Le changement climatique n’est pas une menace lointaine. Il touche d’ores et déjà terriblement les populations vulnérables à travers le monde. En particulier, le dérèglement climatique a des conséquences dévastatrices pour les personnes vivant dans des situations de conflit et pour celles qui n’ont pas accès aux soins de santé de base.
Collaboration étroite entre Médecins Sans Frontières (MSF) et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge pour tenter d’apporter des solutions aux conséquences du changement climatique ; particulièrement en faveur des populations affectées par les conflits armés et les urgences sanitaires.
Parmi les 25 pays considérés comme les plus vulnérables et les moins prêts à s’adapter au dérèglement climatique, 14 sont en situation de conflits armés. Dans bon nombre d’entre eux, les populations sont privées de soins de santé de base. Lorsque des chocs climatiques frappent des pays ayant un accès limité à la nourriture ainsi que des ressources hydriques et économiques restreintes, la vie, la santé et les moyens de subsistance des personnes sont mis en péril.
Des dérèglements climatiques qui renforcent la vulnérabilité des populations
La Somalie a été touchée par un cycle irrégulier de sécheresses et d’inondations au cours des dernières années, exacerbant une situation humanitaire déjà tendue, aggravée par trois décennies de conflit armé. La population dispose d’un temps limité pour s’adapter, en raison de la fréquence et de la gravité des chocs.
Les organisations humanitaires se sont également mobilisées pour répondre aux conséquences des inondations au Soudan du Sud et à travers le Sahel, des cyclones dévastateurs à Madagascar et au Mozambique, ou encore de la terrible sécheresse dans la Corne de l’Afrique. La crise climatique amplifie les crises sanitaires et humanitaires.
En tant qu’acteurs humanitaires, nous sommes alarmés par la réalité actuelle et par les projections pour l’avenir. Nous observons des sécheresses, des invasions d’insectes et l’évolution des régimes de pluies qui peuvent mettre à mal la production alimentaire et les moyens de survie des populations. Nous observons des événements climatiques plus extrêmes et plus puissants, comme des cyclones, qui détruisent des infrastructures sanitaires essentielles. Nous observons l’évolution de maladies mortelles telles que le paludisme, la dengue et le choléra. Le conflit et la violence amplifient le besoin d’aide médicale d’urgence, tout en limitant la capacité des structures de santé.
Déjà plus 1,2 degré par rapport à l’ère pré-industrielle
Toutes ces situations se produisent dans un monde qui s’est réchauffé d’1,2 degré par rapport à l’ère pré-industrielle, tandis que nous sommes témoins du très lourd tribut payé par les plus vulnérables de la planète pour un problème largement causé par les pays les plus riches. Le réchauffement encore attendu aura des répercussions désastreuses à moins que des mesures ambitieuses d’atténuation soient prises de toute urgence et qu’un soutien approprié soit déployé au profit des personnes et des pays les plus touchés pour leur permettre de s’adapter aux risques climatiques croissants.
« Aujourd’hui, les besoins dépassent déjà la capacité à y répondre. Il s’agit d’une crise de solidarité, et elle ouvre désormais la voie à une crise de moralité. Le monde ne peut pas abandonner ces personnes qui subissent les conséquences les plus effroyables », explique Stephen Cornish, directeur général de MSF Suisse.
Des engagements non respectés en faveur des pays les moins avancés
Le soutien technique et financier doit parvenir aux personnes qui en ont le plus besoin, or il n’est pas fourni à une échelle requise. L’engagement pris au titre de l’Accord de Paris d’intensifier le soutien apporté aux pays les moins avancés ne reconnaît pas que bon nombre d’entre eux sont également touchés par un conflit et qu’il conviendrait de leur accorder la priorité. À ce jour, les promesses de réduction des émissions de dioxyde de carbone et de soutien aux pays victimes des plus lourds impacts n’ont pas été tenues.
Nous constatons les graves effets conjugués de l’accroissement des risques climatiques et des conflits armés, de l’Afghanistan à la Somalie, du Mali au Yémen. Dans ces pays, notre action consiste à aider les populations à affronter la crise climatique. Mais les acteurs humanitaires ne peuvent pas relever seuls la multitude des défis posés. Sans soutien politique et financier déterminé en direction des pays les plus fragiles, la souffrance ne fera qu’empirer », a déclaré Robert Mardini, directeur général du CICR.
Nous exhortons les dirigeants du monde à respecter leurs engagements en vertu de l’Accord de Paris et de l’Agenda 2030 et à garantir aux personnes vulnérables et touchées par un conflit un soutien approprié les aidant à s’adapter à un climat en mutation. Nous devons collectivement trouver des solutions et assurer l’accès à un financement climatique adéquat dans les environnements complexes. Il n’est pas envisageable d’abandonner ces personnes à leur sort.
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