Au cœur des décombres d’un hôpital du Sud-Liban, les articles de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils s’élèvent en lettres noires. Inscrits sur les murs endommagés par les frappes, ils font entendre la voix du droit là où tout semble réduit au silence. Cette scène, aussi poignante que symbolique, est au centre de la nouvelle campagne du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Liban, intitulée « Laws Under Attack » (des lois prises pour cibles). Elle vise à alerter l’opinion publique mondiale sur les violations répétées du droit international humanitaire, notamment à l’encontre des structures médicales.

En 2024, alors que les violences s’intensifient au Liban, un hôpital du sud du pays est gravement touché par des bombardements, interrompant la continuité des soins. Face à cette tragédie, le CICR choisit de faire de ces ruines un manifeste. En collaboration avec l’agence TBWA\RAAD et l’artiste libanais Ghaleb Hawila, calligraphe et muraliste, les articles des Conventions de Genève sont inscrits sur les pierres meurtries. Les mots du droit, gravés dans les vestiges, deviennent les témoins d’un appel urgent : les lois de la guerre existent, elles doivent être respectées.

« Cette campagne est essentielle », affirme Simone Casabianca – Aeschlimann, cheffe de la délégation du CICR au Liban. « Elle nous rappelle ce qui peut et doit être fait pour épargner les civils. Elle réaffirme la nécessité de protéger les équipes médicales et humanitaires, afin qu’elles puissent exercer leur mission avec dignité. »

Article 18 – Protection des hôpitaux civils

« Les hôpitaux civils organisés pour donner des soins aux blessés, aux malades, aux infirmes et aux femmes en couches ne pourront, en aucune circonstance, être l’objet d’attaques ; ils seront, en tout temps, respectés et protégés par les Parties au conflit. »

L’initiative ne se contente pas de dénoncer. Elle émeut, interpelle, mobilise. Loin d’être un simple message visuel, elle est un appel lancé à la communauté internationale et un rappel que les règles de la guerre ne sont pas facultatives. Que les hôpitaux ne sont pas des cibles. Que les soignants ne sont pas des boucliers.

Chaque fissure dans les murs, chaque trace de feu, chaque impact devient un fragment de ce manifeste. Si les lois ont été écrites à l’encre, les bombes, elles, ne parviendront pas à les effacer.

À travers cette campagne, le CICR réaffirme son engagement : protéger les plus vulnérables et faire respecter le droit. Car derrière chaque bâtiment détruit, ce sont des vies humaines qui basculent.