« La communauté internationale a les yeux braqués sur la problématique des combattants étrangers et de leurs familles, relativement peu nombreux. Pour autant, il ne faudrait pas oublier les dizaines de milliers de Syriens qui vivent dans des camps et nécessitent toujours une aide d’urgence. Avec la vague de nouveaux arrivants, le camp d’Al-Hol, au Nord-Est de la Syrie a plus que dépassé ses capacités d’accueil », explique Philip Spoerri, chef de la délégation du CICR en Syrie. « Les nuits y sont glaciales. Une vingtaine d’enfants seraient  morts de froid ces dernières semaines. »

Le CICR et le Croissant-Rouge arabe syrien ont mis en place une cuisine collective, qui sert depuis mi-février des repas chauds aux personnes récemment arrivées dans le camp. Ces derniers jours, la capacité à servir des repas a été renforcée afin de pouvoir produire 6 500 rations quotidiennes composées essentiellement de riz, légumes, boulgour et haricots.

Le CICR et le Croissant-Rouge arabe syrien ont également installé 30 latrines, mais ce chiffre demeure insuffisant et d’autres devront être construites. En parallèle, des milliers de bouteilles d’eau sont distribuées aux nouveaux arrivants ; 98 000 litres d’eau potable sont acheminés par camion jusqu’au camp.

À Al-Hol comme dans d’autres camps, le CICR aide les familles qui ont été séparées par le conflit à rétablir ou maintenir le contact avec leurs proches.

PRÉOCCUPATIONS HUMANITAIRES

Le CICR est profondément préoccupé par le sort des enfants qui vivent dans les camps sans leurs parents ou ceux qui en ont habituellement la garde, ainsi que des autres personnes particulièrement vulnérables. Depuis début 2018, l’équipe du CICR a enregistré environ 1 300 personnes vulnérables, dont 848 enfants, dans les camps de déplacés du nord-est.

Les femmes et les enfants qui arrivent à Al-Hol manquent cruellement de sommeil ; ils ont faim, froid et sont en état de choc. Chaque vague de nouveaux arrivants semble plus mal en point que la précédente.

Les personnes récemment arrivées, y compris des familles avec nourrissons, doivent dormir dehors dans le froid et sous la pluie, abritées seulement par des couvertures pendues aux grillages.

Les histoires qu’on nous raconte sont déchirantes, comme celle de ce petit garçon de 8 ans qui, paniqué, courait partout dans le camp d’Al-Hol à la recherche de sa mère. Nous lui avons proposé un repas de notre cuisine collective, mais il l’a refusé en disant que tout ce qu’il voulait, c’était sa maman. Puis il s’est assis par terre en se prenant la tête dans les mains.

Dans le camp, nous avons rencontré une adolescente sans parents qui s’occupe d’un bébé trouvé dans les décombres d’un immeuble. « La petite est malade et faible, elle ne parle et ne marche presque pas », explique l’adolescente. « Ses parents ont été tués dans un bombardement. Personne ne sait rien de sa famille. On ne connaît même pas son prénom. »