Dans 90 jours – délai légal de mise en œuvre – l’Humanité sera enfin débarrassée du fléau, sorte d’épée de Damoclès qui ne s’abattit qu’une seule fois, une terrifiante fois de trop. C’était en 1945 sur Hiroshima puis Nagasaki.
Le combat d’une vie
On imagine la joie de Setsuko Thurlow née Nakamura (Japon). La rescapée du bombardement de Hiroshima – 13 ans à l’époque – a consacré sa vie au noble combat de l’abolition des armes nucléaires. L’une des plus célèbres Ibakusha peut aujourd’hui goûter au bonheur du devoir accompli. En février dernier, nous l’avions rencontrée au Forum d’ICAN, la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires ayant reçu le prix Nobel de la paix en 2017 pour son rôle dans l’élaboration de ce traité. Ses années de colère et indignation ont fini par payer !
Ne nous leurrons, cette magnifique victoire, initiée par une opiniâtre mobilisation de la société civile à travers notamment le collectif international ICAN (Chapeau pour ces années d’activisme !) et aussi certains Etats comme l’Autriche, restera symbolique. Qu’envisager de mieux tant que les Etats possesseurs avérés ou supposés l’être de l’arme nucléaire, Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord, Israël n’auront pas rejoint le Traité… Ne soyons pas trop naïfs et à leur endroit, incitons au principe d’exemplarité qui prévoirait que « plus on est puissant, plus on est scrupuleux du respect du droit ».
Poursuivre la mobilisation
La mobilisation doit ainsi se poursuivre pour que l’arme nucléaire rejoigne enfin le cimetière des armes de destruction massive. Toutes par essence violent le droit international humanitaire :
- Le Principe de distinction entre combattant et non-combattant ? Violé !
- Le principe de proportionnalité ? Violé !
- Le principe de précaution ? Violé !
- Le principe de ne pas causer de maux superflus ? Violé !
- Le principe de ne pas causer des dommages durables à l’environnement ? Violé !
A l’aune de ces principes intangibles, le CICR s’est engagé très tôt, voire parmi les premiers, dès 1949, juste après la révision des Conventions de Genève, dans le combat pour l’abolition des armes nucléaires. Des décennies durant et particulièrement durant celles de la Guerre froide et de l’ « équilibre de la terreur », les juristes du CICR ont posé les jalons d’une interdiction. Le monde de l’époque, se partageait entre bloc de l’est et bloc de l’ouest, ne voulait rien entendre. A la fin, tout le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’est retrouvé mobilisé.
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L’effondrement de l’Union soviétique a changé la donne dès le début des années 90. Pour autant, la menace nucléaire depuis perdure. Il n’y a qu’a voir comment les Etats détenteurs de l’arme nucléaire continuent de faire la sourde oreille aux appels des peuples. L’entrée en vigueur du traité et ses 50 ratifications nécessaires resteront au regard de l’histoire comme la victoire de petits Etats mais aussi de citoyens soucieux d’améliorer le sort de l’humanité et de la planète qui l’héberge et la tolère.
Au fait, depuis samedi, l’horloge de l’apocalypse a-t-elle aussi changé de d’heure, de quelques secondes ?
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