Le 15 avril 2023, le Soudan sombrait dans un conflit dévastateur qui a choqué la communauté internationale. Deux ans plus tard, alors que les combats perdurent et que les souffrances humaines s’intensifient, la crise est tombée dans l’oubli. Dans un rapport publié récemment, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dresse un état des lieux glaçant : le conflit a déjà déraciné plus de 12 millions de personnes, provoqué des milliers de morts, et laissé une population entière dans une détresse indescriptible.

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En deux ans, plus de trois millions de personnes ont fui vers les pays voisins, tandis que le Soudan est désormais le pays comptant le plus grand nombre de déplacés internes au monde. Dans ce contexte de chaos, les recherches de proches portés disparus explosent : le CICR fait état d’une hausse de 66 % des demandes, avec près de 7 700 familles tentant de retrouver la trace d’un être cher. Ces chiffres vertigineux témoignent de la détérioration des conditions de vie, mais ils ne suffisent pas à traduire la réalité intime des familles soudanaises, confrontées chaque jour à l’incertitude, l’insécurité et l’angoisse.

Le système de santé soudanais, déjà fragilisé avant le conflit, est désormais au bord de l’effondrement. Selon les estimations, 70 à 80 % des structures médicales dans les zones touchées sont hors service. Ce vide sanitaire expose les populations à des accouchements sans assistance, prive les enfants de vaccins essentiels et laisse les malades sans traitement.

Cette défaillance a des conséquences particulièrement graves pour les victimes de violences sexuelles, un fléau désormais largement répandu dans les territoires dévastés par la guerre. Elles peinent à obtenir les soins médicaux et le soutien psychosocial dont elles ont cruellement besoin. L’absence de structures adaptées rend quasi impossible l’évaluation de l’ampleur du phénomène, mais les témoignages recueillis révèlent une brutalité systématique et profondément déshumanisante. Cette violence est à la fois une cause et une conséquence des déplacements forcés : certaines personnes ont fui après avoir été agressées, d’autres ont été prises pour cibles alors qu’elles tentaient de se mettre à l’abri des hostilités.

Lors d’une visite au Soudan, la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, a souligné que “cette crise humanitaire découle avant tout du non-respect des lois de la guerre. Les conséquences du conflit pourraient durer des décennies si aucune action n’est prise de toute urgence. » En mai 2023, les parties au conflit se sont engagées à respecter les principes du droit international humanitaire lors de la signature de la Déclaration de Djeddah. Pourtant, des attaques régulières contre des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles essentielles continuent d’entraver l’accès aux services de base.

Le CICR appelle les parties à respecter ces principes et à garantir un accès aux acteurs humanitaires, tels que le CICR et le Croissant-Rouge soudanais, afin d’apporter une aide vitale aux populations. Les civils soudanais ont déjà enduré de nombreuses souffrances pendant ces deux années, il est impératif de leur garantir un avenir plus sûr.