Port-Soudan (CICR) – Quinze mois après le début du conflit armé qui oppose les forces armées soudanaises aux Forces de soutien rapide, des millions de personnes sont privées de biens et de services essentiels tels que la nourriture, l’eau et les soins de santé. Près d’un quart de la population du pays a dû fuir, laissant derrière elle ses moyens de subsistance, tandis que les affrontements violents ont mis à rude épreuve les infrastructures civiles.
« La situation humanitaire dans des villes comme El Fasher, où les habitants sont pris au piège des combats depuis des mois, est critique », indique Pierre Dorbes, chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Soudan. « Certaines régions ne sont même plus joignables par téléphone, ce qui rend la conduite des opérations presque impossible. Dans le même temps, les volontaires du Croissant-Rouge soudanais poursuivent leur action dans tout le pays au péril de leur vie. »
Des millions de civils soudanais peinent à accéder aux ressources essentielles à leur survie, comme les points d’eau et les terres agricoles. Les combats et les déplacements ont empêché les agriculteurs d’effectuer leurs travaux de semailles. Pour cette raison et du fait de la hausse du prix des denrées alimentaires, d’innombrables familles ne mangent plus à leur faim.
Les règles du droit international humanitaire sont claires : les civils et les biens de caractère civil, y compris les infrastructures et les terres agricoles, doivent être protégés. Le CICR dialogue directement avec les parties au conflit pour leur rappeler leur obligation de veiller à ce que les personnes vivant sur le territoire qu’elles contrôlent puissent satisfaire à leurs besoins essentiels, notamment en nourriture et en eau.
Tout au long du premier semestre 2024, le CICR, souvent en partenariat avec le Croissant Rouge soudanais, a distribué des secours d’urgence et contribué à améliorer l’accès aux services essentiels. Les organisations humanitaires continuent toutefois de se heurter à des difficultés d’accès, liées notamment à l’insécurité croissante et à des obstacles administratifs, qui entravent leurs activités d’assistance.
« Ce que nous sommes parvenus à faire ces six derniers mois est bien peu de chose par rapport à l’ampleur des souffrances dont nous sommes témoins au quotidien », déclare M. Dorbes. « Les gens ont besoin de plus d’aide de toute urgence. Aussi nous appelons les parties au conflit à respecter les obligations que leur impose le droit international humanitaire, ainsi qu’à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour améliorer l’accès humanitaire. »
Entre janvier et juin 2024, le CICR, en étroite collaboration avec le Croissant-Rouge soudanais, a notamment :
- recueilli près d’un millier de demandes de recherches et plus de 445 allégations d’arrestation auprès de familles ayant perdu la trace de leurs proches, et soumis certaines de ces allégations aux parties ;
- aidé plus de 20 000 membres de familles séparées à rétablir le contact, principalement par téléphone, et répondu à près de 2500 appels sur sa ligne téléphonique d’assistance ;
- maintenu un dialogue bilatéral et confidentiel avec les parties au conflit pour leur rappeler les obligations qui leur incombent au titre du droit international humanitaire ;
- organisé des formations au droit de la guerre pour 1445 porteurs d’armes dans tout le pays ;
- fait don du matériel chirurgical nécessaire pour soigner des centaines de blessés graves à 12 hôpitaux situés près des lignes de front (dans les États de Kassala, d’Algadarif, de Sannar, du Nil, d’Al-Jazeera ainsi qu’au Darfour), et distribué des compléments alimentaires prêts à l’emploi à 28 centres de santé primaire à Kassala. L’équipe chirurgicale mobile du CICR a en outre pris en charge 85 blessés ;
- fourni des conseils techniques et un soutien matériel – notamment des sacs mortuaires et des équipements de protection individuelle – aux sections du Croissant-Rouge soudanais d’Algadarif, de Kassala, de Khartoum, du Darfour Nord et du Darfour Ouest, ainsi qu’à des structures médicales et des comités communautaires pour faciliter la récupération, l’enregistrement et l’inhumation provisoire des dépouilles ;
- distribué des vivres à plus de 56 000 personnes dans les États de Kassala, du Nil Bleu et d’Algadarif, ainsi que des articles ménagers de première nécessité à près de 4800 personnes au Darfour Ouest ; octroyé des subventions en espèces à 71 500 personnes dans les États de Kassala, du Nil Bleu, du Darfour Ouest et du Darfour Nord ; aidé le Croissant-Rouge soudanais à distribuer des articles ménagers de première nécessité à quelque 6000 personnes dans le Nil Blanc ;
- fourni 14 000 tonnes de sorgho, 28 000 tonnes d’arachides, 18 000 tonnes de graines de niébé améliorées et près de 7000 outils agricoles à environ 24 000 personnes dans les États de Kassala, d’Algadarif et du Nil Bleu, en collaboration avec le ministère de la Production et des Ressources économiques ;
- aidé plus de 400 000 personnes dans tout le pays à obtenir un meilleur accès à l’eau et à l’assainissement.
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