Que ce soit en temps de guerre, de paix ou en temps de pandémie, le rôle joué par les personnels soignants est considérable et indispensable. Dans une mini-série d’articles, découvrez le portrait de quatre infirmières CICR qui comme tous leurs collègues, traversent une période de crise sanitaire, à la différence qu’elles, travaillent dans des pays en guerre. Portrait 2/4 : Angela, infirmière de bloc opératoire dans le pays le plus jeune de la planète, le Soudan du Sud.

Angela est une infirmière anglaise qui revient tout juste d’une mission au Soudan du Sud. Pendant plusieurs mois, elle travaillait dans un hôpital du CICR, situé dans un village qui ne s’atteint que par avion ou hélicoptère et encore… lorsqu’il ne pleut pas.

A quoi ressemble le métier d’infirmière dans un pays en guerre comme le Soudan du Sud ?

Le conflit et les violences intercommunautaires ont malheureusement assombri les jeunes années du Soudan du Sud. Et nous, nous nous occupons des personnes qui subissent les effets de cette violence.

Prendre en charge des personnes blessées par arme est tout sauf de la routine : les blessures auxquelles nous avons affaire ne ressemblent en rien à ce qui constitue mon quotidien en Angleterre.

À chaque nouvelle flambée de violence, le nombre de blessés qui se présentent à l’hôpital monte soudainement en flèche, tous avec des blessures par arme à feu ou d’autres traumatismes graves. L’hôpital connaît alors un grand regain d’activité.

C’est dans ces moments-là que vous avez à prendre des décisions dans l’urgence. Et, compte tenu de la limitation des ressources, ces décisions peuvent être très difficiles. Après coup, il vous arrive de vous demander si vous avez pris la bonne décision, de vous remettre en question.

Je me rends compte que les choix que je fais Soudan du Sud sont très différents de ceux que je ferais dans mon ancien hôpital de Londres, et cela juste pour une question de disponibilité des ressources.

Dans quelle situation sanitaire se trouve le pays ?

Le système de santé est déjà mis à rude épreuve. Dans tout le pays, il n’y a en tout et pour tout que quatre respirateurs. Le Soudan du Sud ne dispose tout simplement pas des installations sanitaires, du matériel médical et des personnels de santé dont il aurait besoin pour faire face à la situation.

L’arrivée du Covid-19 au Soudan du Sud nous inquiète énormément.

Le manque de matériel, mais pas que…

Il ne faut pas oublier non plus le nombre considérable de personnes – environ 1 million et demi – qui ont dû abandonner leur foyer en raison du conflit et qui, chaque jour, peinent à se procurer de l’eau potable, du savon, de la nourriture et des soins de santé, aussi élémentaires soient-ils.

Mais, au-delà des aspects purement médicaux, il y a d’autres éléments qui rendent la vie d’une infirmière dans cette région du monde un peu plus palpitante, ne serait-ce que la chaleur : à la saison sèche, la température monte souvent au-dessus de 50 degrés.

Qu’est-ce qui vous différencie ou vous rapproche de vos collègues en Angleterre ?

Ici, par exemple, nous devons toujours faire attention aux serpents et aux scorpions. Lors d’une mission précédente dans le pays, je me souviens que nous avions soigné une dame qui avait été amenée à l’hôpital après avoir été mordue par un serpent.

Ce matin-là, elle était allongée sur son lit, quand soudainement elle avait pointé son doigt vers le plafond : il y avait un mamba vert juste au-dessus de sa tête ! Une façon vraiment originale d’entamer la journée.

Mais en tant qu’infirmiers et infirmières, nous donnons tous le meilleur de nous-mêmes pour prendre soin des personnes les plus vulnérables. Et c’est partout pareil, quel que soit l’endroit du monde où vous travaillez.