Environ 15 % de la population yéménite, soit environ 4,5 millions de personnes, est en situation de handicap. Parmi eux, 460 500 ont besoin d’assistance pour se déplacer et 153 500 d’une prothèse ou d’une orthèse. Dans un Yémen embourbé dans des conflits sans fin et dont les terres sont jonchées de munitions non explosées, l’ouverture d’un centre de réadaptation physique à Sa’ada, dans le nord ouest du pays, apparait indispensable.

Pour Rowaida, qui a perdu une jambe en marchant sur une munition non explosée, recevoir une prothèse lui a permis de vivre un peu plus normalement : « j’ai repris goût à la vie. Maintenant je peux me déplacer comme j’en ai envie ».

Objectif : 5 000 personnes appareillées

Le nouveau centre de réadaptation physique vient renforcer les capacités d’une installation qui existait depuis 2017 et qui bénéficiait également du soutien du CICR.

L’ambition de cet établissement est d’appareiller 5 000 personnes chaque année en prothèses sur mesure (membres artificiels), en orthèses (soutien des membres existants qui ne fonctionnent pas pleinement) ainsi que de fournir des fauteuils roulants et des aides à la marche. Pour retrouver davantage d’autonomie et s’habituer à ces nouveaux appareils, les patients bénéficieront également de séances de physiothérapie.

Outre l’augmentation des capacités, le nouveau centre offrira la possibilité aux personnes vivant loin de Sa’ada de dormir sur place gratuitement. Un dortoir de 13 couchages a en effet été créé.

Retrouver un peu d’autonomie

Pour permettre aux personnes handicapées d’être totalement intégrées dans la société, certains patients recevront des aides pour lancer leur propre entreprise, suivre une formation professionnelle, participer à des événements sportifs ainsi qu’un soutien psychologique.

« La perte d’un membre peut souvent conduire à un sentiment de désespoir. Les centres de réadaptation physique comme celui-ci montrent qu’avec le soutien adéquat, les personnes handicapées peuvent retrouver leur indépendance et jouer un rôle actif dans la société », a déclaré Katharina Ritz, cheffe de la délégation du CICR au Yémen.

Préparer le futur

Dans un pays où le système de santé et l’éducation ont été affaiblis par des années de conflits, il y a aujourd’hui un manque significatif de professionnels qualifiés en réadaptation physique.

En 2018, le CICR et les autorités sanitaires concernées ont mis en place le premier programme de formation en prothèses et orthèses du Yémen, offrant un cursus de formation en quatre ans et un programme de mise à niveau de 18 mois. Actuellement, 26 étudiants suivent ces programmes.

Ce soutien à la formation vient compléter l’offre de bourses du CICR qui existe depuis 2004 afin d’aller étudier l’appareillage à l’étranger. Environ 3 étudiants par an reçoivent cette bourse.

Quelques chiffres :

  • Depuis le lancement des services de réadaptation physique à Sa’ada en 2017, le CICR a soutenu 12 990 personnes handicapées.
  • De 2017 à 2022, le CICR a fourni des services de réadaptation physique à 401 687 personnes au Yémen.
  • Le programme mondial de réadaptation physique du CICR a été créé en 1979 pour améliorer la qualité de vie des personnes handicapées physiques. Plus de 2 millions de personnes handicapées ont été traitées au cours des 40 dernières années.