La capture du capitaine De Gaulle par les Allemands, le 2 mars 1916 durant les féroces combats de Douaumont, demeure encore sujette à caution. Pour les uns, il s’est battu en héros jusqu’à l’épuisement. Pour les autres, moins glorieux, il s’est rendu sans honneur. Une chose est sûre, le futur homme du 18 juin 40 est bien capturé, hospitalisé pour blessures à Mayence puis transféré à Osnabrück dans un camp de prisonniers du nord-ouest de l’Allemagne. Il s’agit du début d’une éprouvante captivité de 32 mois, faite de déplacements de camps en camps (Neisse, Sczucsyn, Ingolstadt, Rosenberg, Passau, Wülzburg et Magdebourg), émaillée par cinq tentatives d’évasion. Le capitaine De Gaulle ne recouvre la liberté qu’après l’Armistice du 11 novembre 1918. Il n’est pas rapatrié par la Croix-Rouge et rejoint la France par ses propres moyens ; en train, en 1ère classe, grâce à l’argent envoyé par sa mère !

Un prisonnier nommé De Goutle

Depuis 1914, l’Agence internationale des prisonniers de guerre créée au Musée Rath à Genève et gérée par le CICR, enregistre les détenus de part et d’autre des lignes de front. Un travail de fourmi en coordination avec les sociétés nationales de la Croix-Rouge de tous les pays belligérants. Objectifs : rétablir le lien entre les détenus et leurs proches et permettre l’acheminement des colis familiaux. Voici la fiche de « De Goutle », parmi les quelque 7 millions établies tout au long de la Première guerre mondiale.

Cette fiche d’enregistrement établie par le CICR au début de la captivité à Osnabrück est célèbre à deux égards. D’une part, la qualité du prisonnier et d’autre part, la coquille dans son nom… Comme il est écrit au verso de la fiche : « Avions demandé De Goutle et il a été répondu pour un De Gaulle, capitaine« . Coquille corrigée par la famille et que l’on imagine toute à sa joie lorsque sera confirmée que l’officier de 26 ans est en vie et en bonne santé.

Le Général De Gaulle confirme la Croix-Rouge française

De Gaulle croisera à nouveau la Croix-Rouge, à partir de 1944. Unifiée par Pétain après la défaite de 40, la Croix-Rouge française (qui se composait jusqu’alors de trois associations : la Société de secours aux blessés militaires (1864), l’Association des dames françaises (1879) et l’Union des Femmes de France (1881)) est confirmée dans ses statuts et fonctions par le gouvernement provisoire. De Gaulle y place à sa tête un de ses fidèles, résistant de la première heure, toubib colonial qui fit l’essentiel de sa carrière en Afrique, le médecin-général Adolphe Cissé. Il aura pour mission d’installer la Croix-Rouge française de l’après Vichy.

Dernière image de De Gaulle avec la Croix-Rouge

Pour le centenaire du CICR, en 1963, les festivités à Paris se font sous le haut patronnage du chef de l’Etat accompagné du président d’alors de la Croix-Rouge française, André François-Poncet. Le diplomate sera également président de la Commission permanente de la Croix-Rouge internationale de 1948 à 1965.