Le CICR et la Croix-Rouge norvégienne viennent de publier un rapport sur les conséquences humanitaires des effets conjoints du changement climatique et d’un conflit armé. Celui-ci s’inquiète particulièrement de la situation en Irak, Syrie et Yémen ; contextes sous-financés au regard de l’action climatique.
Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les conflits armés aggravent la situation des populations déjà fragilisées par des périls climatiques. Nombre d’entre elles ne peuvent s’appuyer sur des institutions nationales suffisantes pour absorber les deux fléaux. L’accès à l’eau potable, par exemple, est rendu encore plus difficile, idem pour les moyens de subsistances les plus essentiels. Ainsi se multiplient les effets sur la santé globale, tels que la malnutrition, les maladies transmises par l’eau souillée ou encore les pneumopathies.
Conflit armé et péril climatique, double fléau
« La mort, les blessures et la destruction sont les effets dévastateurs bien connus des conflits armés. Ce que l’on sait moins, ce sont les difficultés que les habitants endurent pour tenter de contrer les terribles effets conjugués des conflits, du changement climatique et de la dégradation de l’environnement », explique Fabrizio Carboni, directeur régional du CICR pour le Proche et le Moyen-Orient.
Urgence à prendre le climat en compte
Selon Anne Bergh, secrétaire générale de la Croix-Rouge norvégienne, « ce rapport souligne l’urgence qu’ont les décideurs politiques à prendre en compte les enjeux climatiques au Proche et au Moyen-Orient » ; région que des décennies de conflits armés ont déjà profondément affaiblies. « Aggravant la situation, les endroits les plus fragiles et les plus instables sont pratiquement tous sous-financés sous l’angle climatique. D’un point de vue humanitaire, il est urgent que cela change ».
L’illustration de l’Irak
Le rapport s’intéresse par exemple aux marais du sud de l’Irak, patrimoine mondial de l’Unesco, aussi appelés « Ahwar ». Ces régions marécageuses asséchées en représailles après la Première guerre du Golfe illustrent les défis humanitaires persistants trois décennies plus tard. Niveau et qualité de l’eau continuent d’être bien inférieurs, affectant tant l’agriculture que la biodiversité.
Découvrir le rapport « Making Adaptation Work » (en anglais)
La famille d’Abu Laith vit dans la région depuis des générations, près de la rivière. Les anciens se souviennent d’un cours au débit rapide. Aujourd’hui, quelque soit la saison, « ce n’est plus qu’un fossé ». La région a perdu l’essentiel de sa biodiversité. A cela s’ajoute la menace persistante des mines terrestres. Ce même sol renferme les restes de dizaines de milliers de soldats tués lors du conflit Iran/Irak des années 80.
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