Le CICR tente de faire la lumière sur le sort de 23 000 personnes portées disparues lors du conflit armé international entre la Russie et l’Ukraine. Qu’elles aient été capturées, tuées ou séparées à la suite des combats, l’incertitude demeure une terrible épreuve pour les familles ; celle-ci s’ajoutant aux immenses pertes et souffrances déjà subies.

Deux ans après le début des hostilités, les besoins humanitaires continuent d’augmenter, notamment pour les millions de déplacés – en Ukraine, en Russie et au-delà.

« Être sans nouvelles d’un proche est un véritable supplice, une angoisse permanente. Cette réalité tragique, des dizaines de milliers de familles y sont confrontées. Elles ont le droit de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches et, quand c’est possible, d’échanger avec eux des nouvelles », rappelle Dusan Vujasanin, chef du bureau de l’Agence centrale de recherches (ACR) du CICR pour le conflit armé international entre la Fédération de Russie et l’Ukraine.

115 000 demandes de recherches ouvertes

Au 31 janvier 2024, le CICR, avec l’appui de Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge – en Ukraine, en Russie et ailleurs –, ont aidé 8 000 familles à obtenir des informations sur le sort de leurs proches ou l’endroit où ils se trouvaient. Au cours des deux dernières années, l’institution a reçu plus de 115 000 demandes de recherches de la part de familles d’Ukraine et de Russie (par téléphone, via ses plateformes en ligne, par courrier ou lors d’entretiens en face à face).

« Nous avons permis à des milliers de personnes de reprendre contact avec un proche dont elles avaient perdu la trace ou d’obtenir des informations sur ce qui lui était arrivé. Mais tant d’autres sont encore dans l’attente et l’incertitude. Chaque jour, nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider le plus de familles possible », poursuit M. Vujasanin.

Exemples de témoignages

« La prochaine fois que vous verrez mon mari, je vous en prie, dites-lui que notre enfant est né hier, que nous allons tous les deux bien et que nous attendons son retour. »

« Je suis si heureuse de savoir que mon fils est vivant. Je n’avais plus eu de ses nouvelles depuis environ deux mois. J’étais comme morte durant cette période. »

« Je n’ai plus de larmes à verser. Il ne me reste que la douleur, mon cœur est brisé. »

Ouvert en mars 2022, le Bureau de l’ACR pour le conflit armé international entre la Russie et l’Ukraine travaille avec les parties à prévenir les disparitions et à aider les familles à la recherche d’un proche des deux côtés de la ligne de front.

Bureaux nationaux de renseignements

Conformément aux Conventions de Genève, les deux pays ont chacun établi un bureau national de renseignements (BNR) chargé de collecter, centraliser et transmettre les informations relatives aux personnes protégées (telles que les prisonniers de guerre et les internés civils) qui se trouvent entre leurs mains.

L’Agence centrale de recherches du CICR

Agissant en tant qu’intermédiaire neutre entre la Russie et l’Ukraine, le Bureau de l’ACR collecte, centralise et enregistre ces informations, puis les transmet au camp concerné. Les Conventions de Genève disposent que chaque partie à un conflit est tenue de communiquer au CICR une liste de toutes les personnes protégées tombées en son pouvoir – une mesure qui réduit considérablement les risques de disparition.

« Lorsque nous parvenons à faire le lien entre une demande de recherches et les renseignements reçus des BNR, c’est un immense soulagement pour les proches après de longs mois d’incertitude », indique M. Vujasanin.

CICR et Sociétés nationales de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge, main dans la main

Le CICR travaille en étroite collaboration avec ses partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans une cinquantaine de pays afin d’apporter aux familles de personnes disparues ou de prisonniers de guerre, les réponses qu’elles attendent. Il aide également les parties au conflit à s’acquitter de leurs obligations juridiques en matière de traitement des restes humains (récupération des corps, identification, transfert et rapatriement), notamment en assurant le rôle d’intermédiaire neutre lorsque c’est nécessaire.

Le droit de savoir

Le droit pour les familles de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches disparus est inscrit dans le droit international humanitaire. Dans tout conflit armé international, les parties ont l’obligation de prévenir les disparitions et de veiller à ce que les familles qui sont à la recherche d’un proche soient informées de ce qui lui est arrivé. Elles sont en outre tenues de traiter les personnes qui sont sous leur contrôle avec humanité et de faire en sorte que les morts soient pris en charge de manière digne.