Le 1er décembre prochain, la vente aux enchères de l’autoportrait « Jaune rose » de Max Beckmann (1884-1950) pourrait battre des records. Au-delà même des 20 millions d’euros selon les experts ! Pour nous, l’autoportrait de l’infirmier Croix-Rouge en 1915, reste le plus puissant…

Le regard perce, presque transperce. La main trace à la craie sombre, semble hésiter. La Croix-Rouge sur col kaki renseigne sur la période. Max Beckmann crée son autoportrait en infirmier de la Wermacht. Il a alors 31 ans. Nous sommes en 1915. Le peintre expressionniste allemand a dit un jour que cette année vit la bascule de sa peinture et de sa façon de voir le monde. L’infirmier volontaire sombrera, quelques temps après cette œuvre dans une profonde dépression. Elle le rendra à la civile.

Le traumatisme de la Première Guerre mondiale…

Après avoir servi en Prusse orientale puis dans les Flandres, été témoin des premières attaques aux gaz de combat à Ypres (Belgique), Beckmann a travaillé dans les hôpitaux allemands de l’avant, dans les blocs opératoires. A chaque temps de repos, il a croqué avec force les blessures que les chirurgiens tentent de réparer.

A travers trois autoportraits réalisés en 1907, 1915 et 1919, on mesure le traumatisme subit par Beckmann ; du dandy au noctambule semblant revenu de tout.

…et de la Deuxième

Pas de repos pour Beckmann. 1938, le discours d’Hitler sur l’art, comme s’inaugure à Munich l’exposition sur l’Art dégénéré, le livre à la vindicte. Beckmann y a six toiles exposées. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le peintre de la « Nouvelle objectivité« , se fait oublier aux Pays-Bas. Il rejoint ensuite les Etats-Unis en 1947 où il enseignera à Washington puis à New-York. Il y mourra en 1950 à 66 ans.