L’image demeure le vecteur principal de la propagande humanitaire, de la communication, pardon ! Le CICR l’a compris dès sa naissance il y a 160 ans. Les premières photos de guerre sont apparues en même temps que les débuts de l’action et du droit international humanitaires.
La photographie fut très tôt utilisée pour illustrer les violations du droit ou de la geste humanitaire. Voici une leçon du photographe Lucien Lorelle : en 1949, la Croix-Rouge française l’avait contracté pour réaliser une série d’affiches.
49, année philanthropique
1949, année très importante. Elle voit la naissance des quatre Conventions de Genève protégeant les civils et les combattants blessés ou détenus dans les guerres. 1949 est aussi une révélation : la moitié de l’humanité vit sous le seuil de pauvreté. Le président Truman l’affirme dans son discours d’investiture de son deuxième mandat à la Maison Blanche.
La France rongée par la pauvreté
L’année 1949 est aussi celle d’un jeune curé, Henri Grouès qui crée les Compagnons d’Emmaüs. Il entrera dans l’histoire sous le nom de l’Abbé Pierre (1912 – 2007). Son œuvre exceptionnelle contre les pauvretés lui survivra.
La Croix-Rouge française n’est pas en reste cette année-là. Forte de son important réseau, elle aussi s’engage auprès des plus vulnérables. Le pays subit toujours les restrictions de l’après-guerre et peine à se remettre de l’occupation allemande et de la collaboration. Les pauvres sont légions.
C’est ainsi, qu’à l’instar de l’Abbé Pierre, la société nationale de la Croix-Rouge lance une croisade. Pour la propagande par l’image, elle fait appel au portraitiste en vogue de l’après-guerre, le photographe Lucien Lorelle (1894-1968).
Petite leçon de propagande
Voici une petite leçon de photographie de propagande dans les coulisses d’une création intitulée « la pauvreté ». Lucien Lorelle révèle sa façon de construire une composition. Un travail préparatoire, soigneusement commenté, témoignage des discussions entre la Croix-Rouge française et le photographe : « Couper cette surface (2 objets au lieu d’un) », « Remplacer par de la layette », « à équilibrer, mettre un biberon », « ne pas conserver de bague », etc.
Ainsi, « la pauvreté » deviendra une affiche au message plus qu’interpellatif : « pour sauver mon enfant, aidez la Croix-Rouge française » ! Elle sera complétée par une autre, montrant un enfant, signée elle aussi Lorelle.
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