaste. Un poilu blessés à la tête et crucifié à une croix rouge. Il la légende « La bonne Croix ». On imagine cette image coller à la peau de Cocteau l’ambulancier.

Après la guerre, Paul Iribe s’installe à Hollywood pour conseiller en décors et graphismes, 10 années durant, l’ogre cinéaste Cecil B. Demille.

A son retour en France, Iribe devient le compagnon de Gabrielle Chasnel (1883-1971), une certaine Coco, jusqu’à sa mort prématurée en 1935. Pour Cocteau, l’après-guerre est marquée par la disparition de son amant le poète Raimond Radiguet (1903-1923), l’auteur du « Diable au corps » emporté à 20 ans par la typhoïde. Il fera son deuil entre opium et  amis, de Picasso à Satie. Entre autres.