L’hiver s’installe et s’annonce en Afghanistan pire que les années précédentes. Pire car la pauvreté conjuguée au froid font exploser les cas de pneumonie, particulièrement chez les enfants que des mois de malnutrition ont rendu très vulnérables. Le CICR le constate dans les dizaines d’hôpitaux qu’il soutient.
Les 33 hôpitaux soutenus par le CICR à travers le pays enregistrent une hausse de 90% du nombre de cas de malnutrition infantile par rapport à l’an passé : plus de 63 000 cas par jour contre 33 000 en 2021. L’hôpital pédiatrique Indira Ghandi, à Kaboul, soutenu par le CICR, recense 55% d’augmentation de cas de pneumonie chez les moins de 5 ans.
Recrudescence des pneumonies infantiles
« Le taux de pauvreté a explosé cette année en Afghanistan. La plupart des gens n’ont pas les moyens d’acheter de quoi se chauffer, protéger leurs enfants du froid et les nourrir correctement. Ceci explique la flambée des cas de malnutrition et de pneumonie actuels », explique le Dr Abdul Qayum Azeemi, en charge des programmes CICR à l’hôpital Indira Ghandi, à Kaboul.
L’insécurité alimentaire
Si l’intensité des combats a considérablement diminué, la situation humanitaire en Afghanistan demeure pour autant très préoccupante. Plus de la moitié de la population, soit 24 millions de personnes, dépend d’une assistance humanitaire. On estime que 20 millions d’entre elles sont en situation d’insécurité alimentaire.
Une économie au bord de l’effondrement
La crise économique, majorée par les sanctions internationales et les conséquences du conflit entre la Russie et l’Ukraine condamnent des millions d’Afghans à l’incapacité de subvenir à leurs besoins essentiels. Les prix du blé, de l’huile de cuisine et de l’engrais se sont envolés ces derniers mois. Une part importante de la population a perdu ses sources de revenus et dépensé ses dernières économies. A cela sont venues s’ajouter les conséquences du changement climatique alternant entre inondations dévastatrices et longues périodes de sécheresse. Toute l’agriculture s’en ressent, sans oublier les tremblements de terre.
Relancer l’aide internationale humanitaire à l’Afghanistan
« Les familles afghanes sont confrontées à un terrible dilemme : se nourrir ou se chauffer. La plupart ne peuvent en fait se permettre ni l’un ni l’autre», relève Martin Schüepp, directeur des opérations du CICR, en mission cette semaine en Afghanistan. « L’ampleur des besoins est telle que les organisations humanitaires ne peuvent y répondre à elles seules. C’est pourquoi nous demandons instamment aux États et aux organismes de développement de revenir en Afghanistan pour porter secours aux millions d’Afghans en situation de grande détresse. »
Le CICR impliqué dans la santé de 26 millions d’afghans
Le CICR en Afghanistan fournit une assistance vitale à près de la moitié du population. Par exemple à travers le soutien de 33 hôpitaux totalisant 7 000 lits, l’achat des fournitures médicales, la prise en charge des frais de fonctionnement et le paiement des salaires de quelque 10 500 professionnels de la santé, dont un tiers de femmes. Cette couverture médicale à l’échelle de tout le pays assure les besoins de 26 millions de personnes. A cela s’ajoute le soutien de 46 centres de santé primaires et un d’hôpital gérés par le Croissant-Rouge afghan.
Reconstruire un système de santé
« Le personnel médical fait montre d’un engagement et d’un courage admirables. Pour autant, les humanitaires ne sauront remplacer le secteur public. Il convient donc que de reconstruire celui-ci avec un soutien de la communauté internationale à la mesure de cet enjeu », conclut Martin Schüepp.
Commentaires