Toute personne (…) pourra donner aux membres de sa famille, où qu’ils se trouvent, des nouvelles de caractère strictement familial et en recevoir. » (Article 25 de la IVe Convention de Genève de 1949)

Sommaire

Le cadre juridique de l’Agence centrale de recherches

Les publications de l’Agence, de 1870 à nos jours 

Bibliographie

L’Agence centrale de recherches est née de la volonté du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), fondé à l’origine pour porter secours aux soldats malades et blessés, de répondre également aux souffrances psychologiques causées par la guerre. Le 18 juillet 1870, trois jours après le début de la guerre franco-prussienne, le Comité international de secours aux militaires blessés – futur ‘Comité international de la Croix-Rouge’ [1] – fonde pour la première fois une agence de renseignement et de secours en faveur des prisonniers de guerre : l’Agence de Bâle. C’est l’origine de l’Agence centrale de recherches (ACR), qui, après avoir été active sous différents noms lors des conflits majeurs de la première moitié du 20e siècle, devient officiellement un département fixe du CICR en 1960.

Les méthodes de travail de l’Agence [2] ont évolué avec les progrès technologiques; son champ d’action s’est étendu pour faire face aux impératifs humanitaires. Elle a néanmoins conservé la même mission centrale tout au long des conflits des 20e et 21e siècles : faire le lien entre les détenus et leurs familles, distribuer correspondance et colis de secours, enquêter sur le sort des disparus et réunir les familles séparées. Dans ce but, elle a effectué un travail immense pour récupérer et exploiter toutes sortes d’informations pertinentes sur le sort des victimes des conflits. La centralisation et la transmission de l’information par un organisme indépendant et neutre, palliant l’interruption des communications entre des pays belligérants, est au cœur du travail humanitaire de l’Agence. Même si elle répond à des souffrances partagées, l’Agence a toujours œuvré pour reconnaître l’individu au sein de la multitude des victimes des conflits. En consignant le parcours des détenus et en le communiquant à leurs proches, elle offre un premier rempart contre les mauvais traitements et les disparitions forcées.

Conçu par la Bibliothèque du CICR, ce guide de recherche sert de point d’entrée à une collection de publications numérisées à l’occasion du 150e anniversaire de l’Agence, célébré en 2020. Il permet à la fois d’explorer les sources du droit sur lesquelles elle a fondé son action et les publications qui en témoignent. Il s’articule en trois parties. La première présente les fondements juridiques de l’action de l’Agence. La seconde introduit les publications qui documentent quatre moments-clés de son histoire : l’Agence de Bâle (1870-1871), l’Agence internationale des prisonniers de guerre (1914-1923), l’Agence centrale des prisonniers de guerre (1939-1960) et l’Agence centrale de recherches (1960 à nos jours). Pour finir, le guide de recherche propose une bibliographie sélective des travaux d’historiens, juristes et humanitaires qui ont étudié le travail de l’Agence et des publications qui se penchent sur les enjeux actuels liés à l’action humanitaire en faveur des détenus, des disparus et des familles séparées dans les zones de conflit. Pour toute question ou suggestion sur son contenu, n’hésitez pas à nous contacter par mail : library@icrc.org.

Les archives de l’Agence

Qu’advient-il des fichiers constitués par l’Agence pendant les conflits, des millions de fiches nominatives qui documentent la capture, le transfert ou le décès d’un prisonnier de guerre ou d’un civil ? Les archives individuelles de l’Agence sont sous la responsabilité d’un service dédié du CICR qui continue à répondre, même des décennies après la fin d’un conflit, aux demandes de recherches que lui font parvenir ses victimes et leurs descendants. En plus des fichiers, ces fonds d’archives comprennent également les dossiers individuels des bénéficiaires de l’action des différentes Agences, les sources d’information à l’origine des fichiers (listes de captifs, certificats de décès et autre renseignements nominatifs sur les victimes d’un conflit), ainsi que la correspondance et les archives administratives des agences et de leurs différents services.

Genève, Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Les archives de l’Agence internationale des prisonniers de guerre constituées au cours de la Première Guerre mondiale (A CICR / Ian Alderman).

Le caractère exceptionnel de ces archives a été reconnu par l’UNESCO en 2007, qui a inscrit les archives de l’Agence internationale des prisonniers de guerre (AIPG) à son registre Mémoire du Monde. Entièrement numérisées, les archives de l’Agence pendant la Première Guerre mondiale peuvent être consultées en ligne sur le site Grande Guerre du CICR. Le fichier de l’AIPG est également exposé au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge à Genève.

Pour en savoir plus sur les archives de l’Agence

Le cadre juridique de l’action de l’Agence centrale de recherches

Un mandat basé sur l’expérience des conflits et consacré par le droit international humanitaire

Nécessité étant mère d’invention, la pratique a systématiquement ou presque devancé le développement du droit dans l’histoire de l’Agence. Ainsi, les créations successives de l’Agence de Bâle (1870-1871), de l’Agence de Belgrade (1912-1913) et de l’Agence internationale des prisonniers de guerre (ci-après abrégée AIPG, active de 1914 à 1923) ne découlaient d’aucune provision du droit international. Ces organisations purent s’appuyer en revanche sur les résolutions des Conférences internationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et sur la collaboration des Sociétés nationales du Mouvement du même nom pour obtenir la légitimité nécessaire à leur action auprès des belligérants. Ainsi, la fondation de la première Agence en 1870 s’appuie sur une résolution de la Conférence internationale tenue à Berlin l’année précédente, qui intègre aux responsabilités du Comité international l’organisation d’un bureau de correspondance et d’information en temps de guerre. [3]

L’Agence reçoit pour la première fois une base conventionnelle lors de l’adoption de la Convention relative au traitement des prisonniers de guerre de 1929. Son article 79 prévoit qu’en cas de conflit international « une agence centrale de renseignements sur les prisonniers de guerre sera créée en pays neutre. Le Comité international de la Croix-Rouge proposera aux Puissances intéressées, s’il le juge nécessaire, l’organisation d’une telle agence. Cette agence sera chargée de concentrer tous les renseignements, intéressant les prisonniers, qu’elle pourra obtenir par les voies officielles ou privées ; elle les transmettra le plus rapidement possible au pays d’origine des prisonniers ou à la Puissance qu’ils auront servie. (…) » Le rôle considérable joué par l’AIPG pendant la Première Guerre mondiale n’est évidemment pas étranger à l’adoption de cet article en 1929, qui consacre son action et assure une base légale solide à ses potentiels successeurs. Cette reconnaissance est d’autant plus importante que le succès du fonctionnement de l’Agence dépend de la coopération des belligérants, le plus souvent seuls en mesure de lui fournir les renseignements nécessaires sur les victimes des hostilités.

Parce qu’elle ne couvre que l’aide aux prisonniers de guerre dans les situations de conflits internationaux, cette première base conventionnelle est vite dépassée. La prochaine action majeure de l’Agence, dès 1936, aura pour cadre un conflit interne : la guerre civile espagnole. [4] Puis, dès 1939, la Seconde Guerre mondiale entraîne une forte expansion de l’action humanitaire de l’Agence en faveur des civils déplacés, internés ou disparus, en complément de celle menée en faveur des prisonniers de guerre prévue dans la Convention de 1929. En vérité, en s’investissant également dans les secours aux civils, l’Agence avait déjà dépassé au cours de la Première Guerre mondiale le cadre juridique qui fut posé par les rédacteurs de la Convention de 1929. Le droit rattrape la pratique avec l’adoption de la Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre le 12 août 1949. Alors que la protection des populations civiles intègre le droit international humanitaire, les bases juridiques de la mission de l’Agence s’élargissent et se précisent. Les Conventions de Genève révisées de 1949 prévoient, en cas de conflits internationaux, l’organisation d’agences centrales de renseignement pour les prisonniers de guerre comme pour les civils.

Comme en 1929, les Conventions de Genève révisées de 1949 ne donnent pas d’office au CICR la responsabilité de l’organisation de ces agences. Stipulant que celui-ci doit être libre de proposer ses services, elles laissent néanmoins aux belligérants la possibilité de s’accorder pour charger un autre organisme de remplir ce rôle. Dans les faits, les agences successives qui se sont appuyées sur cette base conventionnelle ont toujours fonctionné sous l’égide du CICR. Autre écart à noter entre le droit et la pratique, l’Agence a systématiquement assumé le double rôle de bureau de renseignements et d’assistance en faveur des prisonniers de guerre et des civils au sein d’une même structure.  Cette réalité de fait intègre le droit lors de l’adoption en 1977 du Protocole I additionnel aux Conventions de Genève de 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux. L’article 33 « Personnes disparues » du Protocole I fait référence nommément à l’« Agence centrale de recherches du Comité international de la Croix-Rouge », qui existe alors sous ce nom en tant que département permanent du CICR depuis 1960.  Le Protocole II, relatif à la protection des victimes des conflits armés non-internationaux, ne contient en revanche pas de disposition relative à l’Agence. [5] L’ACR continue donc de fonder son action en faveur des victimes des conflits internes, qui représentent une part importante de ses activités depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur le droit d’initiative du CICR. Ce dernier est reconnu à la fois par le droit international humanitaire au travers de l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève et par les statuts de la Croix-Rouge internationale.

Recueil des provisions du droit international humanitaire en vigueur relatives à l’Agence

Convention (I) de Genève pour l’amélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en campagne, 12 août 1949

Art. 16 : Enregistrement et transmission des renseignements (commentaire de 2016)

[extrait] « Les Parties au conflit devront enregistrer, dans le plus bref délai possible, tous les éléments propres à identifier les blessés, les malades et les morts de la partie adverse tombés en leur pouvoir. »

Art. 17 : Prescriptions relatives aux morts. – Service des tombes (commentaire de 2016)

[extrait] « Les Parties au conflit veilleront à ce que l’inhumation ou l’incinération des morts, faite individuellement dans toute la mesure où les circonstances le permettront, soit précédée d’un examen attentif et si possible médical des corps, en vue de constater la mort, d’établir l’identité et de pouvoir en rendre compte. »

Convention (II) de Genève pour l’amélioration du sort des blessés, des malades et des naufragés des forces armées sur mer, 12 août 1949

Convention (III) de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, 12 août 1949

Art. 17 : Interrogatoire du prisonnier (commentaire de 2020)

Art. 30 : Soins médicaux (commentaire de 2020)

Art. 68 : Demandes d’indemnité (commentaire de 2020)

Art. 70 : Carte de capture (commentaire de 2020)

[extrait] « Chaque prisonnier de guerre sera mis en mesure, dès qu’il aura été fait prisonnier ou, au plus tard, une semaine après son arrivée dans un camp (…) d’adresser directement à sa famille, d’une part, et à l’Agence centrale des prisonniers de guerre (…), d’autre part, une carte établie si possible selon le modèle annexé à la présente Convention, les informant de sa captivité, de son adresse et de son état de santé. »

Art. 71 : Correspondance (commentaire de 2020)

Art. 74 : Franchises de port et de transport (commentaire de 2020)

Art. 75 : Transports spéciaux (commentaire de 2020)

Art. 77 : Etablissement et transmission de documents légaux (commentaire de 2020)

Art. 119 : Modalités diverses (commentaire de 2020)

Art. 120 : Testaments, actes de décès, inhumation et incinération (commentaire de 2020)

Art. 122 : Bureaux nationaux (commentaire de 2020)

Art. 123 : Agence centrale (commentaire de 2020)

« Une Agence centrale de renseignements sur les prisonniers de guerre sera créée en pays neutre. Le Comité international de la Croix-Rouge proposera aux Puissances intéressées, s’il le juge nécessaire, l’organisation d’une telle Agence. Cette Agence sera chargée de concentrer tous les renseignements intéressant les prisonniers de guerre qu’elle pourra obtenir par les voies officielles ou privées ; elle les transmettra le plus rapidement possible au pays d’origine des prisonniers ou à la Puissance dont ils dépendent. Elle recevra de la part des Parties au conflit toutes facilités pour effectuer ces transmissions. Les Hautes Parties contractantes, et en particulier celles dont les ressortissants bénéficient des services de l’Agence centrale, sont invitées à fournir à celle-ci l’appui financier dont elle aurait besoin. Ces dispositions ne devront pas être interprétées comme restreignant l’activité humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge et des sociétés de secours mentionnées à l’article 125 ».

Art. 124 : Franchises (commentaire de 2020)

Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, 12 août 1949

Art. 24 : Mesures en faveur de l’enfance (commentaire de 1958)

Art. 25 : Nouvelles familiales (commentaire de 1958)

Art. 26 : Familles dispersées (commentaire de 1958)

Art. 91 : Soins médicaux (commentaire de 1958)

Art. 106 : Carte d’internement (commentaire de 1958)

Art. 107 : Correspondance (commentaire de 1958)

Art. 110 : Envois de secours. – Franchises de port et de transport (commentaire de 1958)

Art. 111 : Transports spéciaux (commentaire de 1958)

Art. 113 : Etablissement et transmission des documents légaux (commentaire de 1958)

Art. 129 : Testaments, actes de décès (commentaire de 1958)

Art. 130 : Inhumation. Incinération (commentaire de 1958)

Art. 136 : Bureaux nationaux (commentaire de 1958)

Art. 137 : Transmissions des informations (commentaire de 1958)

Art. 138 : Détail des informations à transmettre (commentaire de 1958)

Art. 139 : Transmission d’objets personnels (commentaire de 1958)

Art. 140 : Agence centrale (commentaire de 1958)

« Une Agence centrale de renseignements au sujet des personnes protégées, notamment au sujet des internés, sera créée en pays neutre. Le Comité international de la Croix-Rouge proposera aux Puissances intéressées, s’il le juge nécessaire, l’organisation de cette Agence qui pourra être la même que celle prévue par l’article 123 de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre du 12 août 1949. Cette Agence sera chargée de concentrer tous les renseignements du caractère prévu à l’article 136 qu’elle pourra obtenir par les voies officielles ou privées ; elle les transmettra le plus rapidement possible au pays d’origine ou de résidence des personnes intéressées, sauf dans les cas où cette transmission pourrait nuire aux personnes que ces renseignements concernent, ou à leur famille. Elle recevra de la part des Parties au conflit toutes les facilités raisonnables pour effectuer ces transmissions. Les Hautes Parties contractantes, et en particulier celles dont les ressortissants bénéficient des services de l’Agence centrale, sont invitées à fournir à celle-ci l’appui financier dont elle aurait besoin. Les dispositions qui précèdent ne devront pas être interprétées comme restreignant l’activité humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge et des Sociétés de secours mentionnées à l’article 142. »

Art. 141 : Franchises (commentaire de 1958)

Art. 142 : Sociétés de secours et autres organismes (commentaire de 1958)

Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I), 8 juin 1977

Art. 32 : Section III – Personnes disparues et décédées. Principe général (commentaire de 1987)

« Dans l’application de la présente Section, l’activité des Hautes Parties contractantes, des Parties au conflit et des organisations humanitaires internationales mentionnées dans les Conventions et dans le présent Protocole est motivée au premier chef par le droit qu’ont les familles de connaître le sort de leurs membres. »

Art. 33 : Personnes disparues (commentaire de 1987)

Art. 78 : Evacuation des enfants (commentaire de 1987)

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Les publications de l’Agence, de 1870 à aujourd’hui

Cette seconde partie du guide de recherche vous propose de retracer les grandes étapes de l’histoire de l’Agence au travers de ses publications, aujourd’hui conservées et mises à disposition par la Bibliothèque du CICR. Elle ne couvre pas l’ensemble des conflits dans lesquels l’Agence a été active [6], mais se concentre sur quatre contextes clés : ses débuts lors du conflit franco-prussien (1870-1871), son ‘baptême du feu’ pendant la Première Guerre mondiale, le perfectionnement de ses méthodes de travail et l’expansion de son champ d’action pendant la Seconde Guerre mondiale, puis l’émergence d’une Agence permanente et proche des victimes des conflits sur le terrain à partir de 1960.

Selon les contextes et le public visé, les publications de l’Agence ont pris sans surprise des formes diverses. Parmi celles présentées ci-dessous, on retrouve des périodiques et des brochures de diffusion à destination du grand public, qui visent à informer, sensibiliser et soutenir la recherche de fonds. Figurent aussi des rapports d’activité couvrant un conflit ou une période chronologique donnée, le plus souvent produits en amont des Conférences internationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Finalement, l’Agence a publié des manuels à destination des membres du Mouvement ou de ses propres collaborateurs, dans lesquels elle documente ses méthodes de travail et transmet son expertise.

Photographies, films, vidéos et enregistrements sonores sur l’Agence disponibles en ligne

Les archives audiovisuelles du CICR conservent plusieurs dizaines de milliers de documents retraçant ses activités de la fin du XIXe siècle à nos jours. Parmi eux, de très nombreuses photos, films, vidéos et enregistrements sonores relatifs au travail de l’Agence. L’immense majorité de ces précieuses archives ont été numérisées, lorsqu’elles ne sont pas nativement numériques. Pour les consulter, il suffit d’effectuer une recherche – soit en plein texte, soit à l’aide de mots-clés – sur le portail Archives audiovisuelles du CICR.

L’Agence de Bâle (1870 – 1871)

Guerre franco-prussienne, 1870-1871. Liste des prisonniers de guerre allemands internés en France.

Guerre franco-prussienne, 1870-1871. Liste des prisonniers de guerre allemands internés en France.

La guerre opposant la France à une coalition d’Etats allemands menés par la Prusse entre 1870 et 1871 fournit le cadre de la fondation de la première Agence du CICR. À l’origine, celle-ci devait servir à faciliter la transmission des communications et des colis de secours entre les ‘Comité centraux’ – c’est-à-dire les Sociétés nationales du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – situés dans les différents Etats belligérants. Rapidement, le Comité international suggère qu’elle s’emploie également à organiser l’échange de lettres entre les prisonniers de guerre et leurs familles. Dès août 1870, alors que les communications postales ordinaires sont interrompues, près de deux à trois cents lettres transitent quotidiennement par l’Agence [7]. Celle-ci se charge aussi de la transmission des listes des prisonniers blessés soignés dans l’un ou l’autre pays.

L’Agence ouvre un service de renseignements, qui traite les demandes de nouvelles au sujet de militaires disparus. Comme celles-ci se multiplient, le Comité international décide de publier les listes de blessés français recueillis par les troupes allemandes et celles des prisonniers de guerre allemands internés en France pour permettre aux familles d’être directement informées.

Consultez les rapports de l’Agence de Bâle en ligne.

L’Agence internationale des prisonniers de guerre
(1914-1923)

La Première Guerre mondiale marque un tournant dans l’histoire du développement de l’Agence. Une première circulaire du CICR annonce l’ouverture de l’Agence internationale des prisonniers de guerre (AIPG) le 15 août 1914 ; une seconde datée du 27 août en précise le fonctionnement. L’Agence se prépare alors à servir d’intermédiaire entre les bureaux de renseignements constitués par les belligérants, en collaboration avec les Comités centraux, en récoltant les listes de prisonniers et en transmettant aux familles ou localités d’origine des prisonniers de guerre l’annonce de leur capture. Dès l’automne 1914, ses activités connaissent une croissance spectaculaire. Pour faire face à l’arrivée massive des listes de prisonniers et à la multiplication des demandes de recherches, l’AIPG occupe jusqu’à 1200 collaborateurs, dont une part importante de volontaires, et met sur pied une organisation interne minutieuse, basée sur une division poussée du travail.

Photographies de l’Agence internationale des prisonniers de guerre (archives audiovisuelles du CICR, références en note)

Chaque information reçue sur un prisonnier de guerre et chaque demande de recherche font l’objet d’une fiche individuelle, qui sont ensuite classées dans le fichier correspondant à la nationalité du prisonnier. Ainsi, les collaborateurs de l’AIPG tirent parti du plus petit renseignement qui leur parvient. Quand une fiche de renseignement rencontre une fiche de demande relative au même individu, l’Agence peut informer ses proches. À la fin des hostilités, le fichier de l’AIPG est constitué de près de 5 millions de fiches nominatives qui, aujourd’hui numérisées, peuvent être consultées en ligne. En plus de la centralisation et de la transmission de l’information, l’AIPG assure un service de transmission de correspondance, de colis et d’argent aux prisonniers de guerre. La Première Guerre mondiale marque également la naissance du service civil de l’Agence, qui traite les demandes de recherche sur le sort des civils disparus.

L’Agence communique de manière soutenue sur ses activités pendant la Première Guerre mondiale. Cette communication sert sa mission humanitaire ; elle lui permet de transmettre à la société civile les informations d’ordre général qui lui parviennent sur les prisonniers de guerre. En publiant ses rapports de visites des camps de prisonniers, le CICR utilise sa communication publique pour désamorcer la propagande des belligérants et lutter contre la désinformation ambiante.[8] Il s’agit enfin aussi de faire connaître ses activités, pour sensibiliser la population et récolter des fonds pour l’Agence. Ainsi, ‘Le cœur de l’Europe : une visite à la Croix-Rouge internationale de Genève’, récit d’une visite à l’AIPG par Stefan Zweig, est vendu 50 centimes à son profit.

Publications de diffusion et d’information

Actes et rapports d’activités

Le premier manuel de l’Agence : Organisation d’un bureau central de renseignements / Renée-Marguerite Frick-Cramer (1932)

« Un principe absolu de l’ [Agence internationale des prisonniers de guerre] était qu’aucune lettre arrivant à l’Agence ne devait rester sans réponse et que celle-ci devait être aussi précise que possible. »

Le courrier de l’Agence Internationale des prisonniers de guerre (Archives CICR (DR))

Pour en savoir plus sur l’Agence internationale des prisonniers de guerre

L’Agence centrale des prisonniers de guerre (1939 – 1960)

L’Agence centrale des prisonniers de guerre (abrégée ACPG ci-après) est officiellement créée en septembre 1939, suite à l’invasion de la Pologne. Préparé au début des hostilités, le Comité international avait chargé en amont une commission d’étudier la reprise des activités de l’Agence. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la mission de l’ACPG s’inscrit dans la droite lignée de celles de ses prédécesseurs. Chargée de la centralisation de l’information sur les prisonniers de guerre et les internés civils, l’ACPG sert d’intermédiaire neutre pour la communication de ces renseignements entre les pays belligérants. Ses collaborateurs enquêtent sur le sort des disparus pour le compte des familles ; ils assurent la transmission de la correspondance, des dons d’argent et des colis de secours à destination des camps de prisonniers.

Photographies de l’Agence centrale des prisonniers de guerre (archives audiovisuelles du CICR, références en note)

Si la mission est demeurée la même, l’ACPG dispose pour la remplir de moyens techniques nouveaux, comme la photocopie, les microfilms, la radiodiffusion et le télégraphe. Exemple notable, l’emploi de machines statistiques permet la systématisation des enquêtes régimentaires. [9] L’ACPG influence également la manière dont l’information est produite et lui parvient. L’usage de la carte de capture, remplie par chaque prisonnier individuellement lors de son arrivée dans un camp, se répand suite aux efforts du délégué du CICR à Berlin. Envoyée directement à l’ACPG, celle-ci lui permet d’enregistrer et traiter l’information sans avoir à attendre la communication officielle des listes de prisonniers par les belligérants.

Carte de capture de prisonniers de guerre adressée à l’ACPG (Archives du CICR)

 

L’ACPG met également sur pied un système de distribution et de récolte de formulaires pour les messages familiaux, afin que leur transmission ne soit pas freinée par la censure. Finalement, la Seconde Guerre mondiale est caractérisée par l’essor de l’action de l’Agence en faveur des civils. En juin 1947, le fichier de l’ACPG comprend près de 36 millions de fiches, dont 6 à 7 millions concernent des civils. [10]

La fin des hostilités n’entraîne pas la fermeture de l’ACPG. Celle-ci est d’abord occupée par le rapatriement des prisonniers de guerre et la réunion des familles dispersées. Bientôt elle est également sollicitée pour fournir aux anciens prisonniers des attestations de captivité ou d’hospitalisation. En vérité, l’ACPG ne cessera jamais véritablement ses activités après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certes, les Conventions de 1949 prévoient encore l’organisation d’agences ad hoc lors de chaque conflit. Mais, occupée à la fois par les retombées humanitaires de la Seconde Guerre mondiale et l’émergence de nouveaux conflits, l’ACPG se transforme en un département permanent du CICR. Le 1er juillet 1960, elle est renommée ‘Agence centrale de recherches’, pour refléter l’évolution de son mandat.

Les Nouvelles de l’Agence centrale des prisonniers de guerre

La diffusion des Nouvelles de l’Agence pendant la Première Guerre mondiale s’intégrait à une stratégie de communication publique soutenue de l’Agence internationale des prisonniers de guerre. Avec la réouverture de l’Agence lors du second conflit mondial, la publication des Nouvelles reprend. Elles servent néanmoins désormais la communication interne de l’Agence, plutôt que d’instrument de diffusion publique. Les premiers numéros sont apposés d’un tampon ‘confidentiel’. Après 1941 figure en guise d’en-tête la mention : « Les nouvelles sont réservées aux collaborateurs de l’Agence ». Numérisées, les Nouvelles de l’ACPG sont désormais accessibles à tous en ligne.

Publications de diffusion

Rapports d’activité

Pour en savoir plus sur l’Agence centrale des prisonniers de guerre

L’Agence centrale de recherches (de 1960 à nos jours)

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les nouveaux contextes d’intervention de l’Agence s’enchaînent. Celle-ci est active par exemple en Palestine dès 1948, puis pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), pendant la guerre du Vietnam et les guerres d’indépendance sur le continent africain dans les années 60-70, pendant les conflits de Chypre (1964 et 1974), le conflit du Proche-Orient (1967-1973), la guerre civile en Jordanie (1970-1971), le conflit indo-pakistanais (1971), la guerre des Malouines (1982), la première guerre du Golfe (1990-1991), pour ne citer que quelques examples. Les conflits non-internationaux représentent alors une part croissante de ses contextes opérationnels.

L’action du CICR en faveur du rétablissement des liens familiaux en images (archives audiovisuelles du CICR, références des photographies en note)

En même temps qu’elle devient un département permanent du CICR, l’Agence tend à décentraliser ses activités pour se rapprocher des populations affectées. Des bureaux de l’Agence se créent au sein des délégations du CICR dans les zones de conflits. Ce sont eux qui se chargent de traiter les demandes de recherches, transmettre les messages familiaux, préparer le regroupement des familles séparées et délivrer des titres de voyage. Si son activité en faveur des détenus n’a jamais cessé, le développement de l’Agence est également marqué par l’essor de son action pour la population civile lors de conflits non-internationaux, d’autres situations de violence, de désastres naturels et en lien avec la migration. Sa stratégie actuelle s’appuie toujours sur une collaboration étroite avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, avec lesquelles elle forme le réseau international de rétablissement des liens familiaux du Mouvement. [11] Pour aider à clarifier le sort des personnes portées disparues, l’ACR et la division Protection du CICR développent également une expertise reconnue en science médico-légale, qui vise à soutenir les autorités responsables dans leur travail d’identification des personnes décédées. [12]

Dernière évolution majeure à relever ici, l’informatisation des méthodes de travail de l’Agence a révolutionné ses possibilités en matière de gestion et d’exploitation de l’information. [13] Elle amène en même temps son lot de risques, liés par exemple à la protection des données personnelles. [14] L’Agence est présente sur le web au travers de la plateforme publique Rétablissement des liens familiaux, gérée en collaboration avec les Sociétés nationales du Mouvement et qui propose aussi des services de recherche en ligne. En 2019, les collaborateurs de l’ACR et de la division Protection du CICR ont transmis 141’590 messages familiaux, ont permis à plus de 13’000 détenus de recevoir des visites de leur famille et ont pu éclaircir le sort de 9’503 individus disparus pour le compte de leurs proches. [15]

La doctrine du CICR en matière de protection

Le travail de l’Agence s’intègre aux activités de protection du CICR, l’un des quatre grands piliers de son action – prévention, assistance, coopération et protection. Le cadre institutionnel de cette action est posé dans la doctrine du CICR en matière de protection adoptée en 2008. Pour plus d’information sur la doctrine, c’est-à-dire l’ensemble des textes de référence validés par l’Assemblée du CICR pour garantir la cohérence et la pérennité de son action, consultez notre guide de recherche dédié.

Publications de diffusion : sélection

Guides et manuels

Comment créer un bureau de recherches (1970) – aussi disponible en anglais et espagnol.

Guide à l’intention des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (1988) – aussi disponible en anglais, espagnol, portugais, allemand, arabe, russe).

Lignes directrices pour les recherches en cas de désastres / en collaboration avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (1989) – aussi disponible en anglais, espagnol et arabe).

Agence centrale de recherches : conseils à l’attention des Services de recherches des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : fichier nominal et outil informatique : guide de l’utilisateur (1994) – aussi disponible en anglais).

Agence centrale de recherches : conseils à l’attention des Services de recherches des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : communication de données individuelles par voie électronique (1996) – aussi disponible en anglais.

Rétablissement des liens familiaux : guide à l’intention des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (2000) – aussi disponible en anglais, espagnol et arabe.

Gestion des dépouilles mortelles lors de catastrophes : manuel pratique à l’usage des premiers intervenants / Morris Tidball-Binz et al. (2e ed., 2016) – aussi disponible en anglais, espagnol, portugais, arabe, russe et chinois.

Accompagner les familles des personnes portées disparues : guide pratique (2015) – aussi disponible en anglais.

Standards professionnels pour les activités de protection menées par les organisations humanitaires et de défense des droits de l’homme lors de conflits armés et d’autres situations de violence / CICR, en collaboration avec un groupe consultatif composé de collaborateurs de différentes organisations et ONG (2018) – aussi disponible en anglais, espagnol et arabe.

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Bibliographie sélective

Ouvrages de référence

L’Agence centrale de recherches du Comité international de la Croix-Rouge : activité du CICR en vue du soulagement des souffrances morales des victimes de guerre / Gradimir Djurovic. Genève : Institut Henry Dunant, 1981 – aussi disponible en anglais.

Etude vaste et fouillée consacrée à l’Agence centrale de recherches (ACR) de ses origines aux années 1970, préparée par l’un de ses anciens collaborateurs.

Le Comité international de la Croix-Rouge et la protection des victimes de la guerre / François Bugnion. 2e ed., Genève : CICR, 2000 (1994) – aussi disponible en anglais, chinois et russe.

L’Agence au cœur des conflits du XIXe et XXe siècles

La Croix-Rouge et les prisonniers de guerre : l’émergence d’une préoccupation (1863 – 1912) / Bernard Mercier. Genève : B. Mercier, 1991.

(S’)aider pour survivre : action humanitaire et neutralité suisse pendant la Première Guerre mondiale / Cédric Cotter. Chêne-Bourg : Georg, 2017.

Action humanitaire et quête de la paix : le prix Nobel de la paix décerné au CICR pendant la Grande Guerre / études réunies par Valérie Lathion, Roger Durand, François Bugnion, Françoise Dubosson, Irène Herrmann et Daniel Palmieri. Genève : Fondation Gustave Ador ; Georg, 2019.

Romain Rolland et l’Agence des prisonniers de Genève (1914-1916) / Claire Basquin. Paris : s.n., 1999. Thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe, Ecole nationale des Chartes, Paris.

La Grande Guerre 1914-18, un nouveau défi pour le CICR ? : l’Agence internationale des prisonniers de guerre et son action en faveur des civils / Jessica Pillonel. Mémoire de master, Université de Genève, 2012.

Le CICR, le Vatican et l’œuvre de renseignements sur les prisonniers de guerre : rivalité ou collaboration dans le dévouement ? / Delphine Debons, Relations internationales, no 138, 2009.

Les enfants grecs déplacés et l’Agence centrale des prisonniers de guerre / E.L. Jaquet, Revue internationale de la Croix-Rouge, no. 378, 1950.

Coopération entre l’Agence centrale de recherches du Comité international de la Croix-Rouge et les Services de recherches des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge / Nicolas Vecsey. Revue internationale de la Croix-Rouge, no. 771, 1988.

La coopération du Comité international de la Croix-Rouge avec les services de recherches des Sociétés nationales dans les états nouvellement indépendants de l’ex-URSS / Violène Dogny. Revue internationale de la Croix-Rouge, no. 830, 1998.

L’action de l’Agence centrale de recherches du CICR dans les Balkans durant la crise des réfugiés kosovars / Thierry Schreyer, Revue internationale de la Croix-Rouge, no. 837, 2000.

Reuniting children separated from their families after the Rwandan crisis of 1994: the relative value of a centralized database / Maarten Merkelback. International Review of the Red Cross, vol. 82, no. 838, 2000.

The International Committee of the Red Cross: identifying the dead and tracing missing persons, a historical perspective / Isabelle Vonèche Cardia. Chapter in Violence, statistics and the politics of accounting for the dead, Cham [etc.]: Springer, 2016.

Enjeux humanitaires contemporains

L’assistance aux personnes disparues et aux familles séparées

New technologies and new policies: the ICRC’s evolving approach to working with separated families / Olivier Dubois, Katharine Marshall, and Siobhan Sparkes McNamara. International Review of the Red Cross, Vol. 94, no. 888, 2012.

Missing persons: multidisciplinary perspectives on the disappeared / ed. by Derek Congram. Toronto: Canadian scholars’ press, 2016.

International Review of the Red Cross, Vol. 99, no 905, 2017. Edition spéciale The missing Missing migrants and their families: the ICRC’s recommendations to policy-makers / CICR. Geneva: ICRC, 2017.

Clarifying the fate and whereabouts of missing migrants: exchanging information along migratory routes : report on the workshop : 15-16 May 2019, Antigua, Guatemala / report written by Gabriella Citroni and commissioned by the Missing Persons Project of the ICRC, Geneva: ICRC, 2019.

The search for missing persons, including victims of enforced disappearances: report on the international expert working meeting: 3-4 September 2019, Jordan / written by Gabriella Citroni and commissioned by the Missing Persons Project of the ICRC, Geneva: ICRC, 2020.

Supporting and strengthening work with relatives of missing persons: report on the workshop: 2-3 July 2019, Sarajevo, Bosnia and Herzegovina / written by Shari Eppel and commissioned by the Missing Persons Project of the ICRC, Geneva: ICRC, 2020.

Le déplacement durant les conflits armés : comment le droit international humanitaire protège en temps de guerre et pourquoi c’est important / Cédric Cotter. Genève : CICR, 2019 – aussi disponible en anglais, espagnol, arabe.

Identifier les victimes des conflits

Violence, statistics, and the politics of accounting for the dead / ed. by Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Elizabeth Minor and Samrat Sinha. Cham [etc.]: Springer, 2016.

The ICRC AM/PM database: challenges in forensic data management in the humanitarian sphere / Ute Hofmeister. Forensic Science International, Vol. 275, 2017.

International humanitarian law: the legal framework for humanitarian forensic action / Gloria Gaggioli. Forensic Science International, Vol. 282, 2018.

Forensic science and humanitarian action: interacting with the dead and the living / Sara C. Zapico, Douglas H. Uberlaker, Roberto C. Parra, Chichester : J. Wiley, 2020.

Pour en savoir plus : toute la documentation disponible à la Bibliothèque du CICR sur l’Agence


[1] Le nom actuel de ‘Comité international de la Croix-Rouge’ fait l’objet d’une décision de 1875, puis est officiellement reconnu en 1882.

[2] L’emploi du terme ‘Agence’ s’entend ici et dans la suite du texte dans un sens large, en remplacement de la formule ‘les agences de recherches successives du CICR’. Les agences individuelles seront ultérieurement désignées par leur abréviation spécifique, tel ‘ACR’ pour la forme contemporaine de l’Agence, l’Agence centrale de recherches.

[3] « En cas de guerre, le Comité international veillera à ce qu’il se forme, dans une localité convenablement choisie, un bureau de correspondance et de renseignements qui facilite de toutes manières, l’échange des communications entre les comités et la transmission des secours ». (source) Extrait du compte rendu des travaux de la Conférence internationale tenue à Berlin du 22 au 27 avril 1869 par les délégués des Gouvernements signataires de la Convention de Genève et des sociétés et associations de secours aux militaires blessés et malades, Berlin : J.F. Starcke, 1869.

[4] Le Service des recherches et des cas individuels du CICR, héritier de l’AIPG, se dote début octobre 1936 d’un service spécial pour l’Espagne. Le refus des belligérants de systématiser l’envoi des listes de leurs prisonniers le limite dans l’exercice du mandat d’une véritable agence centrale de renseignements. Un fichier de plus de 120’000 noms de prisonniers est tout de même constitué sur la base des renseignements recueillis par les délégués du CICR sur le terrain ou transmis par des sources indirectes ou officieuses. L’action de l’Agence pendant la guerre d’Espagne est marquée par l’essor du système des messages Croix-Rouge. Alors que le pays est divisé en deux et que les communications postales sont interrompues, celui-ci représente bientôt le seul moyen de communication à la disposition des familles séparées par le conflit. Pour en savoir plus sur l’action du CICR pendant la guerre d’Espagne : https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/la-guerre-d-espagne-1936-1939-deploiement-et-action-du-cicr-en-images/

[5] Le projet de protocole soumis par le CICR à la Conférence diplomatique de 1974-1977 comprenait un article 34 intitulé ‘Enregistrement et information’ qui prévoyait l’organisation de bureaux de renseignements par les parties au conflit et la transmission des informations relatives aux victimes à leurs familles, au besoin par l’intermédiaire de l’Agence. La Conférence diplomatique, jugeant ce projet trop fourni et risquant d’empiéter sur la souveraineté nationale des États parties, adoptera finalement une version simplifiée et amputée de plusieurs articles (dont l’article 34) du projet de protocole soumis par le CICR.

[6] Pour se documenter en ligne sur l’activité de l’Agence dans les conflits non couverts par ce guide de recherche, consulter les rapports d’activité du CICR, ses communiqués de presse, ses circulaires ainsi que les numéros du Bulletin international des Sociétés de la Croix-Rouge ou de la Revue internationale de la Croix-Rouge parus pendant le conflit en question.

[7] Gradimir Djurovic, L’Agence centrale de recherches du Comité international de la Croix-Rouge : activité du CICR en vue du soulagement des souffrances morales des victimes de guerre, Genève : Institut Henry Dunant, 1981, p. 18.

[8] Pour en savoir plus, lire l’article de Cédric Cotter, « Le CICR contre les fake news ? Rétablir la vérité pendant la Première Guerre mondiale » paru sur CROSS-files en 2018.

[9] Les machines statistiques employées par l’ACPG lui permettent de trier automatiquement les listes de prisonniers pour identifier les membres d’un même régiment. Ses collaborateurs peuvent alors entreprendre des démarches pour le compte des familles des disparus auprès de ceux qui ont le plus de chance de connaître leur sort.

[10] Gradimir Djurovic, L’Agence centrale de recherches du Comité international de la Croix-Rouge : activité du CICR en vue du soulagement des souffrances morales des victimes de guerre, Genève : Institut Henry Dunant, 1981, p. 215.

[11] Pour plus d’informations sur le réseau international de rétablissement des liens familiaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : https://familylinks.icrc.org/en/Pages/home.aspx

[12]  Ainsi, trente-six ans après la fin de la guerre des Malouines, une équipe forensique du CICR a prélevé des échantillons d’ADN sur les dépouilles de 122 soldats inconnus, dans l’espoir de leur redonner un nom et de permettre à leurs familles de faire leur deuil. 89 d’entre eux furent identifiés au terme des analyses. Source : https://www.icrc.org/fr/document/iles-falklandmalouines-redonner-un-nom-aux-morts. Pour en savoir plus sur l’action du CICR en faveur des personnes disparues : Missing persons project: working together to address a global human tragedy (2018).

[13] En 1981, Gradimir Djurovic écrit que « l’efficacité du travail de l’Agence est encore plus grande aujourd’hui grâce à l’utilisation d’un ordinateur récemment acquis ». On imagine sans peine le chemin parcouru depuis. (L’Agence centrale de recherches du Comité international de la Croix-Rouge : activité du CICR en vue du soulagement des souffrances morales des victimes de guerre, Genève : Institut Henry Dunant, 1981, p. 282). Pour en savoir plus sur l’informatisation de l’Agence : New technologies and new policies: the ICRC’s evolving approach to working with separated families (2012).

[14] Pour en savoir plus : Règles du CICR en matière de protection des données personnelles, adoptées par l’Assemblée du CICR le 19 décembre 2019.

[15] Données chiffrées tirées du rapport annuel du CICR pour 2019, p. 98-99. Les rapports d’activité du CICR peuvent être consultés en ligne : https://blogs.icrc.org/cross-files/fr/rapports-d-activite/


Références des photographies de l’AIPG, ACPG et ACR illustrant le guide de recherche

  • Agence internationale des prisonniers de guerre: V-P-HIST-01774-21 (A CICR (DR)); V-P-HIST-00578-26 (CICR); V-P-HIST-00569-15 (Ville de Genève/CICR); V-P-HIST-03557-20 (A CICR (DR)).
  • Agence centrale des prisonniers de guerre: V-P-HIST-03573-25 (A CICR (DR)/Lacroix); V-P-HIST-00466 (StAAG/RBA); V-P-HIST-03567-15 (A CICR (DR)/G.M.G); V-P-HIST-03556-27 (StAAG/RBA).
  • Agence centrale de recherches: V-P-SN-E-00349 (CICR/José Cendon); V-P-IQ-E-02042 (CICR/Mohammad Jawad Alhamzah); V-P-BI-N-00026-06 (CICR/Chris Sattlberger); V-P-CY-D-00002-03 (CICR/Max Vaterlaus); V-P-CY-D-00001-11 (CICR/Max Vaterlaus).