De janvier à novembre 2022, le CICR à Kaboul a enregistré une augmentation de 50% du nombre d’enfants affectés de paralysie cérébrale (1673 en 2022 contre 1125 l’année précédente).
Ce handicap résulte de lésions irréversibles survenues sur le cerveau du fœtus ou du nourrisson, dues à la destruction de certaines cellules du cerveau en développement, et que l’on ne sait pas encore réparer. Les infections ou maladies pendant la grossesse, les accouchements difficiles ou encore la prématurité sont les principales causes de la paralysie cérébrale.
« Même si nous ne pouvons pas établir un lien direct entre l’augmentation du nombre de patients et l’aggravation de la situation humanitaire en Afghanistan, nous savons que de plus en plus d’Afghans ne mangent pas à leur faim et qu’il y a une nette augmentation du nombre de cas de malnutrition », explique le Dr. Rasekh.
Des soins pour améliorer la qualité de vie des patients
Bien que les dommages soient irréversibles, les patients atteints de paralysie cérébrale peuvent bénéficier dans les sept centres de réadaptation du CICR de soins physiothérapiques dispensés gratuitement. « Ces soins améliorent la qualité de vie des patients et les aident à atteindre le maximum de leurs capacités.
Plus le patient est pris en charge tôt, plus ses chances de voir la situation s’améliorer seront grandes », explique le Dr Rasekh. Ces soins permettent d’éviter les déformations, les tensions musculaires et les escarres ainsi qu’aux patients d’être moins dépendants de leurs proches.
La plupart des familles qui viennent dans les centres de réadaptation physique du CICR ne comprennent pas pourquoi leurs enfants sont atteints de paralysie cérébrale. « Nous voyons des familles avec trois ou quatre enfants touchés par ce handicap. La plupart des parents n’ont pas bénéficié d’éducation et connaissent des difficultés financières. Ils ne savent pas l’importance pour une femme enceinte de bien se nourrir et de se reposer », explique le Dr. Rasekh.
« J’ai dû quitter mon emploi pour m’occuper de ma fille »
Pour les familles, ce handicap engendre de nombreuses difficultés. Susan était enseignante. Elle a démissionné pour s’occuper de sa fille atteinte de paralysie cérébrale. Aujourd’hui, cela fait sept ans que l’enfant est soignée dans le centre de réadaptation du CICR. La mère de famille observe des améliorations. Elle considère que les soins dont sa fille bénéficie lui ont permis d’acquérir plus d’indépendance. Désormais, son vœu le plus cher : « que sa fille puisse être autonome pour se nourrir, s’asseoir, prendre soin d’elle et aller à l’école ».
Une précarité extrême qui limite l’accès aux soins
Alors que la crise économique en Afghanistan touche des millions de personnes, les difficultés pour les familles d’enfants atteints de paralysie cérébrale sont multiples, à commencer par la logistique : comment se rendre à Kaboul sans voiture, sans transport en commun ?
« J’ai dû emprunter de l’argent pour louer une voiture pour amener mon fils au centre. On nous a demandé de revenir dans 15 jours, mais je ne sais pas où trouver de l’argent pour louer à nouveau une voiture », explique Noorullah, qui vit à 200 kilomètres de Kaboul, à Khost. Malgré les difficultés, le fils de Noorullah bénéficie depuis plus de quatre ans de soins. « Grâce aux conseils du médecin et aux exercices réguliers, il a récupéré environ 20 % de ses capacités ».
Chaque mois, ce sont plus de 1000 patients qui sont soignés au centre de réadaptation physique de Kaboul pour une paralysie cérébrale : 300 nouveaux patients et environ 750 patients qui reviennent régulièrement pour poursuivre les soins. Bien qu’ils soient nombreux à bénéficier des soins des physiothérapeutes du CICR, il reste beaucoup à faire. À ce jour, plus de 1 200 enfants atteints de paralysie cérébrale sont sur la liste d’attente des centres de réadaptation physique du CICR pour recevoir des soins.
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