Le quotidien de Omar, sept ans, se résumait au travail au champ avec son grand frère en périphérie de Kaboul. La principale corvée était le ramassage du foin pour le bétail. Le 4 mai dernier, son destin bascule…

Omar se souvient vaguement de cet objet étrange parmi les herbes. Puis c’est le trou noir. Une explosion tue sur le coup son grand frère et blesse d’autres gamins. Omar perd une jambe droite et est gravement touché à l’abdomen.

Une menace permanente

Les mines ou les débris de guerre non explosés sont une menace permanente en Afghanistan, même longtemps après la fin des combats. Depuis août 2021, le CICR a constaté une recrudescence des victimes de ce fléau. Les enfants sont particulièrement touchés qu’ils marchent sur une mine terrestre ou soient attirés par une munition non explosée. Entre janvier 2022 et 2023, 1092 personnes ont été tuées ou blessées par des « débris de guerre. Parmi elles, pas moins de 640 enfants.

 Survivre au traumatisme

Le père de Omar se souvient du tragique 4 mai 2023 : « j’ai été informé par les autorités locales. Elle m’ont confirmé que l’un de mes fils avait été tué et que mon second, Omar était à l’hôpital, gravement blessés, raconte Wakeel, « Tout en organisant les obsèques de l’un, je veillais l’autre, couvert de blessures. »

Omar et son père au centre orthopédique du CICR à Kaboul – photo : Mohammad Masoud SAMIMI/ICRC

Omar a survécu puis a été pris en charge par le Centre orthopédique du CICR à Kaboul. Objectif : lui permettre de retrouver de l’autonomie et renouer avec l’avenir. « Mon fils aspirait, avant l’accident, à devenir médecin ou ingénieur. Malgré son handicap, je suis sûr que mon fils parviendra à surmonter les obstacles et arriver à ses fins », se console Wakeel.

Mohammad Dauowd, physiothérapeute au centre orthopédique s’occupe de Omar. Il sait tout de l’épreuve que subit l’enfant car lui-même a été mutilé par un engin explosif. 90% du personnel de cette structure CICR connaît le handicap. « Les enfants qui perdent des membres à cause d’explosions souffrent de traumatismes profonds », explique Mohammad. « En 1992, j’étais un jeune de 17 ans qui jouait au football avec mes amis lorsque j’ai été fauché par une munition non explosée. J’ai beaucoup souffert psychologiquement convaincu que mon avenir était définitivement compromis. Mais au fil des ans, je me suis reconstruit en aidant d’autres à se recontruire et en partageant avec eux des difficultés identiques.

Sensibilisation de la population : défi majeur

Si une dépollution totale des zones infestées apparaît toujours comme difficile car très coûteuse, l’information des populations demeure une priorité. Mohammad Naser Haidari, expert en déminage au CICR, explique : « Les zones utilisées autrefois comme bases militaires ou encore les anciens champs de batailles couvrant plus de 40 années exposent au quotidien des dizaines de milliers familles dans tout l’Afghanistan. Le CICR sensibilise depuis des années la population à ce fléau avec le concours du Croissant-Rouge afghans dont nous formons également les équipiers à l’information du public.  Nous soutenons également économiquement les familles des victimes. Ceci contribue à leur réinsertion. »