64 000 personnes sont portées disparues en Afrique. Ce chiffre est le dessus d’un iceberg bien plus important. Il correspond en fait aux cas de recherche déclarés au CICR par des personnes, familles essentiellement, à la recherche d’information de proches portés disparus. Parmi ces 64 000 cas, 40% concernent des mineurs, soit plus de 25000.
L’Afrique est aujourd’hui confrontée à plus de 35 conflits armés actifs. Chaque année, fuyant la violence, des milliers de personnes osent la traversée des frontières, du désert et de la mer avec l’espoir de connaître une vie meilleure et plus sûre. Ces énormes mouvements de population demeurent dangereux, tant les routes de l’exil sont à tout point de vue hostiles et inhospitalières. Beaucoup y risquent leur vie, certains se retrouvent dans l’incapacité de garder le contact et rejoignent, nourrissant ainsi le drame silencieux des familles, la catégorie statistique de « personne portée disparue / Missing ». Au fil des ans, les cas documentés ne cessent de croître.
Les enfants parmi les plus vulnérables
Les enfant non accompagnés (ENA) demeurent particulièrement vulnérables sur les routes d’exil ou d’exode. Ils courent des risques tels que l’exploitation, la violence, la détresse psychologique ou encore la disparition. Beaucoup se retrouvent livrés à eux-mêmes, condamnés à « grandir » sans famille et à inscrire leur enfance et adolescence dans un quotidien de survie. Le CICR compte plus de 5200 de ces cas documentés en Afrique.
Après quatre ans, les retrouvailles…
Les parents d’Amina ont été tués lors de l’attaque de leur village au Mali. La gamine a réussi à fuir au Niger voisin avec son petit frère. Après quatre ans de séparation et presque autant de recherche, le CICR a réussi à localiser la tante des deux enfants.
« Quand j’ai vu sa photo, mon cœur s’est rempli de joie. Je n’avais plus de nouvelles d’elle depuis trois ou quatre ans. Je remercie Dieu de cette remise en contact et attends avec impatience le jour où nous serons enfin réunies », raconte Amina après avoir parlé avec sa tante au téléphone.
La nécessité de mieux échanger les informations entre Etats
Afin de prévenir les disparitions de façon plus coordonnée et efficace, le CICR et l’Union Africaine ont réuni le 30 août dernier à Addis-Abeba une conférence de haut niveau réunissant des représentants de tous les Etats d’Afrique. L’objectif : promouvoir une approche cohérente et efficace parmi les États africains, permettant de prévenir les disparitions et de mieux informer les familles sur le sort des personnes disparues.
Espoir ténu et deuil impossible
« De meilleures politiques permettraient de résoudre plus de cas et de sauver des vies. C’est une étape essentielle si l’on veut protéger les migrants et les familles de personnes portées disparues. C’est une question d’humanité et de dignité, explique Patrick Youssef, directeur régional du CICR pour l’Afrique. « Les familles de personnes portées disparues sont confrontées à des obstacles et à une immense douleur qui transcendent souvent les générations. Elles vivent dans l’incertitude, incapables d’envisager l’avenir, contraintes par un deuil, obsédé par l’espoir ténu de retrouver enfin son enfant ou son parent. »
Des chiffres éloquents
En 2021, en partenariat avec les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le CICR a permis de localiser et d’élucider le sort de 4200 personnes. 1200 retrouvailles familales ont pu être organisées dans tout le continent. A cela s’ajoute l’organisation de plus de 773 000 appels téléphoniques ou vidéo entre membres de familles séparées par un conflit armé ou une situation de violence, sans oublier les migrants ou encore nombre de détenus…
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